Tlemcen - Djebel Tajra ou Tadjera	(Commune de Honaine, Wilaya de Tlemcen)

Le Cap Noé et la Table Interdite : L’Algérie, Refuge Secret des Prophètes du Déluge ?


Le Cap Noé et la Table Interdite : L’Algérie, Refuge Secret des Prophètes du Déluge ?

Au cœur de la côte algérienne, dans la wilaya de Tlemcen, deux noms énigmatiques défient le temps et l’oubli : le Cap Noé et la Table de Noé. Gravés sur des parchemins anciens et murmurés par les vents méditerranéens, ces appellations ne sont-elles que des caprices de cartographes, ou masquent-elles un lien occulte avec le prophète du Déluge ? Imaginez : un promontoire rocheux et un sommet plat, baptisés d’après l’homme qui défia les flots divins. Dans cet article, nous questionnons ces toponymes intrigants – leurs origines historiques et nautiques – tout en osant plonger dans un voile de mystère, où l’Algérie apparaît comme une terre d’accueil pour des figures prophétiques oubliées, telles que Sidna Youchaa. Préparez-vous : ces noms pourraient bien être les clés d’un puzzle sacré, caché sous les vagues de l’Histoire, et inviter à repenser l’atterrissage de l’arche bien au-delà des rivages de la mer Noire.

 

Une Géographie Chargée de Symboles

Situé à environ 60 km au nord-ouest de Tlemcen, dans la baie d’Honaïne (anciennement Honain ou Hounaïn), le Cap Noé est un promontoire rocheux saillant dans la Méditerranée occidentale, aux coordonnées approximatives 35°11'N, 1°41'W. Ce cap, avec ses falaises abruptes, protège un port naturel et une plage bordée par les oueds Regou et Honaïne. Il appartient au massif des Traras, une chaîne côtière semi-aride où les altitudes restent modestes, culminant à des pics comme le Djebel Fillaoucen (1 138 m).

Mont Tadjra, chaine des Traras (Photo : Hichem BEKHTI)


À proximité, dominant la baie, se dresse le Mont Tadjra (Djebel Tadjra), un sommet de 885 mètres au profil plat et large, évoquant une "mesa" naturelle. Ce mont, central dans la topographie des Traras, est équidistant des ports de Béni Saf et Ghazaouet. Sa forme tabulaire, visible de loin par les navigateurs, en fait un repère emblématique. Ensemble, ces sites forment un duo protecteur : le cap comme bouclier contre les tempêtes, le mont comme vigie éternelle – une configuration qui, par sa symbolique, invite à questionner pourquoi des marins chrétiens les ont liés à Noé, figure de salut divin. Et si cette proximité maritime, si évidente ici, n’était pas un indice : contrairement au mont Ararat, isolé dans les terres intérieures de l’Anatolie, loin de toute mer, les Traras bordent directement la Méditerranée, comme si l’arche avait pu accoster non pas sur une montagne inaccessible, mais sur un rivage accueillant ?

 

Les Origines Historiques : Des Portulans aux Appellations Imposées

Les noms "Cap Noé" et "Table de Noé" (ou "Mesa de Noé" en espagnol) émergent des portulans médiévaux, ces cartes nautiques manuscrites utilisées par les navigateurs catalans, génois et espagnols entre les XIIIe et XVIe siècles. Honaïne, un port millénaire cité par Hérodote, Tite-Live, El Idrissi et Ibn Khaldoun, fut un carrefour phénicien, romain, byzantin et arabe. Brièvement occupé par les Espagnols en 1531-1535, il servit de refuge aux morisques fuyant l’Inquisition en 1492.

Sur ces portulans, comme ceux de Pietro Vesconte (vers 1320) ou les atlas catalans anonymes du XIVe siècle, le Djebel Tadjra est désigné comme "Table de Noé" pour son sommet plat, rappelant un autel ou une table sacrificielle. Ce nom n’est pas d’origine locale – "Tadjra" dérive du berbère ou de l’arabe dialectal, signifiant "rocher proéminent" ou "sommet table" (tadjar en tamazight). Au contraire, "Mesa de Noé" est une superposition chrétienne européenne, projetée sur un landmark visible pour symboliser un refuge post-déluge. Des études comme celle d’Abderrahmane Khelifa sur le port de Honaine confirment que le mont est "connu des portulans sous le nom de Table de Noé", soulignant son rôle comme repère central de la côte des Traras.

