Tlemcen - Honaine

Evocation, Abdelmoumène et l’armée almohade : Les Koumia en première ligne



Evocation, Abdelmoumène et l’armée almohade : Les Koumia en première ligne

Abdelmoumène, fondateur de la dynastie des Almohades, un parcours hors du commun.
Très bel ouvrage que celui de la non-moins belle collection «Art et culture» des années 1970, intitulé Abdelmoumène, signé Rachid Bourouiba. L’auteur y retrace le parcours hors du commun accompli par le Zénète Abdelmoumène, natif de Tadjra, à deux kilomètres à l’ouest de Honaine — ancien port du royaume de Tlemcen au XIIIe siècle — et néanmoins fondateur de la dynastie des Almohades. Laissons à présent l’auteur nous raconter ce fabuleux parcours.

Au lendemain de son intronisation en tant qu’émir des Almohades établi à Marrakech, «en même temps qu’il dotait son Etat d’une administration bien structurée, Abdelmoumène constitua une armée et une flotte très puissantes. La composition de l’armée a évolué sous le règne du premier calife almohade. Au début, elle ne comprenait que les tribus du Haut-Atlas marocain.
Par la suite, elle s’enrichit, au fur et à mesure des conquêtes, de nombreux autres éléments, tels que les Koumia, tribu d’Abdelmoumène, les Beni Ouamanou, les Beni Iloumi et les Beni Abd el Ouad, tribus zénètes du Maghreb central, les officiers de l’armée hammadite, les Béni Hilal recrutés en vue de la guerre sainte en Espagne, à l’issue de la conquête de l’Ifriqia, garde noire, milice chrétienne et archers kurdes venus d’Egypte».
A propos de l’intégration des Koumia dans l’armée almohade, Rachid Bourouiba cite l’auteur de «Raoud el Qirtas», Ibn Abi Zar’, qui rapporte l’anecdote ci-après : «Après la conspiration des frères du Mahdi contre Abdelmoumène, le calife n’ayant pu conserver aucun doute sur le danger qu’il courait, pensa que ce danger venait surtout de ce qu’il était étranger et n’avait autour de lui aucun confident ni garde de sa propre tribu ; alors il écrivit secrètement aux cheikhs des Koumia en les invitant à venir à lui à cheval, avec tous les hommes de la tribu qui auraient atteint l’âge de la puberté. En même temps, il leur envoya de l’argent et des vêtements.»

Les Koumia se réunirent au nombre de quarante mille pour venir à Marrakech servir de garde particulière à l’Émir

«Tout le Maghreb s’émut à l’apparition de cette armée, et dès son arrivée au fleuve Oum Er Rebi’, les Almohades, saisis de crainte, allèrent en hâte prévenir Abdelmoumène qui, faisant semblant de tout ignorer, donna ordre au cheikh Hafs Omar de se porter au-devant de ces étrangers avec les principaux chefs almohades et leurs hommes afin de leur demander ce qu’ils apportaient de nouveau. Les Almohades se mirent aussitôt en marche et, arrivés au fleuve Oum Er Rebi’, ils dirent aux Koumis : ‘’Que le salut soit sur vous ! Etes-vous amis ou ennemis ?’’. Ces derniers répondirent : ‘’Nous sommes de la tribu de l’Emir des croyants, Abdelmoumène Ibn Ali El Koumi Ez Zenati. Nous venons lui rendre visite’’. A cette réponse, Abou Hafs et ses compagnons retournèrent informer l’Emir, qui donna ordre à tous les Almohades d’aller à leur rencontre.
Les Koumia arrivèrent ainsi à Marrakech et leur entrée fut un jour de fête. Abdelmoumène les mit au deuxième rang entre les Gens de Tinmel et ceux de sa suite, puis les rapprocha de lui et il finit par s’en faire entourer quand il sortait.» Rachid Bourouiba poursuit son récit en citant cette autre anecdote : «Si nous en croyons les chroniqueurs, cette armée avait des effectifs très importants. C’est ainsi que l’un d’eux assure que pour la guerre sainte en Espagne, trois cents mille cavaliers almohades, arabes et zénètes vinrent se joindre aux troupes d’Abdelmoumène, qui ne comptaient pas moins de huit cent mille cavaliers et cent mille fantassins. A la tête de l’armée almohade, il y avait de brillants généraux parmi lesquels il faut citer Abdelmoumène lui-même, qui sortit vainqueur de tous le combats qu’il livra (…)».
Dans le même ouvrage de 143 pages bien encartées, l’auteur décrit aussi «l’éminent organisateur, le pieux musulman, le protecteur des savants et des poètes, le bâtisseur», etc. Pour les amoureux de l’histoire des dynasties almoravide et almohade, c’est là un fort bel ouvrage très documenté, richement illustré et d’une lecture des plus agréables. Encore faut-il pouvoir le trouver vu que c’est un beau livre qui date et qui, hélas, n’a pas été réédité.
D’après Rachid Bourouiba in «Abdelmoumène». Collection «Art et Culture», ministère de l’Information et de la Culture, Alger 1976, 143 pages).

Kamel Bouslama

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Abdelmoumène, selon l’auteur de Rawdh El-Kirtas

«Abd-El-Moumen était Zénète d’origine et son père était potier. Tout jeune, il s’adonna à l’étude et à la lecture du Coran dans les mosquées ; il fut amené au Maghreb (Maroc actuel) par El-Mehdy, qui le garda près de lui, et c’est ainsi que les décrets du Dieu très haut s’accomplirent.
Ce qui est certain dans son histoire, c’est qu’il était Zénète, de la tribu Koumya, et qu’il naquit à Tadjoura, endroit situé à trois miles du Port-Honeyn (Nemours-Ghazaouet-Algérie, ndlr).
El-Mehdy l’avait désigné comme son successeur et, à sa mort, gardée secrète selon ses ordres, Abd-El-Moumen fut reconnu imam par ses dix compagnons, qui tinrent aussi compte de la familiarité qui avait toujours existé entre eux, et de ces paroles que El-Mehdy répétait souvent en chantant : «O mon élève, tu réunis en toi toutes les qualités et tous, tant que nous sommes, nous apprécions tes vertus, ta générosité, ton noble cœur et ta belle figure.»
Et, en effet, chacun connaissait ses vertus, sa conduite, sa religion, son énergie, sa parfaite instruction et son bon sens».
(D’après Ibn Abi Zar’, «Rawdh el-Kirtas», le jardin des feuillets, Histoire des souverains du Maghreb et annales de la ville de Fez», écrit à Fez en 1326 par l’imam Abou Mohammed Salah Ben Abd el-Halim de Grenade ; traduit de l’arabe par Auguste Beamier, Paris, 1860 ; in «Histoire de l’Algérie», livres anciens numérisés).
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