Hachemi a été le premier à faire connaître le nom des Belatoui dans le monde du football et il pourrait être considéré comme le parfait archétype d?enfant de la balle. A l?âge de quatre ans à peine, il tapait à longueur de journée sur le ballon que lui avait acheté son frère Abdelmadjid.Voisin des Belmokhtar, autre grande famille sportive oranaise, Hachemi participait aux traditionnels matches de quartiers, lorsque Hadj Lahouari le remarqua sur l?esplanade de la gare ferroviaire, transformée chaque après-midi en stade par les jeunes du quartier. Il n?avait alors que douze ans.Mais afin de l?inclure en équipe minime (13-14 ans), il a dû évoluer sous une autre identité, celle d?un copain. Certes illégale, cette opération était certainement moins répréhensible que les fraudes qui consistaient à faire jouer un junior en cadet ou un cadet en minime.Cette seule particularité soulignait le talent très précoce de Hachemi qui, dès son entrée sur le terrain, faisait preuve d?une telle activité que son entraîneur a dû intervenir pour réfréner sa formidable ardeur. C?est que le jeune Hachemi - on le saura plus tard - avait un coeur de champion, avec un rythme cardiaque réduit. Après deux saisons à l?USMO, Hachemi signera à l?ASPTTO. C?est là que l?ancien gardien de l?USMO, Arroumia, dit «Barigou», le remarqua et l?emmena au club de la Pharmacie centrale où il avait la charge de l?équipe junior. Titularisé de suite en équipe fanion en raison de son imposante constitution physique et de son efficacité, il y restera deux saisons, avant d?aller effectuer le service national. Et, tout naturellement, il sera titulaire de l?équipe nationale militaire.Dans son for intérieur, une fois revenu à la vie civile, il ne pensait à évoluer qu?au MCO, d?autant que son père Hadj Mohamed était un supporter du Mouloudia dès 1946. A tous ses enfants d?ailleurs, Hadj Mohamed a intimé l?ordre de ne signer qu?au Mouloudia. Hélas, le test imposé par Saïd Amara ne fut pas concluant en 1977; et là, il faut préciser que l?effectif du MCO était d?une richesse exceptionnelle. Le destin a donc mis sur son chemin Kaddour Bekhloufi qui n?a jamais hésité à lancer des jeunes dans le bain de la compétition. Il faut dire qu?à l?ASCO de la réforme, il s?est retrouvé aux côtés de grands joueurs tels Tasfaout Hamida, les frères Guemri, Mechri, Emtir, Belhadj, Kessaïri, Benslimane, Benaoudène, Belmir, Boukar, Belkhira, Bouziane, Djabali, Aïssaoui, Chaïb, Moumen, Lefdjah, Bouhizeb Mokhtar, Kébir, Séghir, Benhalima, Kechamli et Berkane Krachaï. C?était une sacrée brochette qui a laissé de beaux souvenirs aux amateurs de beau football en général et aux fans asémistes en particulier.Après la finale de la Coupe d?Algérie perdue à Sidi Belabbès, et dont les péripéties vous sont marrées par ailleurs, Belatoui, à l?instigation de Mechri, opta pour le Widad de Tlemcen. Il ne le regrettera pas puisque l?année dernière, donc bien longtemps après, il avouera «avoir passé à Tlemcen les meilleures années de sa vie», ce qui dépasse largement le cadre sportif. «J?étais aimé par tous les habitants», précisera-t-il. Il faut dire que le joueur a été constamment à la hauteur de sa réputation en inscrivant de nombreux buts, avec une accession à la clé en 1983-1984, où le WMT a fait la loi aux côtés de la JCM Tiaret en Nationale II Centre-Ouest. D?ailleurs, en poule finale, le Wided a pris le meilleur sur la JCM Tiaret. Excepté une parenthèse en 1982-1983 à l?USMBA, Hachemi a donc fait l?essentiel de sa carrière au Widad de Tlemcen. Une fois de retour à Oran, et en dépit du poids des ans, il jouera encore plusieurs saisons au Nadit (USMO) et au Nasr Es-Sénia. Employé à l?ONACO, et après dissolution de cette entreprise, il prendra la gérance du café familial.Il est inutile de chercher à dissimuler la réalité: Hachemi