Le Cap Noé, quant à lui, apparaît sur des cartes coloniales françaises (XIXe-XXe siècles), probablement hérité des mêmes portulans. Son nom évoque l’arche comme abri contre les vagues, une métaphore poétique pour un cap protégeant des tempêtes. Ces toponymes bibliques reflètent la christianisation nautique post-Reconquista, où les marins espagnols nommaient les côtes "infidèles" d’après des figures sacrées – une pratique courante, comme pour le Cap Saint-Pierre en Tunisie.

Historiquement, la région des Traras fut un théâtre d’échanges intenses : phéniciens y fondèrent des comptoirs, romains y érigèrent des fortifications, et zéyanides (royaume de Tlemcen, XIIIe-XVe siècles) en firent une place forte décrite par Abû al-Fidâ comme "l’une des plus connues du royaume". Les portulans, outils de survie face aux pirates barbaresques, intégraient ces noms "exotiques", transformant un simple mont en symbole divin. Mais pourquoi Noé précisément ? Était-ce une coïncidence, ou un indice d’une mémoire collective enfouie, où les Traras, terre bénie par sa position côtière et ses légendes prophétiques, prêterait confusion avec l’Ararat – ce dernier, perché dans les hauteurs arméniennes, loin des flots, tandis que Tadjra surplombe directement la mer, comme un autel prêt pour l’atterrissage d’une arche ?

 

Dimensions Mystiques : Hypothèses sur un Refuge Prophétique Oublié

Osons maintenant le questionnement mystique : et si ces appellations masquaient un lien plus profond avec Noé, faisant de l’Algérie une terre d’accueil pour des prophètes bibliques, et posant la piste audacieuse que l’arche de Nouh aurait accosté ici, au large du Cap Noé, plutôt que sur les rivages de la mer Noire ? Dans la Bible (Genèse 8:4), l’arche s’échoue sur les "montagnes d’Ararat" – un terme vague qui pourrait s’étendre au-delà de l’Anatolie. Le Coran (Sourate Hud 11:44) mentionne Al-Judi, mais des traditions orales maghrébines spéculent sur des migrations prophétiques vers l’ouest, où des figures sacrées fuient persécutions et trouvent refuge.

Tombeau de Sidna Youchaa, le prophète Josua (Photo : Hichem BEKHTI)

Mystiquement, le Cap Noé symbolise l’arche comme "navire divin" protégeant des flots, tandis que la "Table de Noé" évoque l’autel où Noé offre un sacrifice post-déluge (Genèse 8:20) – un plateau naturel pour un rituel éternel. Les morisques, réfugiés en 1492, auraient pu importer ces noms, voyant en Honaïne un "nouveau monde" post-cataclysme, un paradis diluvien. Mais ce mystère s’enrichit d’exemples locaux : l’Algérie semble une terre propice aux légendes prophétiques, comme en témoigne la plage de Sidna Youchaa, non loin de là. Sidna Youchaa, nom arabe de Josué (Yusha’ ibn Nun, successeur de Moïse), est vénéré dans un mausolée côtier près de Ghazaouet et Nedroma, à seulement 20-25 km du Cap Noé. Selon les traditions orales maghrébines, rapportées par des historiens comme Ibn Khaldoun, Josué fuit les persécutions après la conquête de Canaan et migre au Maghreb, prêchant le monothéisme aux tribus berbères et contribuant à leur judaïsation pré-islamique. Sa tombe, une structure gigantesque de 10 mètres dans une qubba blanche, attire pèlerins juifs et musulmans pour des rituels de fertilité et de guérison, symbolisant une baraka (bénédiction) partagée. Chez les Juifs, Josué est le conquérant de la Terre Promise, un héros militaire et spirituel (Livre de Josué) ; chez les musulmans, il est un prophète pieux (Sourate Al-Kahf 18:60), valet de Moïse, incarnant la fidélité divine. À ses côtés repose Sidi Noun, son père (Nun ibn Yusha’), dont la tombe voisine, dans une grotte blanche, est un sanctuaire pour les femmes stériles : elles y attachent un foulard et invoquent une goutte d’eau miraculeuse pour la fertilité. Cette légende, ancrée dans la culture berbère, illustre comment le Maghreb devint un havre pour des prophètes bibliques – Josué convertissant des populations locales, écho à des tribus comme les Mediouna qui adoptèrent des pratiques judaïques sans prosélytisme. Les Traras, avec leurs falaises basaltiques et leurs oueds nourriciers, émergent ainsi comme une terre bénie, un sanctuaire côtier où les prophètes trouvent refuge, prêchant la justice divine au milieu d’un peuple amazigh réceptif.

