Tlemcen - Tariqa Aissaouia

Tariqa Aissawa (Aissaouia) à Tlemcen, adeptes venus de Mostaganem



Tariqa Aissawa (Aissaouia) à Tlemcen, adeptes venus de Mostaganem


De nombreuses recherches antérieures et contemporaines se sont intéressées aux Aïssâwa, cette confrérie semble présenter un intérêt particulier dans la perspective d’une étude des contours du religieux dans les sociétés musulmanes. Les écrits antérieurs sur la confrérie sont en langue française et en langue arabe. Les premiers écrits arabes concernant les Aïssâwa sont des recueils biographiques et hagiographiques rédigés entre le xive et le xve siècle par les biographes marocains comme Al-Ghazali, Ibn ‘Askar, Al-Fassi, Al-Mahdi et Al-Kettani. Ces textes, qui peuvent être manuscrits ou imprimés, nous informent d’une part de la filiation généalogique et spirituelle du fondateur de l’ordre, et, d’autre part, relatent les innombrables prodiges supposés avoir été réalisés par lui au bénéfice de ses sympathisants. Les auteurs arabes contemporains qui ont étudié le sujet sont Daoui, Al-Malhouni et Aïssâwî, qui n’est autre que le mezwâr actuel de la confrérie. Ceux-ci s’appliquent à resituer l’ordre religieux dans la tradition culturelle et religieuse du Maroc par l’étude de la biographie du fondateur, de sa doctrine spirituelle et des textes poétiques et liturgiques. Les premiers écrits français sur les Aïssâwa apparaissent dès la fin du xixe siècle à la suite de l’installation de l’administration coloniale au Maghreb. La plupart des auteurs (à la fois des anthropologues et des sociologues) de cette époque sont Français. Citons Pierre-Jacques André, Alfred Bel, René Brunel, Octave Depont et Xavier Coppolani, Émile Dermenghem, Edmond Doutté, George Drague, Roger le Tourneau, louis Rinn (chef du Service Central des Affaires indigènes au Gouvernement Général en Algérie à la fin du xixe siècle), Louis Massignon et Edouard Michaux-Bellaire. Ces trois derniers auteurs furent des officiers militaires de la Mission Scientifique de l’Administration des Affaires Indigènes et leurs écrits sont publiés dans les Archives marocaines et la Revue du Monde musulman. Parmi tous ces auteurs français, notons la présence d’un anthropologue finnois, Edward Westermarck, dont les différents ouvrages se consacrent à l’analyse du système de croyance et des rituels sociaux marocains. Hormis ces auteurs à l’approche scientifique, au Maroc et Algérie (il n’existe, depuis cette époque et jusqu’à ce jour, aucune étude consacrée aux Aïssâwa de Tunisie), les pratiques rituelles des Aïssâwa attirent l’attention et troublent considérablement les observateurs occidentaux dès le début du xixe siècle. La confrérie est évoquée ici et là dans des ouvrages médicaux, des monographies, des livres scolaires, des peintures, des essais ou des récits de voyages. Ces différents écrits nous transmettent des textes au style toujours passionnel où le mépris pour ce type de religiosité est récurrent. La dimension spirituelle de la confrérie des Aïssâwa n’est à cette époque jamais abordée, sauf par Émile Dermenghem dans Le Culte des Saints dans l'islam Maghrébin (1951). Rappelons que ces textes d’alors ne peuvent que très rarement être neutres. En attribuant un cachet non musulman et archaïque à certaines confréries (comme les Aïssâwa mais aussi les Hamadcha et les Gnaoua), ces écrits légitiment d’une façon ou d’une autre les prérogatives françaises sur le Maghreb. Une exception notable est Artaud, pour qui ils représentent au contraire un idéal à atteindre : dans Le Théâtre et son double, il appelle de ses vœux "un théâtre qui produise des transes, comme les danses de Derviches et d'Aïssaouas [sic] produisent des transes" ("En finir avec les chefs-d'œuvre").

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