Tlemcen - 01- Généralités


HISTOIRE DE NEDROMA
Histoire ancienne
Il n'y eut certainement pas de ville romaine à l'emplacement de Nedroma. Léon l'Africain est à l'origine de cette légende, de même qu'il est à la source de la fausse étymologie du nom de Nédroma : « Ned-Roma », « rivale de Rome ».
Il ne fut jamais découvert de vestiges ni d'inscriptions pouvant attester une implantation romaine à Nedroma.
La ville de Nédroma, située au pied du mont Fillaoussen, a été bâtie (1160 Après J.-C.) par le Sultan Adbdelmoumen ben Ali de la dynastie des Almohades, sur les ruines d’immense cité berbère.

Ce conquérant avait soumis tout le pays alors connu sous le nom de Berbérie et qui s’étend du royaume de Borka à Tlemcen - Ville.

L’année d’après ayant réuni une armée formidable il se jeta sur le Maghreb (Maroc), dont il voulait agrandir son empire déjà si vaste. Dans son trajet, d’Oran à Tlemcen, les hordes d’Arabes qui le suivaient, lui ayant demandé permission de retourner dans leurs foyers, Abdelmoumen les laissa partir, ne gardant de chaque tribu que mille hommes qu’il se proposait de laisser, afin d’affermir ses conquêtes, dans les diverses villes qu’il allait occuper. Ce que voyant, les soldats almohades se révoltèrent, n’ayant jamais pu obtenir la même faveur. Une réunion secrète fut tenue par les principaux chefs de l’armée, et la mort du tyran fut résolue pour le soir même. Un marabout qui se trouvait au milieu de l’armée, Ahmed El bedjaï, ayant eu vent du complot vint le dévoiler à l’émir, le suppliant de le laisser s’immoler pour lui. Celui-ci lui permit de coucher dans la tente « royale », et le lendemain le cadavre du marabout gisait sanglant sur le lit du prince.
On chargea le martyr sur une chamelle, à laquelle on laissa prendre, comme il l’avait recommandé dit-on, lui-même, la direction qu’elle voudrait, et à l’endroit même où elle s’agenouilla, on enterra son cadavre ; sur son tombeau fut élevée une mosquée qui subsiste toujours, auprès de la mosquée fut élevée une ville, et dans cette ville furent abandonnés les plus turbulents de l’armée almohade. Ce fut Nédroma.
Elle a accueilli de nombreux immigrants andalous chassés par la « Reconquista ». Elle devint un important centre de textile au XVIe siècle.
On trouve ce nom mentionné par Al-Baidak où il faut entendre les mots Ahl Al-Karya Nadruma par les « gens du bourg, (c’est-à-dire) les Nadruma ». Ce passage, écrit au XIIe siècle, tendrait à montrer comment le nom de la fraction de la tribu de Nadruma est passé à la petite ville qui était alors leur principale agglomération urbaine. Déjà avant cette époque, Nedroma est le nom de la ville, puisque Al-Bekri (au XIIe siècle) l’appelle ainsi et nous en donne une brève description, il la qualifie de madina, « ville » et non de simple karya « bourg », « village ». Au temps d’Al-Idrissi (au XIIe siècle), Nédroma est une ville florissante, entourée de murailles et son marché est important. Il n’est pas douteux qu’alors, bien que les deux géographes que l’on vient de citer n’en fassent pas mention, Nedroma avait une mosquée. Une inscription sur bois (aujourd’hui au musée des antiquités à Alger a été découverte, dans la grande mosquée actuelle de Nedroma, par René Basset en 1900 ; elle indique que ce fut un souverain almoravide ou un prince, fils ou petit-fils de Youssef Ibn Tachfin, qui, au début du XIIe siècle a fait la chaire à prêcher, le minbar de cette mosquée de Nedroma et peut être l’édifice lui-même. On ne saurait dire, faute de document probant, si cette mosquée almoravide la plus importante de Nédroma, aujourd’hui au centre de la ville, fut reconstruite alors sur l’emplacement d’une autre plus ancienne, avec ou sans minbar, ou bien s’il s’agissait là de fondations nouvelles d’un prince almoravide. Bien que le nom de Nedroma, comme nom de la ville, n’apparaisse qu’au XIIe siècle dans les textes, on peut imaginer que son emplacement a servi d’habitat à des agglomérations depuis les temps préhistoriques, car la nature l’a doté des avantages qui, dans ce pays, ont toujours entraîné le groupement des hommes : douceur du climat, fertilité du sol, abondance des eaux courantes, situation dominante et facile à défendre. Cependant, la période préhistorique – qui a donné des spécimens de l’industrie humaine, pour la région de Maghnia, au sud et de Remchi à l’est de massif trari, – n’offre, pour la région de Nedroma même, aucun témoignage de la vie humaine à cette époque lointaine. Il est vrai que ni les grottes voisines ni la banlieue de Nedroma n’ont encore été explorées par des spécialistes du préhistorique. En ce temps-là et durant tout le Moyen-Âge, Nedroma disposait pour ses relations maritimes avec l’extérieur, de plusieurs petits ports.
Le plus important, Honaïne, était aussi celui de Tlemcen. Il en reste encore d’importants vestiges aujourd’hui. Toutefois, le port de Honaïne était d’un accès difficile de Nedroma, par le flan très abrupt du mont Tdjra. Cette ville devait plutôt utiliser le port de Masin.
Honaïne distante de 30 km au sud est, escale phénicienne et cité numide, joua le rôle de port de Tlemcen au XIIIe siècle. Elle fut la voie méditerranéenne pour le commerce avec le tafilalet et l’ancien soudan. Il subsiste encore des restes de la ville kharidjite, des remparts en pisé flanqués de tours et les restes d’une casbah.
On ne sait rien d'autre sur cette période, bien que les légendes abondent. On peut supposer que se produisirent alors de grands bouleversements dans la structure de la population, et la fixation dans la ville de familles dont les noms évoquent des origines marocaines.

