Tlemcen - Souani

Souani (Tlemcen), la mal-aimée



Peuplée d’un peu plus de dix mille habitants, la commune de Souani, dans la daïra de Bab El Assa (20 km de Maghnia), endosse, malgré elle, une réputation qui n’est pas la sienne.

Sa proximité avec le territoire chérifien fait d’elle, par la force des anathèmes, une agglomération suspecte aux yeux des esprits rétrogrades. Et les autochtones en pâtissent moralement. Pourtant, Achache, comme appelée depuis la nuit des temps, est une commune vouée à l’agriculture et au pastoralisme. Sa population, jeune, s’affaire tant bien que mal à sortir des sentiers battus, en dépit du chômage « Les préjugés ont la peau dure, on nous traite tous de contrebandiers, alors que c’est faux », s’insurgent des jeunes attablés sur la terrasse d’un café, à l’entrée du village. A y voir plus clair, les pouvoirs publics n’ont pas apporté beaucoup de choses à ces humbles gens. Des projets qui seraient dissuasifs pour les jeunes tentés par des activités interdites. « Quelle alternative l’Etat nous a proposés avant de nous jeter toutes sortes de calomnies ? Depuis qu’on existe, seule une minoterie a été érigée dans notre région, un projet monté grâce à la détermination et les fonds de ses propriétaires », ajoutent nos interlocuteurs. La minoterie, Les Moulins de Souani, une entreprise familiale, bien qu’elle ait sorti, quelque peu, le village de son anonymat grâce à son label, ne peut échapper, elle aussi, à toutes sortes d’accusations. Créée en 1999, la Sarl, qui occupe 50 000 mètres carrés dont 20 000 couverts, emploie plus de 60 personnes. Grâce à son choix approprié d’emballage en contenance variée et un stockage conforme aux normes nationales, sa farine a confirmé sa place méritée sur le marché algérien.

Des milliards engloutis

Un des responsables, Mohamed Belarouci, serein, ne peut s’empêcher pourtant de se plaindre « l’OAIC nous a inexplicablement stoppé l’approvisionnement de la matière première, depuis le mois de mai 2005. Nous avons exprimé nos préoccupations et nos doléances mais en vain. Ce qui nous a poussé à recourir à l’importation. » 90% de la production de la minoterie sont destinés aux boulangeries de l’ouest algérien, les 10% restant vont aux dépositaires. Mais, ce qui fait atrocement mal aux propriétaires, c’est ce semblant de reproche inhérent à la situation géographique de l’usine. « Ce n’est pas de notre faute si Souani est une région frontalière ; jusqu’à preuve du contraire, nous sommes en territoire algérien et fréquemment soumis aux contrôles de différents services. Doit-on fermer la société parce qu’on est à quelques kilomètres du Maroc ? Doit-on mettre les jeunes au chômage pour faire plaisir aux brebis galeuses ? » s’interroge Mustapha, un des patrons. « Nous sommes des Algériens et nous activons le plus légalement du monde dans notre pays », conclue-t-il. Souani, c’est aussi son barrage, ou plus exactement son fantôme qui a dénaturé l’agglomération. Un projet jamais réalisé, malgré les milliards engloutis. En descendant un peu plus bas, deux kilomètres plus loin, Sidi Boudjenane se pointe : des maisons démesurées, ses épiceries bien achalandées, ses routes poussiéreuses. Une véritable désolation. Achachera, la decheraune bourgade, paisible mais se caractérisant par sa torpeur, comme tous les bourgs de la commune. « Nous ne voulons que travailler. Quant aux étiquettes qu’on nous colle, nous n’en avons que faire et ce n’est pas pour cette méchanceté qu’on va changer de nationalité ou nous exiler. Nous sommes des Algériens nationalistes et fiers de l’être », clament dignement les citoyens.





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