
Tlemcen, ville millénaire du nord-ouest de l’Algérie, a été un centre culturel et spirituel important pour la communauté juive pendant des siècles. Dès l’arrivée des Juifs séfarades fuyant les persécutions en Espagne au 14e siècle, et même avant, la ville a vu prospérer une communauté dynamique, avec plusieurs synagogues dans le quartier juif. Ces lieux de culte, dont la Grande Synagogue du Rabb Ephraïm Enkaoua est la plus emblématique, témoignent de l’histoire riche et complexe de cette communauté, qui comptait environ 8000 âmes en 1954.
La présence juive à Tlemcen remonte à l’Antiquité, avec des traces dès le 1er siècle avant notre ère sous l’Empire romain. Cependant, c’est avec l’arrivée du rabbin Ephraïm Al-Naqawa (1359–1442), un érudit et médecin séfarade, que la communauté juive de Tlemcen prend une dimension spirituelle majeure. Fuyant les pogroms de 1391 à Tolède, Enkaoua s’installe à Tlemcen et, selon la tradition, obtient l’autorisation du sultan Abu Tashfin de construire une synagogue après avoir guéri sa fille. Cette synagogue, connue sous le nom de Synagogue du Rabb, devient le cœur spirituel de la communauté.
Au fil des siècles, la population juive croît, passant d’environ 1600 âmes au 19e siècle à 8000 en 1954. Cette croissance démographique, combinée à l’importance religieuse et culturelle de la communauté, justifie la construction et la restauration de plusieurs synagogues dans le quartier juif.
À son apogée, Tlemcen comptait probablement six à sept synagogues, principalement concentrées dans le quartier juif. Voici les principales synagogues identifiées :
La communauté juive de Tlemcen prospère jusqu’au milieu du 20e siècle, portée par une croissance démographique et une vie culturelle riche. Cependant, avec l’indépendance de l’Algérie en 1962 et les bouleversements sociopolitiques, la majorité des Juifs de Tlemcen émigrent, principalement vers la France et Israël. Les synagogues, y compris la Grande Synagogue du Rabb, cessent d’être utilisées pour le culte régulier. Aujourd’hui, la Grande Synagogue est préservée comme un site historique, mais elle n’est plus active. Les autres synagogues, comme la Hébra ou celles mentionnées par Bargès, ont soit disparu, soit sont en ruines, faute de communauté pour les entretenir.
Selon les informations disponibles, la Grande Synagogue du Rabb Ephraïm Enkaoua reste le principal vestige du patrimoine juif de Tlemcen. Elle est parfois visitée comme un lieu de mémoire, notamment par les descendants de la communauté juive algérienne. Cependant, aucune activité religieuse n’y est plus organisée, et les autres synagogues du quartier juif ne semblent plus exister ou être accessibles. L’état exact des sites comme la Hébra ou la Synagogue Ben Sidoun reste incertain sans recherches sur place.
Les synagogues juives de Tlemcen, au nombre de six ou sept à leur apogée, incarnent l’héritage d’une communauté prospère et profondément enracinée dans l’histoire de la ville. La Grande Synagogue du Rabb Ephraïm Enkaoua, avec ses multiples reconstructions et son importance spirituelle, demeure le symbole de cette histoire. Bien que la communauté juive ait quitté Tlemcen, ces lieux de culte continuent de fasciner par leur passé riche et leur rôle dans l’histoire séfarade d’Afrique du Nor
Posté par : tlemcen2011