Tlemcen - Cinéma, Ciné-clubs, Cinémathèques



Documentaire - 52 min

Réalisateur : Louiza Benrezzak

2015



Résumé



« Le dernier voyage ». On l’appelle ainsi, sans se rendre compte que quotidiennement de nombreux corps parcourent des centaines de kilomètres par avion ou par bateau. Pour les immigrés décédés, le retour au pays se fait par coutume, ou par la volonté du défunt que les proches s'efforceront de respecter. Qu’en est-il pour leurs enfants nés en France ?



Très jeune déjà, née en France en Haute-Marne de parents algériens, je me pose la question qui, au-delà de la mort, est aussi celle de mon identité : sur quelle terre vais je choisir de me faire enterrer ? Quel bout de terre m’accueillera ?



Pour tenter de répondre à ces questions, je décide de « mourir » et d’accompagner fictivement mon corps vers sa dernière demeure, dans ce qui pourrait être un parcours semé d’embûches et de situations parfois étonnantes. Terre Mère explore les options, du cimetière de Chaumont au carré familial de Béni-Saf, interroge différentes générations d'immigrés, ou encore, rencontre des voyagistes un peu particuliers. À la recherche de la terre où, in fine, le corps pourra enfin reposer.



Bienvenu dans ce que sera les funérailles fictives d'une jeune francaise d'origine algérienne !



Le contexte



Chaque année, les corps de milliers d’immigrés maghrébins défunts quittent la France et sont rapatriés au bled, pour être enterrés dans leur terre natale.

Il s’agit à la fois d’un retour culturel vers la terre des ancêtres, et religieux, pour reposer dans une terre consacrée à l’Islam.



Ces rapatriements de corps sont gérés par des entreprises un peu particulières, spécialisées dans les pompes funèbres musulmanes qui s’occupent de l’ensemble des formalités administratives, douanières et sanitaires.



Mais cet enterrement au bled peut aussi provenir d’un choix par défaut, car rares sont les cimetières en France disposant d’un carré musulman. Et quoi qu’il en soit, il est impossible de se faire enterrer en France, à même la terre, uniquement enveloppé d’un linceul : le cercueil est obligatoire.

C’est dans ce contexte qu’a été inauguré à Strasbourg au début de l’année 2012 le premier, et unique à ce jour, cimetière musulman public de France.



Le choix du lieu de sépulture fait-il partie des interrogations des fils et petits-fils d’immigrés, nés en France ?



Une enquête menée à partir de ma propre dépouille…



Le film tentera de répondre à ces questions existentielles et sociétales en allant à la rencontre à la fois des personnels de pompes funèbres musulmanes, de responsables administratifs et religieux, mais aussi de personnes issues de l'immigration.



Pour mener mon enquête, j’ai ainsi décidé de « mourir » et de mettre en situation ma propre disparition. Le film suivra le voyage de mon corps défunt, en cette touche d’humour vécue pendant mes repérages.

Avec une entrée en matière quelque peu cocasse, voire loufoque, mais menée avec sérieux et respect, je tenterai dans un premier temps de m’expédier en Algérie, là où reposent mes arrière-grands-parents, mes grands-parents, ma mère et là où mon père les rejoindra. Le trajet de ma dépouille fictive sera alimenté par des rencontres avec des interlocuteurs liés de près ou de loin à cette pratique de renvoi des corps et des questions afférentes.

Nous découvrirons le business des entreprises de pompes funèbres spécialisées dans le voyage des corps, l’embaumement, le transit en soute, les différentes formalités administratives…

Mais il me faudra aussi explorer la possibilité que mon corps reste en France, mon pays natal.

J’irai alors à la rencontre de responsables de mosquées, de gardiens de cimetières qui en France sont considérés comme des espaces laïcs. Il existerait environ 200 carrés musulmans en France.



A Strasbourg, en terre concordataire, la problématique du « mourir ici » des immigrés semble en partie réglée. Pour tous ceux qui veulent observer le rite musulman lors de leur décès, la création d'un cimetière public musulman a eu lieu en février 2012. La société apporte une réponse possible aux gens qui me ressemblent et pour ceux qui se posent la question du lieu de sépulture.



Ce voyage sera entrecoupé de rencontres et d’échanges avec des personnes dans ma situation : nés en France et de parents étrangers. Ce sont des amis que j’ai connus à la fin de mon adolescence, lorsque j’ai quitté Chaumont pour aller étudier et travailler à Dijon. La plupart y résident encore.



A travers le fil conducteur de cette expérience pourtant excitante de me promener avec un cercueil/linceul/urne fictif(e) sans avoir décidé de sa destination finale, le point que je souhaite traiter avec application est celui de l'identité, du lien intergénérationnel et de la transmission. Pour les aînés, la mort projetée dans le pays natal peut s’expliquer - attachement au pays d’origine mystifié avec cet éternel « retour » jamais opéré. Mais comment aborder alors l’attitude des enfants d’immigrés face au choix du lieu de leur dernière demeure ?
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