Tizi-Ouzou

Prémices d'un retour à la case départ



Sans le gel du décret 20-313 portant cahier des charges des industries de l'électroménager, l'avenir de l'entreprise demeure incertain, et le plan social qui a été évité lors du précédent arrêt technique risque de s'imposer de lui-même.La mise en congé annuel anticipé des travailleurs de l'Eniem pour cause de rupture de stocks des matières premières dans toutes les unités de l'entreprise vient encore semer le doute quant à l'incertitude qui entoure l'avenir et le devenir de cet ancien fleuron de l'industrie nationale dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui emploie 1 700 employés.
En effet, dans une note signée par le nouveau P-DG de l'entreprise, en commun accord avec le partenaire social, l'UGTA, et en l'absence du comité de participation, est-il précisé dans le document, la direction de l'entreprise a annoncé aux travailleurs l'anticipation du congé annuel au 6 juin prochain.
À travers la même note, la direction de l'Eniem a rassuré qu'elle ne ménage aucun effort quant à l'approvisionnement en matières premières dans les délais souhaités, afin d'assurer une reprise d'activités régulières à partir du 7 juillet prochain, soit un mois après.
Commentant cette nouvelle décision, Mohand Amara, l'un des représentants du syndicat de l'entreprise, a estimé que ce n'est pas l'anticipation du congé annuel qui pose problème mais plutôt cette situation de retour à la case départ et l'incertitude qui pèse sur l'avenir de l'entreprise.
"Concernant l'anticipation du congé, il n'y a pas le feu. Habituellement, le congé des travailleurs était programmé pour le mois d'août, mais il vient d'être avancé à juin et la reprise de la production est programmée pour juillet, date à laquelle est prévu le premier arrivage de matières premières", nous a-t-il expliqué.
Seulement, a-t-il affirmé, sans le gel du décret 20-313 portant cahier des charges des industries de l'électroménager, l'avenir de l'Eniem demeure incertain, et le plan social qui a été évité lors du précédent arrêt technique risque de s'imposer de lui-même.
"Le nouveau cahier des charges exige un taux d'intégration de 60%. Or, on ne peut pas exiger une intégration directe alors que la chaîne de fabrication de l'Eniem date des années 70, d'où, d'ailleurs, notre demande d'opter pour une intégration graduelle qui permettra de renouveler nos machines progressivement", a estimé Mohand Amara, pour qui ce décret pénalise, à vrai dire, toutes les entreprises publiques. "Si leur objectif est de fermer les entreprises publiques, ils n'ont qu'à le dire !", a-t-il lâché.
Revenant sur le plan de sauvetage de l'Eniem déjà annoncé, ce représentant syndical reste sceptique. "Ce plan de relance proposé par l'ancienne direction de l'entreprise était basé sur la suppression de 50% de l'effectif de l'entreprise, ce que nous avons pu vérifier avec la nouvelle direction.
En l'absence d'un nouveau plan de sauvetage, le plan social risque encore aujourd'hui de s'imposer de lui-même", craint-il, estimant que le seul souci des travailleurs est surtout le devenir de leur entreprise.
Revenant sur le dernier courrier adressé au président de la République, Mohand Amara a affirmé que la seule réponse à cette lettre a été adressée à la Centrale syndicale lui demandant de prendre en charge le problème. "Seulement, ce que vit l'Eniem ne relève pas de la compétence des travailleurs ou de leur syndicat, mais plutôt des prérogatives du gouvernement qui doit, notamment, geler ce décret qui bloque les entreprises publiques", a réagi ce syndicaliste.
À rappeler que dans ce courrier adressé au président de l a République, les travailleurs avaient soulevé le problème d'intégration exigé par le cahier des charges dans la gamme des produits froids qui est de 60%, alors que l'Eniem avoisine seulement les 30% d'intégration. "En somme, l'Eniem est aujourd'hui dans l'?il du cyclone, confrontée, d'une part, à de sérieuses difficultés financières et, d'autre part, totalement bloquée par les conditions drastiques du cahier des charges", ont-ils écrit dans ce courrier.

K. TIGHILT
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