Tlemcen - PHOTOGRAPHIE

Accident de chemin de fer de Tlemcen, 1932



Accident de chemin de fer de Tlemcen, 1932


MEMOIRE : La catastrophe de Turenne en Algérie (14-09-1932)
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Nos quotidiens ont relaté dans ses moindres détails le terrible accident qui endeuille l’Armée française et la grande famille des Cheminots.

On connait le sinistre : un train de marchandises de la compagnie PLM qui transportait de Bel-Abbés au Maroc un détachement de la Légion composé de 2 officiers, de 27 sous-officiers et de 481 légionnaires a déraillé mercredi 14 septembre vers 15 heures à 4 kms de Turenne, entre Tlemcen et Oujda, précipitant son chargement dans un ravin qui longe la voie.



Les causes : un ballast dégarni outre mesure dans une courbe dangereuse et d’où les rails se sont dégagés.



Les responsabilités ? Une enquête les recherche.



Dès 16 heures 30, la pénible nouvelle arrivait à Bel-Abbés accompagnée des bruits les plus contradictoires, des commentaires les plus divers.



Qui connait l’affection de notre ville pour « sa Légion » comprendra combien était vive l’émotion générale en ces heures douloureuses.



Voir partir pleins de courage et d’entrain, ces hommes jeunes et robustes, et les savoir écrasés sous un amas inextricable de bois et de fer, était chose incroyable, impossible presque.



Huit cheminots les accompagnaient, victimes eux aussi du devoir.



Il fallait se rendre à l’évidence. La fatalité implacable avait touché du doigt ce convoi qui gisait à quelque quatre-vingt mètres en bas du remblai tragique.



Les secours s’organisèrent, rapides, dévoués. Des équipes d’hommes, fiévreux, infatigables, ramenèrent sur la voie des blessés, des agonisants, des cadavres.



Au long des jours le bilan prit une importance sinistre et à l’heure où paraissent ces mots, rien n’est encore définitif. La compagnie PLM a payé un lourd tribut au destin. Cinq hommes travailleurs du rail, consciencieux et fidèles ont laissé leur vie dans le sombre ravin de Zitoun. Nommons ces victimes du devoir : chef de train BELTRA, mécanicien PRIETO, contrôleur PASQUIER, wagonnier DE CRUZ, homme d’équipe FORSTER.



L’Armée pleure ses disparus et ceux, qui grièvement touchés, ne pourront plus porter l’uniforme.



Samedi matin, 52 corps arrivaient en gare de Bel-Abbés. Des funérailles émouvantes leurs furent faites avec le concours de toute la population. Vouloir les décrire serait en amoindrir leurs grandeurs.



Face à ces cercueils où gisaient ceux qui, cherchant la gloire, n’avaient trouvé, par une ironie cruelle du destin, qu’un trépas sans éclats, le général ROLLET fit l’appel des morts… Instants douloureux, tandis que dans le ciel, couvert comme en décembre, des avions apportaient l’hommage ému de leurs frères de l’Armée des Airs.



Quatorze camions-automobiles, dont le funèbre chargement disparaissait sous un monceau de fleurs, traversaient la ville silencieuse, recueillie, sous la lumière voilée des ampoules. Au passage du cortège, dont l’imposante masse s’étendait à perte de vue, des milliers de personne adressaient aux disparus un douloureux adieu.



Ce matin 4 corps sont allés les rejoindre au champ de repos où ces braves dormiront leur dernier sommeil dans la vénération publique.



Qu’à eux, comme aux cheminots tombés à leur poste, la terre soit légère …



Profondément ému « le Progrès » s’incline bien bas devant les tombes de ces victimes du devoir, forme des vœux de prompte guérison pour les 217 légionnaires, dont 40 amputés, qui souffrent actuellement sur des lits d’hôpitaux et adresse à la glorieuse Légion et à la grande famille des cheminots, avec l’assurance de sa douloureuse sympathie, l’expression sincère de ses condoléances.



« LE PROGRES »

Les morts :

A/C LEISSLER Charles, S/C GUTJAHR François, SGT EDELSON Michel, KOCH Oscar, et MERTEN Heinrich, C/C COCHERANE John, COTTENBOURG Klaus, PITTER Martin, les caporaux APELDT Werner , les Légionnaires ANDREA Pierre, ANGELDT Werner, BACHINGER Hans, BARFETTE Séraphin, BERNIER Robert, BRAND Chan, CHASSIER Lucien, CZULY Stanislas, CZYOWIEZ Paul, DELROUS Jean, ELMOS Osman, FILIPOWIEZ Jean, GENET Gaston, GUY Etienne, HOHN Frantz, KUHMANN Auguste, KURTH Klaus, KUTEREBA Jean, LINE André, MANZA Charles, MARCINOW Théodor, MAREK Alain, MORIN Francisque, NOWAK Franiézek, PEREZ Jean, PERIE Paul, PFLEPSEN Jouffray, PIOTROWSKI Joseph, RATLER Friedrich, RESLER, ROMOZ Gaétan, RUET Télémaque, RYL Jean, SABOTIER Léon, SCHNEIDER, SCHNEIDER Franz, SCOPEL Luigi, SOMMER, STOLL Henri, STRASZAK Ludjos, TILLMAN Pierre, TOLLEZ Emile, TOMEZYK Stanislas, TROCKEL Fritz, VAN DE BRUSSEL , WAHRAM Charladjian, WASTELS Alphonse, WASZKIEL Jean, WRONA Joseph, YOUNG Auguste.



Major (er) MIDY.FSALE-En charge de la mémoire-



SOURCES : Archives du BALE (Bureau des Anciens de la Légion étrangère).

Journal « le PROGRES, le quotidien de Bel-Abbés » du 21 septembre 1932.

Photos : GALLICA.







Un monument érigé en 1934, en contre-bas de la voie ferrée, rappelle ce douloureux évènement.





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