Tlemcen - Beni Mester

COL DU JUIF, TLEMCEN : DEUX TUÉS, UN BLESSÉ GRAVE



COL DU JUIF, TLEMCEN : DEUX TUÉS, UN BLESSÉ GRAVE
Oran, 6 mars 1959. - Une opération est actuellement en cours dans le secteur montagneux situé entre Tlemcen et Turenne pour retrouver les auteurs de l'embuscade dirigée mercredi contre deux reporters américains et leur interprète, un jeune Allemand. Ce dernier et l'un des deux journalistes ont été tués. Leur compagnon est grièvement blessé.

Il était un peu plus de 19 heures mercredi lorsque des éléments de la 12e division d'infanterie rentrant d'une opération de contrôle dans le secteur du col du Juif entendirent plusieurs rafales de pistolet mitrailleur tirées en direction de Tlemcen. Les unités motorisées accélérèrent l'allure et, à 6 kilomètres de Tlemcen, au lieu-dit les Deux-Ponts, découvrirent sur la droite de la route nationale no 7, reliant Tlemcen à Oujda, une voiture américaine Ford, de couleur rouge.

La portière avant droite du véhicule, criblée de balles, était grande ouverte. Derrière l'automobile, appuyé au coffre, gisait le cadavre d'un civil âgé d'une soixantaine d'années. A l'intérieur de la Ford, sur le siège arrière, se trouvait un blessé et le corps d'un troisième passager, très jeune, atteint au ventre. Les coussins de l'auto étaient imbibés de sang et le pare-brise avait éclaté.

Le blessé, qui se trouvait dans le coma, fut aussitôt transporté à l'hôpital militaire de Tlemcen.

Après des soins chirurgicaux et des transfusions sanguines, il a pu faire dans la journée de jeudi le récit suivant de l'embuscade :

" ]e suis reporter photographe américain et mon nom est William Hobbs. Je suis âgé de vingt-sept ans. Mes deux compagnons gui ont été tués sont le conducteur de l'auto, Homer Flint Kellems, colonel de réserve de l'US. Air Force, soixante-cinq ans, reporter photographe, comme moi originaire de l'Arkansas, et un citoyen allemand, Raymond Eberle, âgé de dix-neuf ans, qui nous servait d'interprète.

" Nous avions quitté Oujda dans l'après-midi dans l'intention de coucher à Tlemcen. Nous devions ensuite reprendre notre route à travers toute l'Algérie pour gagner la Tunisie d'abord, la Libye ensuite. A 18 h. 30 nous considérions avoir accompli la partie la plus difficile de la route, puisque après avoir été contrôlés à deux ou trois reprises nous étions en vue de Tlemcen, qui nous apparaissait dans les dernières lueurs du soleil couchant. Soudain, peu avant une masse de ruines rougeâtres et à la sortie d'un virage, j'apercus des silhouettes sur les bas-côtés de la route et d'autres plus haut, en position de tir. Je pensais qu'il s'agissait d'un contrôle militaire lorsque des salves d'armes automatiques claquèrent. Eterle, qui se trouvait à mes côtés, s'affaisa mortellement touché. Moi-même je fus atteint, mais avant de perdre connaissance j'eus le temps de voir mon confrère américain ouvrir sa portière pour sortir, probablement pour dire notre nationalité à ceux qui nous avaient tiré dessus. Puis je perdis connaissance.



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