Belatoui est malade, très malade. Depuis deux mois, il est alité, ce qui nécessite des soins appropriés et constants, sous l?oeil vigilant de son frère Abdelmadjid, qui est un retraité du secteur de la santé. Au fil des jours, le mal fait son oeuvre, inexorable, sans qu?aucune amélioration soit constatée.Ce qu?il y a lieu de souligner, c?est le formidable élan de solidarité de toute la famille du football. Même les anciennes stars du football lui ont rendu visite. On ne peut les citer en totalité, mais sachez que Belloumi, Belkedrouci, Kechra, Guemri, Belmir et bien d?autres sont venus à son chevet. L?autre jour, c?est une importante délégation de Tlemcen qui est venue prendre de ses nouvelles, avec les Bouali, Naïr, Brahimi, sans oublier les dirigeants du WAT anciens et actuels. Même Bahmane Abdelkader, pourtant lui-même préoccupé par son propre état de santé, a effectué le déplacement. Et là, on mettra en exergue une émouvante anecdote. Hachemi, bien très affaibli par la maladie, a tenu à s?extirper de son lit et à se lever. A son frère Abdelmadjid qui s?inquiétait, Hachemi lui rétorqua: «C?était mon entraîneur et je ne peux le recevoir allongé sur mon lit !» Bel exemple de respect d?un joueur qui a bien assimilé les principes inculqués dès sa plus tendre enfance alors qu?il n?avait pas encore atteint la catégorie minime. Ce jour-là, des larmes discrètes ont coulé des deux côtés.Il y a quelques mois seulement, avant que la terrible maladie n?entame son oeuvre, il avait pleuré de joie lorsqu?il a rencontré Hadj Lahouari, son premier entraîneur. Des larmes de joie qui montrent que Hachemi et un homme sensible sous un physique de battant. A ce sujet, on rappellera qu?à l?occasion d?un certain match WAT-MCO (2 à 0), qui l?a opposé à son jeune frère Omar, il lui a dit textuellement: «Pendant 90 minutes, je vais oublier que tu es mon frère et j?insiste pour que tu observes la même attitude, car nous devons faire preuve de loyauté et honorer les maillots que nous portons !». Encore un bel exemple de sportivité dont feraient bien de s?inspirer les générations actuelles et à venir.Sollicité par un confrère à propos de la finale de la Coupe d?Algérie livrée en 1981 à Sidi Belabbès, il n?hésitera pas à apporter son témoignage: «Nous n?avons bénéficié d?aucune préparation spéciale, en dépit du fait que la 2ème RM a mis ses installations à notre disposition. L?ASCO était dirigée par un comité composé d?administratifs étrangers au club.Nous avons été hébergés à la Munatec de Canastel et nous nous sommes déplacés à Sidi Belabbès le matin, le jour de la finale, alors que l?USMA se trouvait sur place depuis deux jours, afin de s?entraîner sur le gazon de ce stade. Pour notre part, à cette époque, nous étions habitués à jouer sur du tartan. Enfin, nous étions privés d?un titulaire important, Mechri, incorporé au sein de la 2ème RM, qui, elle, a remporté la Coupe d?Algérie militaire. Je me souviens que nous n?avons reçu aucune prime, bien que nous ayons atteint la finale, ce qui est tout de même une performance très appréciable. Au départ donc, les dés étaient pipés».Avec le temps, pour lui, même cette finale reste tout de même un très beau souvenir. Ayant passé de nombreuses années au sein de l?ASMO et du WAT, Hachemi a instruit ses frères et ses enfants pour ne pas publier des photos d?équipe de l?ASMO et du WAT où il figure, craignant des successibilités d?une des deux parties !Son plus grand regret ? C?est d?avoir vendu son logement et d?avoir quitté Tlemcen pour Oran. C?est dire les attaches qu?il avait tissées au fil des huit années passées dans la capitale des Zianides. Hachemi Belatoui, un athlète au grand coeur!Â
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Posté par : sofiane
Ecrit par : Adjal Lahouari
Source : www.lequotidien-oran.com