Même après avoir fait peau-neuve, par
l'opération du siècle à Ghazaouet depuis 1962 puisque son coût s'élève à 90
milliards de centimes pour un simple curage et un aménagement sur 35 m de
largeur et 850 m de longueur, oued Ghazaouana continue à être un véritable
réceptacle d'eaux stagnantes, de toutes sortes de détritus, d'eaux usées qui y
sont rejetées quotidiennement. C'est, de ce fait, l'endroit le plus pollué le
plus proche des habitations et le moins contrôlé par les services d'hygiène de
la wilaya. Rien n'a été fait par les élus locaux pour mettre fin à cette plaie
hideuse en plein centre-ville. Par ces temps caniculaires, il devenait presque
impossible de traverser le pont d'Alzing sans se boucher le nez et sans éventer
l'air devant soi pour chasser les nuées de moustiques qui en ont fait, et
depuis fort longtemps, leur fief. Pis encore, Ghazaouet n'a pas encore trouvé
le moyen de délocaliser le marché hebdomadaire qui, trois fois par semaine,
s'installe au bord de l'oued au coeur de la cité des 320 logements créant
embouteillages, monticules de détritus qui ne seront collectés que le lendemain
causant des désagréments aux riverains aspirant à une cité plus propre et plus
vivable.
Mais c'est surtout vers Sidi Amar que les regards, en matière
d'injonction à une vie plus hygiénique, sont jetés. Sidi Amar est, sans nul
doute, le plus gros village du pays qui, à force d'injection de béton, s'est
relié à Ghazaouet et de ce fait a toujours fait partie de la même Assemblée
populaire. En matière de gestion des ordures, c'est une autre paire de manches.
Il n'y a pas un seul agent de nettoyage affecté par l'APC à Sidi Amar. C'est ce
qui fait que des décharges ont été créées ça et là dans les petites ruelles de
l'agglomération, aux noms évocateurs tels Srijet et Mizab où les habitants font
rouler leurs voitures et usent leurs chaussures, en cet été du 21e siècle, sur
les pistes poussiéreuses.
Un
autre espace, un incontournable de Ghazaouet, la pêcherie et son brise-lames.
Il n'est plus possible d'aller à la pêcherie assister à la «poukha» (vente aux
enchères à la criée) de poissons encore frais. Les eaux stagnantes qu'un muret,
conflit entre l'APC et l'EPG, retient et les saletés ajoutées aux immondices et
aux poissons crevés désisteraient même les âmes les moins sensibles. Et
pourtant, ceux qui ont déjà assisté à une «poukha» d'autrefois savent combien
le spectacle est grandiose. Mais le spectacle est d'autant plus grandiose sur
le béton du brise-lames. C'est un peu le Lalla Setti de Tlemcen. C'est là
qu'habitants et touristes (les émigrés sont les seuls touristes de Ghazaouet)
viennent y trouver un peu de fraîcheur. La seule différence, c'est que le
brise-lames, qui fait partie de la culture du Ghazaouti, n'a pas profité des
mêmes égards de Lalla Setti à Tlemcen, du même regard de la part des gens de la
wilaya, de la même enveloppe financière. D'aucuns disent que si Ghazaouet
n'attache aucune importance aux yeux des autorités de la wilaya, c'est à cause
du découpage administratif prochain qui risquerait de l'exclure de la wilaya.
Et même si c'était vrai, les Ghazaoutis ont beaucoup de mérite car leur daïra
est la seule dans la wilaya qui a des entrées en devises grâce au zinc qu'elle
produit au détriment de sa santé, de son port dont les échanges économiques
sont prospères sur tout un hinterland et sa production de poissons.
Un
autre regard doit être jeté sur cette ville qui accueille en son sein, tous les
jours, plus de mille émigrés et quelques étrangers obligés parfois à y passer
la nuit. C'est un peu la vitrine du pays. Et ce ne sont pas des tares qu'on met
dans une vitrine.
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Posté par : sofiane
Ecrit par : Belbachir Djelloul
Source : www.lequotidien-oran.com