Tlemcen - Mosquée Sidi Boumediene, Tlemcen

La mosquée d'El Eubbed (sidi Boumediène), Tlemcen




La mosquée d'El Eubbed (sidi Boumediène), Tlemcen
Lieu : Algérie-Tlemcen (village d’El Eubbad).
Date/période de construction : Mosquée : 1339 ; madrasa : 747 H. ; qubba : fin du XIIe siècle
Matériaux de construction : brique, tuile, pierre.
Décor architectural : stuc, marbre, bois, céramique, bronze
Destinataire/mandataire : Sultan Abû ‘l-Hasan
Dimensions : mosquée : 28,45 x 18,9 m (537,705m²) ; salle de prière : 266,49m² ; cour : 106,05m² ; minaret : H. 27,50 m ; cour de la madrasa : 13,20 x 15,75 m

Cet ensemble architectural fut édifié par les Marinides afin d’offrir un majestueux tombeau à Abû Madyan, saint personnage originaire de Séville, enterré en ces lieux au XIIe siècle et qui développa le soufisme au Maghreb. Le complexe comprend une mosquée, un mausolée, une madrasa et des bains. Son plan est très proche de celui de la mosquée de Sayyidî al-Halwî (Tlemcen, 1353).

Cette mosquée est l’une des plus riche réalisation de l’art hispano-mauresque en Algérie. Le porche d’entrée s’ouvre par une entrée monumentale, comme dans les Grande Mosquées de Cordoue et de Mahdia. Son vestibule orné de panneaux en plâtre finement sculptés est surmonté d’une coupole à muqarnas. Il s’ouvre par un escalier semblable à celui de la Puerta del Sol de Tolède (avec ses degrés en briques posées de champ). Les portes revêtues de bronze donnent sur une cour rectangulaire au centre orné d’une fontaine et bordée de portiques, dont ceux à l’est et à l’ouest constituent le prolongement des nefs de la salle de prière.

La salle de prière est couverte d’un plafond taluté à caissons aux motifs géométriques - réseaux d’étoiles et de croix, rosaces - qui se développent à l’infini, formant une sorte de voûte céleste. Cinq nef à trois travées, perpendiculaires au mur qiblî, viennent buter contre une nef parallèle à celui-ci. Les arcs retombent sur des piliers ornés dans leurs parties supérieures de fines arabesques. La nef centrale est plus large que les autres et se prolonge jusqu’au mihrâb, formant un plan en T magnifiant son espace. Ce plan se on rencontre déjà à la mosquée d’Abû Dulaf à Samarra (Irak) au IXe siècle et à la Grande Mosquée de Kairouan. Le mihrâb forme une petite pièce surmontée d’une coupole à muqarnas. L’arc légèrement elliptique et très outrepassé retombe sur des colonnettes aux chapiteaux composites, d’inspiration antique, ornées d’un bandeau épigraphié et d’un sommier sculpté de rinceaux. Il s’inscrit dans un cadre rectangulaire surmonté de trois claustra ; finement traité en stuc, son décor n’est pas sans évoquer ceux des mihrâb de Tinmal et de la Kutubiyya de Marrakech.

Dans l’angle nord-est du portail est inclus un minaret en brique rehaussé de céramique aux proportions similaires à celui de la Kutubiyya. Son fût quadrangulaire couronné de merlons à degrés et surmonté d’un lanternon est proche de celui de Sayyidî al-Halwî. Il est orné de panneaux rectangulaires qui enserrent dans la partie inférieure des arcs polylobés (comme sur la face sud du minaret de la mosquée al-Sharâbliyyin à Fès) et dans la partie supérieure un réseau losangé créé par l’entrecroisement d’arcs curvilignes. Une frise de rosaces en mosaïque de céramique couronne le fut.

Le mausolée de Sayyidî Abû Madyan est antérieur d’une trentaine d’années aux premières constructions de l’Alhambra. De plan carré surmonté d’un toit en pavillon garni de tuiles vertes, il comprend également une cour quadrangulaire munie d’un auvent reposant sur des colonnettes de bois aux chapiteaux corinthiens. Le décor de la porte, ainsi que le décor intérieur sont certainement l’œuvre d’un artiste turc.

La madrasa, école de droit, d’exégèse et de théologie, est située à l’ouest de la salle de prière. Son plan à cour entourée de portiques se rapproche beaucoup du rîbat maghrébin. On y accède par une porte monumentale au décor polylobé en brique analogue à celui de la madrasa Abû’l-Hasan à Salé (Maroc). Au fond de la cour, une porte ouvre sur l’oratoire et la salle de cours pourvue d’un mihrâb hexagonal à la niche ornée de carreaux de céramique turcs et couronnée d’une coupolette hémisphérique.

Bibliographie

Bourouiba, R., Apports de l’Algérie à l’architecture arabo-islamique, Alger : OPNA, 1956.

Bourouiba, R., L’art religieux musulman en Algérie, Alger : S.N.E.D., 1981, p. 201, pl. XXV à XXIX, fig. 56, 59 à 63.

Bourouiba, R., Les inscriptions commémoratives des mosquées d’Algérie, Alger : OPU, 1984, p. 128-132.

Marçais, G., L’architecture musulmane d’occident. Tunisie, Algérie, Espagne et Sicile, Paris : Arts et Métiers Graphiques, 1957.

Marçais, G. ; Marçais, W., Les monuments arabes de Tlemcen, Paris : Fontemoing, 1903, p. 221-284.





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