Présence turque
Nedroma est connue pour ses multiples koubbas où reposent des saints et savants outre méditerranéens mais elle est également connue pour ses traditions musicales andalouses. Au XVIe siècle, Léon l’Africain attribue la richesse de Nedroma au nombre de ses tisserands.
La ville au cachet local propre rappelle les anciennes villes musulmanes maghrébines et dispose de quartiers traditionnels au nombre de 4 dont deux réservés aux activités artisanales. Son plan est assez bien conservé avec ses dédales de ruelles sinueuses étroites et de multiples impasses.
Après l'établissement de la domination turque, Nédroma et sa région furent l'objet d'un litige permanent entre le Bey d'Oran et les chorfa du Maroc.
En 1791, les Espagnols cédèrent Oran au Dey d'Alger, Hassan.

Celui-ci en profita pour affermir le pouvoir turc dans l'arrière-pays et asseoir l'autorité turque représentée dans la région par les Beys Omar Agha et Ali Kara Baghli. Elle devint même la capitale d'un Beylik assez important.
C'est à cette époque que, dit-on, les exactions des janissaires cantonnés à Nédroma provoquèrent une révolte de la population citadine. Le Dey marcha contre Nédroma, qui fit sa soumission et fut imposée d'une contribution annuelle de cent pièces de grosse toile de coton destinées à confectionner des tentes de soldats.
Le Dey fut amené à intervenir quelque temps plus tard, à l'occasion de troubles provoqués dans la ville par la division des habitants en deux partis, l'un pro-marocain, l'autre pro-turc. Le Dey aurait fait entrer ses soldats dans la ville par surprise, et l'aurait ensuite livrée au massacre et au pillage.
Cependant les razzias continuelles effectuées par les Marocains à partir de leur base d'Oujda semblent avoir, dans la dernière période, rapproché Nédroma du pouvoir turc. La ville prit parti pour le Dey, contre les Derkaoua ayant à leur tête le marabout Ben Cherif, au début du XIXe siècle.
Il semble que, par la suite, le pouvoir turc n'ait plus été contesté, jusqu'à l'occupation française.