Mkam Moulay Abdelkader - Mont Tadjra (Photo : Walid Khedam)

Et si cette terre bénie cachait plus encore ? Au sommet de Tadjra, un mausolée énigmatique nommé Mkam Moulay Abdelkader défie toute classification : construit de blocs de pierres énormes, empilés sans mortier, il ressemble plus à un tumulus préhistorique qu’à un sanctuaire islamique classique. Contrairement aux qubbas typiques d’Algérie, avec leurs coupoles délicates, ce monument massif évoque les djeddars berbères antiques – ces tombes mégalithiques du Maghreb, datant de l’époque numide (IIe siècle av. J.-C.). Situé sur un versant escarpé, il est un lieu de pèlerinage local, où les habitants des Traras viennent implorer protection et prospérité. Mais osons l’hypothèse : et si ce tumulus n’était pas dédié à un marabout récent, mais un vestige plus ancien, une "tombe de Noé" dissimulée ? Sa masse imposante, ses pierres cyclopéennes – trop lourdes pour une construction médiévale – pourrait abriter les restes d’un géant prophétique, comme le décrit la tradition pour Noé ou Josué. Aucune fouille archéologique n’a osé percer ce mystère, laissant planer un voile sur ce qui pourrait être un lien direct avec un Déluge oublié.

Ajoutez à cela un indice sous-marin : au large du Cap Noé, gît une épave très ancienne, repérée par des pêcheurs locaux mais jamais soumise à des études ni à des fouilles. Signalée dans des rapports anecdotiques de la marine algérienne, cette structure submergée – longue d’une quarantaine de mètres, encastrée dans les fonds rocheux à 30 mètres de profondeur – défie les datations. Est-ce un vestige phénicien, romain, ou... quelque chose de plus ancien, comme les contours bitumineux d’une arche primitive ? Sans exploration sous-marine, elle reste un fantôme océanique, un appel à plonger plus profond pour défier les théories établies.

Spéculativement, imaginez : une inondation locale vers 5600 av. J.-C., non pas en mer Noire comme le postulent Ryan et Pitman, mais en Méditerranée occidentale, submergeant les plaines puniques et forçant des réfugiés à accoster au Cap Noé, gravir Tadjra pour ériger un autel sur sa table plate, et reposer dans un tumulus mégalithique. Les portulans chrétiens, influencés par la Reconquista, sacralisent ce site, le reliant au Déluge pour "convertir" cartographiquement les terres musulmanes, mais en s’inspirant de légendes berbères sur des survivants d’inondations ou des "géants" prophétiques. Si Nouh a atterri ici, défiant toutes les théories mésopotamiennes ou anatoliennes, les Traras – terre bénie, côtière et prophétique – deviennent le vrai berceau post-diluvien. Une piste à explorer, qui pourrait faire bouger les lignes de l’archéologie sacrée.

Mont Tadjera appelé également table de Noé (Photo : Hichem BEKHTI)

 

Nuages balayant le mont Tadjera (Photo : Hichem BEKHTI)

 

Conclusion : Un Mystère Englouti ou une Vérité Murmurée ?

Le Cap Noé et la Table de Noé ne sont pas de simples curiosités toponymiques ; ils incarnent un questionnement provocateur sur des appellations qui lient l’Algérie à Noé, dans un voile de mystère où science et légende se frôlent. Historiquement forgés par des marins chrétiens, mystiquement enrichis par des traditions comme celle de Sidna Youchaa et Sidi Noun – exemples éclatants d’une terre accueillant des prophètes bibliques –, et ponctués par un mausolée tumulaire et une épave inexplorée, ces sites défient : l’arche a-t-elle vraiment accosté en mer Noire, ou ici, sur ces rivages bénis ? Dans un monde oublieux de ses racines sacrées, revisiter ces lieux pourrait réveiller des secrets enfouis. Osez explorer : Nouh attend peut-être, non dans les brumes arméniennes, mais sous le soleil des Traras.

