Tlemcen - Ibrahim Ben Mohammed El-Masmoudy

Sidi Brahim al Masmoudi dit Ibrahim ben Mohammed El-Masmoudy (269)


Sidi Brahim al Masmoudi dit Ibrahim ben Mohammed El-Masmoudy (269)
C'est le docte et pieux cheikh, le saint, l'ascète Abou Ishaq,
l'un des maîtres de l'imam Ibn Merzouq qui a consacré à sa biographie
un ouvrage spécial.
Voici comment s'exprime Ibn Saad, dans son livre intitulé :
« l’Astre resplendissant », en parlant de ce cheikh :
« Cet ouali (ami de Dieu), dit-il, a été l'un de ces mortels qui,dès leur enfance, ont reçu la sainteté en partage et qui ontoccupé un rang élevé par l'éminence de leur savoir et de leurdévotion. Il a été l'objet d'une notice biographique de la part duprofesseur de nos maîtres, l'imam Ibn Merzouq. Dans l'un deses ouvrages, celui-ci dit, en elïet : « Parmi les maîtres dontl'enseignement et les paroles m'ont été les plus utiles, je citeraile cheikh, le saint imam, le docteur accompli, l'érudit professeur,le coryphée des hommes pieux et dévots de son siècle, l'auteur de miracles fameux, celui dont les actes de piété sont célèbres,dont la sainteté est reconnue de tout le monde et dont les prières étaient toujours exaucée.

