Masjid Abi Derr Al Ghifari, Oujlida, Tlemcen مسجد ابي ذر الغفاري

Abū Dharr al-Ghifārī (أبو ذر الغفاري) est l’une des grandes figures morales et spirituelles de l’islam primitif, ce qui explique pourquoi de nombreuses mosquées en Algérie — comme ailleurs dans le monde musulman — portent son nom.

Abū Dharr al-Ghifārī, de son vrai nom Jundub ibn Junāda al-Ghifārī (جندب بن جنادة الغفاري), appartenait à la tribu arabe des Ghifār, connue avant l’islam pour ses activités de razzia. Très tôt attiré par le monothéisme, il se rendit à La Mecque avant même l’Hégire pour s’enquérir du message de Muḥammad. Il fut ainsi l’un des tout premiers convertis à l’islam, souvent cité parmi les quatre ou cinq premiers.

Son courage et sa franchise sont restés célèbres. Contrairement à la discrétion recommandée aux premiers musulmans persécutés, Abū Dharr proclama publiquement sa foi à La Mecque, ce qui lui valut violences et humiliations. Le Prophète le protégea et reconnut en lui une sincérité exceptionnelle.

Abū Dharr est surtout connu pour son ascétisme radical, sa défense intransigeante des pauvres et sa critique sévère de l’accumulation des richesses. Il rappelait constamment les versets coraniques condamnant la thésaurisation et appelant à la justice sociale. Sous le califat de ʿUthmān ibn ʿAffān, ses prises de position contre l’enrichissement de certains gouverneurs lui attirèrent des inimitiés, au point qu’il fut écarté de Médine et finit ses jours dans la solitude, à al-Rabadha, où il mourut vers 652–653.

Dans la tradition musulmane, Abū Dharr incarne :

la vérité dite sans compromis,

la fidélité aux valeurs éthiques du Coran,

le refus de l’injustice et de l’opulence ostentatoire,

la solidarité avec les démunis.

C’est pour cette dimension profondément morale, sociale et spirituelle que son nom est largement honoré dans l’espace musulman, y compris en Algérie. Appeler une mosquée مسجد أبي ذر الغفاري revient à placer ce lieu de culte sous le signe de la justice, de la droiture et de l’humilité, valeurs particulièrement chères aux sociétés maghrébines.