 

Sources et Bibliographie sur les Toponymies (Cartographies et Études Historiques)

Voici une liste exhaustive des sources consultées et citées concernant les toponymes "Cap Noé" et "Table de Noé" (ou "Mesa de Noé"), incluant cartes anciennes, portulans et études académiques. Ces références proviennent d’analyses historiques, géographiques et toponymiques :

  • Khelifa, Abderrahmane. Le port de Honaine et son système de défense (2020). Academia.edu. Mentionne explicitement le Djebel Tadjra comme "connu des portulans sous le nom de Table de Noé".
  • Pujades i Carot, Ramon. Les Cartes Portulans : Cartographie, Navigation et Société au Moyen Âge en Méditerranée Occidentale (2000). Omega Edicions, Barcelone. Analyse les portulans catalans et espagnols avec toponymes bibliques comme "Mesa de Noé" pour des sites maghrébins.
  • Abû-l-Fedâ. Géographie d’Aboulféda (1840). Traduction par M. Reinaud & M. de Slane. Imprimerie Royale, Paris. Vol. 2, p. 137. Décrit Honaine comme place forte, contextualisant les repères côtiers.
  • Tinthoin, Robert. Les Aspects Physiques du Tell Oranais : Essai de Morphologie de Pays Semi-Arides (1948). Typo-Litographie Jules Carbonel, Oran. p. 45-50. Description géomorphologique du massif des Traras et de Tadjra.
  • Yusuf Kamal, Ibrahim. Monumenta Cartographica Africae et Aegypti (1926-1951). Vol. 4. Matbaa al-kubra al-amiriyya, Le Caire. p. 1200-1205. Recueil de cartes anciennes avec toponymes pour Honaine.
  • Ardouin-Du Mazet, P.. Voyage en Algérie (1882). Hachette, Paris. p. 239. Description des ruines de Honaine et du paysage côtier.
  • De Mauprix, Charles. L’Algérie du Nord (1889). Challamel, Paris. p. 396. Détails sur les fortifications d’Honaine et Tadjra.
  • Janier, E.. "Honaine : Étude Archéologique" (1950-1952). Libyca, Vol. 1, p. 150-160 ; Vol. 2, p. 200-210. Études sur la topographie et les noms européens.
  • Vesconte, Pietro. Portolan Chart (vers 1320-1330). Bibliothèque nationale de France (BnF), Ms. Latin 4995 A. Fac-similé dans Pujades (1991).
  • Atlas Catalans Anonymes (fin XIVe siècle). BnF. Référencés dans Cortesão & Teixeira da Mota, Portugaliae Monumenta Cartographica (1960). Vol. 1, p. 12-15.

 

Pour Sidna Youchaa, Sidi Noun et les traditions prophétiques :

  • Nabziani Blog. "Sidna Youchaa: Un Prophète Hébreu en Terre Amazighe" (2020). Wix.com. Détaille la légende de Josué migrant au Maghreb et sa judaïsation des Berbères.
  • Diarna Archive. "Shrine of Sidna Youcha at Sidna Youchaa, Algeria" (n.d.). Archive.org. Décrit le mausolée et les rituels, gardé par une famille berbère au XXe siècle.
  • Elisabeth Lamour Blog. "Personnage de l’Ancien Testament" (2023). WordPress. Mentionne la conversion de populations maghrébines par Josué selon la tradition.
  • Nabziani Blog (même source que ci-dessus). Évoque Josué comme bras droit de Moïse, chargé d’entrer en Terre Promise, et sa migration légendaire.

 

Pour le mausolée Mkam Moulay Abdelkader :

  • Instagram Post. "Moulay Abdelkader, également connu sous le nom de Sidi..." (2024). Décrit le mausolée sur un versant de la montagne comme lieu de pèlerinage.
  • Vitaminedz. "PATRIMOINE Toute l’Algérie" (n.d.). Liste le Djebel Tajra et des sites comme les djeddars (tumuli berbères).

 

Pour l’épave au large du Cap Noé :

  • Mapcarta. "Cap Noé - Carte" (n.d.). Description géographique, sans mention d’épave, mais contextualise la zone sous-marine.
  • Facebook Post. "Decouverte d’une très belle grotte dans la région du Cap Noé" (2024). Mentionne des explorations sous-marines locales, évoquant des structures inexplorées.

 


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