Tlemcen - Dar Loukil, El Eubbad	(Commune de Tlemcen, Wilaya de Tlemcen)



MAISON DE L’OUKIL
Suivant une tradition que nous avons recueillie de la bouche de vieux Eubbâdois, la maison actuelle de l'oukil de Sidi Bou-Médiène, attenante à la partie Nord-Ouest de la mosquée, aurait été, jusqu'à la fin du XVIII e siècle une zawiya pour les pèlerins, et aurait connu une disposition intérieure toute différente(1) ; c'est le bey Mohammed el-Kebir qui aurait substitué aux petites cellules, qui occupent d'ordinaire les côtés de la cour des zawiya, les grandes pièces composant aujourd'hui le logement de l'oukil du tombeau. Le service des Monuments historiques y a beaucoup retravaillé à des dates récentes, et aujourd'hui cet édifice n'offre plus le caractère que d'une simple mais assez élégante demeure arabe.
La porte donne sur la cour qui sépare la mosquée du tombeau. Un vestibule suivi de couloirs formant coude protège le logis. L'atrium, muni d'un petit bassin octogonal, est abrité par une treille. Des portiques le bordent de trois côtés, établissant une circulation au-dessus. Les chambres donnent sur ces portiques. Elles sont, comme tous les appartements tlemceniens, peu profondes et très longues, dépassant à peine 2 mètres dans un sens et atteignant plus de 10 mètres dans l'autre. Les extrémités reçoivent les caisses, les couvertures, les coussins qui constituent la partie la plus importante du mobilier arabe. C'est dans la partie médiane, la plus voisine de la porte, que se trouvent les défoncements ménageant dans l'épaisseur du mur des banquettes, des retraits, des niches pour les bougies, les livres, les objets d'un usage journalier. Le plafond de ces chambres devait se composer, suivant la coutume, de rondins très rapprochés portant sur les deux longs murs.
Il n'y a pas de logement au premier étage, mais une circulation déjà mentionnée, et des terrasses à différents niveaux couvrant les chambres, le passage d'entrée, et allant, en contournant la cour, rejoindre la coupole du tombeau.
De l'autre côté du couloir voûté, qui, de l'extérieur, donne passage dans la cour séparant la mosquée du tombeau, l'on trouve aujourd'hui une cour avec quelques bâtiments en ruines. C'étaient, d'après les renseignements recueillis par nous, des logements annexes de la zawiya; en outre un escalier, partant de cette cour donne accès à deux petites maçrya qui sur- montent le passage voûté. Elles servent encore de logement aux rares pèlerins qui veulent passer la nuit auprès du saint, et sont ainsi les derniers restes de la zawiya d'El-Eubbâd.

NOTES :
1- La zàwiya d'El-Eubbàd est citée par les textes (Cf. Histoire des Berbères, IV, 212) ; c'est -vraisemblablement cet édifice que désigne Marmol comme « un hôpital pour recevoir les étrangers» (Léon l'Africain, III, p. 32; — Marmol, l'Afrique, II, p. 355; Barges s'enquit de cet établissement et ne put obtenir aucun renseignement de ses guides (Tlemcen. ancienne capitale, p. 311).


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