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Tlemcen: Survivant du sinistre bastion 18, tout a commencé par un cahier d'écolier



Plus d'un demi-siècle après la fin de la guerre d'Algérie, des livres sur cette guerre coloniale, son avant et son après, continuent d'être publiés.Dans son livre «Survivant du sinistre bastion 18», Konouz éditions, qui vient tout juste de paraître, Abdesselam Tabet Aouel, s'oblige avec une impérieuse exigence de repérage et de classement de faits et évènements, non seulement d'informer mais aussi de communiquer à l'aide d'idées avec son lecteur qu'il invite d'emblée à y trouver un certain intérêt, préférant l'autobiographie qui lui permet d'ouvrir largement son c?ur, parlant de tout et à tous. En préambule de ce livre, l'auteur (né le 03 août 1942) écrit : «Lorsqu'en 1962, au lendemain de notre indépendance, j'avais porté par écrit quelques éléments de mémoire sur un cahier d'écolier, j'étais loin de penser qu'un jour j'allais les reprendre pour les besoins d'un témoignage. Le 02 mai 2002, à l'occasion de la journée-retrouvailles que notre association Ecolymet organise chaque année, cédant à l'insistance de quelques amis, j'avais accepté de faire un témoignage sur la torture, témoignage que j'avais porté à la connaissance de la journaliste du quotidien Le Monde, Florence Baugé, lors de son passage à Tlemcen durant lequel, sur sa demande, je l'avais accompagnée pour un reportage sur le lieu où Jacques Chirac avait passé son service militaire, près de Souk Larbaâ, elle en fut bouleversée et me conseilla d'en faire un livre. Ce travail de et sur la mémoire requiert une grande fidélité aux faits, et les replacer dans leur contexte, notamment ceux ayant trait à mon arrestation, la torture et le camp de concentration avec leurs cortèges de crainte, de doute, d'inquiétude, de peur, d'angoisse, de faiblesse et de désespoir, tempérés parfois par le calme, la confiance, l'espoir, la foi, le courage et la volonté de survivre à l'enfer, ce travail donc exige une grande rigueur dans l'évocation des souvenirs malgré le temps passé et les stigmates qui persistent. Je voulus, dans un premier temps, réaliser un roman mais dès les premiers paragraphes, j'abandonnai ce choix qui ne rendait pas à mon sens toute la teneur du récit. Aussi, optai-je pour une forme d'autobiographie avec des détails non exhaustifs de ma vie, qui m'ont semblé significatifs pour montrer, entre autres, comment du fait de facteurs multiples et parfois en apparence insignifiants dus à un environnement propice et fécond, l'éveil à la conscience nationale et au devoir patriotique m'avait amené, encore adolescent, à l'instar des générations d'Algériens jeunes et moins jeunes, à me trouver pris dans le formidable courant du combat pour l'indépendance, en réaction aux conditions de vie imposées par le système colonial et porté par une foi inébranlable en l'issue victorieuse de notre lutte». Abdesselam qui prit part aux manifestations historiques de janvier 1956 à Tlemcen pour dénoncer le révoltant assassinat du docteur Benzerdjeb par la police coloniale, parle de son enfance mouvementée, de ses années scolaires, de l'attaque du mess (1956), de l'arrestation et l'assassinat de son frère Touhami (1957), des massacres du 04 juin 1957, de ses tortures à l'âge de 16 ans et demi, du camp de concentration, du système répressif colonialiste français, des exactions, des brimades, des souffrances physiques et psychologiques, des insultes et humiliations subies de la part des services colonialistes, du camp de concentration de Sidi Zaher à la frontière algéro-marocaine (1959), des manifestations de décembre 1960 contre la tournée de De Gaulle, des excellents souvenirs de beaucoup de Français et Françaises qui furent ses voisins, ses camarades de classe, ses professeurs, ses amis, des désagréments causés par certains Juifs et de la libération. Dans sa préface de ce livre, le fidaî Selka Khaled (condamné à mort et ancien détenu au camp de Lambèse), débute son commentaire par une citation de George Sand in «histoire de ma vie» : « Qu'aucun de ceux qui m'ont fait du mal ne s'effraie. Je ne me souviens pas d'eux. Qu'aucun amateur de scandale ne se réjouisse. Je n'écris pas pour lui». Encensant l'argumentation, la narration, l'attraction et la représentation exacte des faits et des commentaires contenus ou évoqués dans cet ouvrage de 269 pages, M. Selka conclut sa préface en écrivant : «Enfin par nécessité mystique et puisque la lutte semble continuer, voici de nouveau une responsabilité qui s'enclenche dans une volonté de l'affirmation de soi distanciée à la lumière de l'expérience et qui s'assume au sein de l'Ecolymet dans la durée et l'accumulation des tâches et des projets sans fin pour transmettre des valeurs renvoyant à la culture et l'éducation qui appartiennent à l'auteur. Le corps un temps stigmatisé renoue avec l'âme éternelle».


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