Abou Hammou Moussa II (en arabe : أبو حمو موسى الثاني), également connu sous le nom d’Abū Ḥammū Mūsā II, fut un sultan zianide qui régna sur le royaume de Tlemcen de 1359 à 1389. Son règne, qui s’étend sur trois décennies, est l’un des plus longs de la dynastie zianide et se déroule dans une période de grande instabilité politique au Maghreb, marquée par les rivalités entre les Zianides, les Mérinides et les Hafsides.
Origines et contexte
Abou Hammou Moussa II est né dans la première moitié du XIVe siècle, au sein de la dynastie zianide, fondée en 1236 par Yaghmurasen Ibn Zyan. Les Zianides contrôlaient Tlemcen, une ville stratégique située dans l’ouest de l’actuelle Algérie, qui était un carrefour commercial reliant le Maghreb à l’Afrique subsaharienne et à l’Europe. À son époque, le royaume zianide faisait face à des pressions constantes de la part des Mérinides (basés à Fès) et des Hafsides (en Ifriqiya, correspondant à la Tunisie et à l’est de l’Algérie), ainsi qu’à des luttes internes au sein de la dynastie.
Il succède à son frère Abou Zayyan Muhammad II en 1359, dans un contexte où Tlemcen avait été récemment occupée par les Mérinides. Ces derniers, sous le règne du sultan Abou Inan Faris, avaient pris le contrôle de la ville en 1352, forçant les Zianides à se retirer temporairement.
Règne (1359-1389)
Reconquête de Tlemcen : Dès son accession au trône, Abou Hammou Moussa II s’attèle à restaurer l’autorité zianide. En 1359, profitant du déclin temporaire des Mérinides après la mort d’Abou Inan Faris, il parvient à reprendre Tlemcen et à rétablir le pouvoir zianide dans la région. Cette reconquête marque le début d’une période de relative stabilité pour le royaume.
Résistance aux Mérinides : Tout au long de son règne, Abou Hammou Moussa II doit faire face aux ambitions des Mérinides, qui continuent de revendiquer Tlemcen. En 1370, le sultan mérinide Abou Faris Abdul Aziz tente une nouvelle invasion, mais Abou Hammou Moussa II réussit à repousser l’attaque, consolidant son contrôle sur le royaume. Il adopte une stratégie de diplomatie et d’alliances avec les tribus arabes locales pour renforcer sa position.
Développement culturel et économique : Sous son règne, Tlemcen connaît un essor culturel notable. Abou Hammou Moussa II patronne la construction de plusieurs monuments, dont la madrasa Yakoubia et la mosquée de Sidi Ibrahim al-Masmoudi, qui témoignent de l’importance accordée à l’éducation et à la religion. Tlemcen devient un centre intellectuel attirant des savants, notamment Ibn Khaldoun, qui séjourne dans la ville entre 1375 et 1379 et y rédige une partie de son œuvre majeure, le Kitāb al-ʿIbar.
Commerce et prospérité : En tant que carrefour commercial, Tlemcen bénéficie sous son règne d’un commerce florissant. Les caravanes reliant le Maghreb à l’Afrique subsaharienne transportent de l’or, des esclaves et des produits de luxe, tandis que les échanges avec l’Europe, notamment avec Gênes et Venise, apportent des textiles et des armes. Abou Hammou Moussa II maintient des relations commerciales stables, ce qui contribue à la prospérité économique du royaume.
Fin tragique
Malgré ses succès, la fin du règne d’Abou Hammou Moussa II est marquée par une tragédie familiale. En 1389, il entre en conflit avec son fils, Abou Tachfin II, qui se révolte contre lui. Les raisons exactes de cette guerre dynastique ne sont pas bien documentées, mais elle s’inscrit dans un contexte de rivalités fréquentes au sein des dynasties maghrébines. Lors d’une bataille décisive en 1389, Abou Hammou Moussa II est tué "les armes à la main", mettant fin à son règne de 30 ans. Abou Tachfin II prend alors le pouvoir, mais son règne sera de courte durée (1389-1393).
Héritage
Abou Hammou Moussa II est considéré comme l’un des souverains zianides les plus significatifs en raison de la durée de son règne et de ses efforts pour préserver l’indépendance de Tlemcen face aux menaces extérieures. Son patronage des arts et des sciences a renforcé le statut de Tlemcen comme centre culturel majeur du Maghreb. Cependant, les luttes internes au sein de la dynastie, illustrées par sa mort tragique aux mains de son fils, annoncent le déclin progressif des Zianides, qui seront finalement absorbés par l’Empire ottoman au XVIe siècle.
Sources
Les informations sur Abou Hammou Moussa II proviennent principalement des chroniques arabes médiévales, notamment celles d’Ibn Khaldoun, qui a vécu à Tlemcen sous son règne et a documenté l’histoire des Zianides. D’autres historiens maghrébins, comme Ibn al-Khatib, ont également mentionné son règne, bien que les détails soient parfois limités. Aucune trace archéologique de sa tombe ou d’une épitaphe n’a été retrouvée à ce jour.
Photo noir et blanc de la pierre tombale et épitaphe du sultan zianide Abou Hammou II (v.1910-1920)
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Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Hichem BEKHTI