Présence française
En 1831, à l'issue des combats livrés sur la Tafna contre le Maréchal Clauzel, Abd-el-Kader voulut faire de Nédroma son quartier-général de l'Ouest, mais les habitants refusèrent.
Pour les contraindre, l'Émir fit arrêter plusieurs notables de la ville qui s'étaient rendus au marché de Mascara. Nédroma accepta alors un gouverneur d'Abd-el-Kader. Mais lorsque celui-ci eut libéré les otages, la population se souleva et chassa le gouverneur à coups de pierres.
En avril 1836, Abd-el-Kader vient établir son camp à Nédroma après les combats contre la colonne d'Arlanges. En juillet de la même année, après la défaite de la Sikkak, il revient à Nédroma, où sont soignés ses blessés ; mais il laisse son camp à Ain-Kebira. Le traité de La Tafna (30 mai 1837) lui reconnait la possession de la ville.
Après la reprise des hostilités, se présente devant Nedroma une colonne française conduite par le Général Bedeau, et accompagnée par la cavalerie des Douaïrs de Mustapha Ben Smail. La Djemaa offre sa reddition, et Bedeau s'abstient de faire entrer les troupes dans la ville : c'est le 8 mars 1842.
L'Émir Abd-el-Kader fit sa reddition en décembre 1847, prés de Sidi-Brahim, sous un palmier qui se dresse encore, entouré d'une petite barrière et d'une plaque commémorative indiquant seulement l'année. De là, il fut conduit à Nemours d'où, après une entrevue avec le gouverneur de l'Algérie, il s'embarqua pour l'exil.

La ville conserva une certaine autonomie administrative sous la direction de sa Djemaa, dont cependant le Président devait être agréé par les autorités coloniales.
L'application du sénatus-consulte en 1867 donna lieu à des « états des tribus », qui furent établis, en ce qui concerne Nédroma, du 23/10/1866 au 1/3/1867. Ils comportaient recensement de la population, état des lieux, mesure et bornage des propriétés.
Nédroma fut alors constitué en un seul douar-commune.
Le seul colon français habitant Nédroma à cette époque est un nommé Authier, qui s'est établi dans la ville avec sa famille en 1852 et s'y est fait construire une maison. En 1867, il obtient concession du terrain où il a déjà bâti, et de 14 hectares dans la plaine de Nédroma. Un autre européen viendra habiter la ville en 1876, M. Baudet, directeur de l'école franco-arabe.
Le douar-commune de Nédroma dépendit d'abord de l'administration militaire, en l'occurrence, du Bureau arabe de Maghnia. Le régime militaire, supprimé en 1870, ne céda vraiment la place à l'administration civile qu'en 1880, sous la pression croissante des colons d'Algérie.
Le 9 septembre 1880, le douar-commune fut érigé en commune mixte, et placé sous l'autorité d'un administrateur.

l'Ecole
Selon le rapport de 1867, une école arabo-française a été créée à Nédroma par décision du 28 janvier 1865.
Le personnel enseignant se compose d'un directeur français et d'un directeur-adjoint indigène.
Trente jeunes garçons, tous musulmans, appartenant aux principales familles de la ville, suivent les cours de cette école où ils apprennent à lire et à écrire en français, à calculer, etc... à la grande satisfaction de leurs parents qui, s'adonnant presque tous au commerce, apprécient d'une manière remarquable les bienfaits de l'instruction
D'autre part, Canal écrit en 1888 : « Lors de la promulgation de la récente loi sur l'instruction primaire, les habitants de Nédroma ont été les premiers à demander la création d'une école de filles ».


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