« Il appartenait à une tribu sanhadjienne établie dans le Maghrib,près de Méquinez : c'est là qu'il vint au monde et qu'il fut élevé. Devenu grand, il se montra avide de la science et alla faire ses études à Fez, sous la direction des plus illustres professeurs, tels que le cheikh et imam, le porte-enseigne de la jurisprudence dans* son siècle, Mouça El-Abdoucy (270), et le cheikh, le célèbre imam Mohammed El-Aboly (271). Il fréquenta aussi les leçons du cheikh et imam, le chérif des savants, Abou Abdallah Ech-Cherif Et-Tlemcèny (272). Après la mort de ce professeur,
il vint se fixer à Tlemcen et se logea dans la Medersa Et-Tachefiniya (273). C'est dans cet établissement qu'il suivit les cours du très docte cheikh, le sceau qui clôt la série des cadis équitables de Tlemcen, sidi Saïd El-Oqbany. Puis il se retira dans sa maison, qui est bien connue, et il ne cessa de s'appliquer à l'étude, à la pratique de ses devoirs religieux et à la méditation assidue de la loi divine ; c'est ainsi qu'il atteignit les dernières limites de la perfection dans les voies de la piété, de la mortification des sens, et du sacrifice. « Adonné à la pratique du bien, il suivait en toute chose la ligne de conduite suivie par les hommes vertueux des temps passés.
« Voici encore ce qui a été raconté par un homme vertueux,
l'un des amis du cheikh Ibrahim El-Masmoudy dit: « Je me trouvai, dit-il, assis en sa compagnie et dans sa maison, et nous étions seuls. Il était occupé à lire le Coran et tenait à la main une baguette avec laquelle il frappait un coup, pour indiquer où il fallait s'arrêter et faire la pause, comme font les maîtres de lecture coranique. En voyant ces gestes, je me dis en moi-même :
Pourquoi donc Irappe-t-il ainsi ? Y aurait-il ici quelque djinn (génie) qui apprendrait devant lui â lire le Coran ? A peine cette idée avait-elle traversé mon esprit, qu'il me dit : « Sache, Mohammed,
qu'il y a des cheikhs auprès desquels les djinn apprennent à psalmodier le Coran. »
C'était l'homme le plus désireux de s'entretenir et de discuter avec ceux qui faisaient profession de science ; aussi n'entendait-il jamais parler de quelqu'un jouissant d'une grande autorité scientifique ou versé spécialement dans une branche quelconque de la science sans aller le trouver et s'entretenir avec lui. Nul, parmi les savants de son siècle, ne connaissait mieux que lui l'histoire des hommes pieux des temps passés, et celle des savants tant anciens que modernes. Que Dieu, selon qu'il l'a promis à ceux qui se vouent à son service, le récompense de tous les soucis qui ont accablé son esprit ! « Il fit de nombreux miracles. Voici ce que son plus grand ami, le vertueux cheikh Abou Abdallah ben Djamil, m'a raconté à ce sujet : « Il se présenta à moi, dit-il, un cas juridique où je fus empêché d'adopter la jurisprudence universellement suivie
en pareille circonstance, et obligé de faire ce que cette jurisprudence condamnait. M'étant mis à faire des recherches, je finis par trouver que ce que je voulais faire m'était permis par les deux docteurs : Asbagh et Ibn-Habib (274), et je suivis leur avis.
Après cela, j'allai faire une visite à ma mère, et pendant le trajet
je tombai sur une pierre. Celte chute m'occasionna de vives douleurs
et je crus que mes souffrances étaient une punition que le
Ciel m'infligeait pour avoir contrevenu à la jurisprudence habituelle.
Puis, n'ayant fait part à personne de ce qui m'était arrivé,
j'allai, pendant que j'étais encore souffrant, faire visite au cheikh
Ibrahim El-Masmoudy qui me dit :
« Que vous est-il donc arrivé, Abou Abdallah? — Hélas! lui
répondis-je, je suis bien coupable. — Quiconque suit les opinions
d'Asbagh et d'Ibn Habib ne saurait être coupable », me
répliqua-t il aussitôt. C'est là un des plus grands miracles que
l'on puisse citer.
« Plusieurs personnes de celles qui venaient lui offrir des aliments,
comme du lait et autre nourriture, m'ont rapporté qu'il
arrivait souvent que le cheikh les leur refusait ; or, en cherchant
quelle pouvait être la cause de son refus, elles finissaient toujours
par découvrir un motif qui justifiait ce refus : c'était, par
exemple, quelque doute, la gêne dans laquelle se trouvait la
famille du généreux donateur, ou toute autre raison.
« Quantité de gens m'ont également raconté avoir vu sidi
Ibrahim hors de la ville, à une distance telle qu'il leur semblait
tout naturel (étant donné l'heure tardive à laquelle ils l'avaient
rencontré), qu'il ne pourrait se présenter devant les portes de la
cité qu'après leur fermeture, et l'avoir néanmoins rencontré
ensuite dans l'intérieur de la ville. » Ici prend fin la citation que
j'ai empruntée à Ibn Merzouq.
Ibn Saâd ajoute encore ceci: « Il m'a été raconté par mon
grand-père Abou'l-Fadhl, à propos des qualités physiques et de
l'habillement du cheikh El-Masmoudy, qu'il avait le teint blanc,
la taille haute ; qu'il portait toujours des vêtements magnifiques,
et que la plupart du temps il avait la tête nue. Plusieurs personnes
de distinction m'ont aussi raconté le trait suivant : « Pendant
que le cheikh passait son temps sur la montagne, qu'il y
trouvait lestleurs du printemps, qu'il jetait ses regards sur leurs
variétés, leurs couleurs qu'il considérait leur parfaite structure, il
était ravi, en extase et transporté hors des sens ; il marchait en
se balançant dans ses vêtements et s'écriait : « C'est là la création
de Dieu ; faites-moi voir maintenant ce qu'ont pu créer d'autres
que lui .» (Coran, sour. XXXI, v. 10).
« Il m'a été raconté par mon père, qui le tenait de son propre
père, Abou'l-Fadhl, que le cheikh Ibrahim El-Masmoudy mourut
en 805 (inc. 1" août 1402), et que le sultan El-VVathiq (275) daigna
assister à ses funérailles et suivit à pied son convoi; mais, selon
notre ami Mohammed hen Yaqoub, celle mort arriva en 804 (inc.
11 août 1401), et le cheikh fut enseveli dans le cimetière réservé à la famille des Beni-Zian, rois de Tlemcen (276).


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