Tlemcen - Dar El Mufti	(Commune de Tlemcen, Wilaya de Tlemcen)

Dar El Mufti : La maison oubliée de Hadj Djelloul Chalabi à Tlemcen


Dar El Mufti : La maison oubliée de Hadj Djelloul Chalabi à Tlemcen
Dans le cœur historique de Tlemcen, près de la vibrante Rue de Paris, se dresse une demeure discrète mais chargée d’histoire : Dar El Mufti, la maison de Hadj Djelloul Chalabi, mufti de la Grande Mosquée au début du XXe siècle. Ce lieu, aujourd’hui en désuétude, incarne une page méconnue de la résistance religieuse et nationaliste sous la colonisation française.
Un érudit au cœur de la résistance
Hadj Djelloul Chalabi, figure éminente du malikisme, était le mufti officiel de Tlemcen, chargé de prononcer les sermons à la Grande Mosquée, joyau almoravide du XIe siècle. Sous l’administration coloniale, qui imposait un contrôle strict des institutions religieuses, il portait publiquement des décorations françaises, signe d’un compromis apparent. Pourtant, son discours détonnait. Le 8 mars 1908, il marque l’histoire en dénonçant depuis le minbar la conscription obligatoire des Algériens dans l’armée française. Appelant à la Hijra (exode) vers l’est, il devint le "porte-étendard" d’une résistance symbolique, incitant de nombreux Tlemcéniens à fuir pour échapper à l’enrôlement.
Dar El Mufti : un patrimoine en péril
Située dans le quartier de Bab el-Hadid, à deux pas de la Rue de Paris (34.882° N, -1.313° O), la maison de Chalabi est une perle de l’architecture tlemcénienne. Avec son patio orné de zellige, ses arcs en stuc sculpté et ses balcons coloniaux en fer forgé, elle reflète l’élégance andalouse mêlée d’influences ottomanes et françaises. Autrefois lieu de vie, de réflexion juridique et de réunions discrètes, elle servait de centre intellectuel où le mufti recevait érudits et sympathisants nationalistes.
Aujourd’hui, Dar El Mufti souffre d’un abandon progressif. Non ouverte au public, elle reste visible depuis la rue, mais son état se dégrade faute d’entretien. Des photos récentes (2023) montrent une façade intacte mais fragilisée, avec des détails intérieurs – comme la cour à fontaine – menacés par le temps. Ce déclin contraste avec la richesse du patrimoine tlemcénien, protégé par le Parc national de Tlemcen et candidat au classement UNESCO.
Un appel à la préservation
Dar El Mufti n’est pas qu’une maison : c’est un symbole de la résilience culturelle et religieuse de Tlemcen face à la colonisation. Sa désuétude actuelle appelle une mobilisation urgente pour sa restauration. Les visiteurs de la medina, en explorant la Grande Mosquée ou le complexe de Sidi Boumediene, pourraient inclure ce lieu dans un circuit patrimonial, à condition que les autorités locales – contactables via l’Office du Tourisme de Tlemcen (+213 43 21 00 01) – s’engagent à le sauvegarder.
Pour en savoir plus, les archives coloniales (Bulletin Officiel d’Algérie, 1908) et les mémoires de Mohamed Badsi (2019) offrent des éclairages précieux. Dar El Mufti mérite de sortir de l’oubli pour rejoindre le récit glorieux de Tlemcen, la "Granada africaine".

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