Photo : Riad
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Lakhdar Siad
Les habitants de la région de Tizi Ouzou ont été soumis plus d'un mois durant à des pressions multiples souvent perçues comme des attaques et autres privations injustifiées créant ainsi un climat lourd dans la plupart des localités. Des tensions autour de commodités et besoins de base tels que les prix pratiqués sur certains produits alimentaires ont été assimilés à des provocations de premier ordre par la vox populi. Des rumeurs sur des émeutes généralisées ont d'ailleurs alimenté les réseaux sociaux sur la toile ces derniers jours, prévoyant un embrasement total de la Kabylie. Plusieurs cas de révoltes et de grogne sociale prolongée ont justifié ces informations en raison de la sensibilité des manquements au concept de service public et de non-assistance avérée à personne en danger constaté lors des dernières semaines de cet été qui pourrait être qualifié de l'un des plus chauds par la canicule qui y a sévi, l'ampleur des incendies criminels et les extrapolations politiques inhérentes dans la région de Kabylie. Déjà bien avant le début du mois de carême, la tension était perceptible après une année marquée par des augmentations ahurissantes des prix des produits agricoles prisés par la population parce que pas beaucoup chers et plus ou moins disponibles sur le marché domestique. La pomme de terre, «intrant» principal dans l'alimentation locale, a fait parler d'elle pendant des mois pour cause de la multiplication par trois ou plus de son prix moyen habituel dans les magasins d'alimentation de la région de Kabylie. A cela s'ajoute que des fruits et légumes de saison, dont les prix étaient jadis abordables, sont devenus hors de portée des bourses moyennes (qui constituent l'écrasante majorité des salariés) sans parler de la galère des travailleurs saisonniers ou journaliers, sans assurance, qui ont un mal monstre pour nourrir leur progéniture et leurs parents vieillis, sans bénéfice d'assurances sociales de travail ou aide des filets sociaux désuets. Aussi, le hasard a mal tourné pour les chasseurs d'occasions d'été et leurs calculs ont été faussés pour la troisième ou quatrième fois consécutives par la coïncidence du mois de carême avec la saison estivale. Plagistes et locataires temporaires sont en déroute ! D'autres événements plus graves se sont produits durant cette période. Plus graves parce qu'ils concernent la collectivité, son bien être minimal et des commodités indiscutables remises en cause par une gestion publique approximative, aléatoire et peut-être même politicienne (une hypothèse qu'approuvent de nos jours les anonymes parmi les habitants de la région de Kabylie). Le mois passé aura été donc celui de la flambée des prix de première nécessité, des longues coupures de courant électrique avec leurs retombées sur l'état psychologique des foyers déjà stressés, de la crise d'eau potable et des incendies criminels survenus dans les 67 communes que compte la wilaya de Tizi Ouzou emportant des milliers d'hectares de forêts, d'arbres fruitiers et de maquis. A la même période et au sujet des mêmes préoccupations basiques, plusieurs centaines d'habitants des villages d'Aït Bouyahia et Aït Khalfoun, daïra des Aït Douala, à une quinzaine de kilomètres seulement du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou, avaient bloqué la principale rue de la ville en guise de mécontentement pour cause de manque récurrent d'eau potable notamment. «Nous demandons de l'eau potable !», criaient les protestataires au niveau du siège de la sûreté de daïra locale. Des villages restés sans une goutte d'eau des semaines durant en pleine période de canicule, les températures frisant ou dépassant souvent les 40 degrés. Dans la même région des Aït-Douala, la pénurie d'eau potable a même provoqué des tensions entre villages du même patelin. Un groupe de villageois restés sans eau pendant des jours a fermé des vannes d'eau privant d'autres villages limitrophes d'approvisionnement. Et comme le ridicule ne tue pas, il faudra savoir que de grands terrains de ces villages assoiffés ont été déclarés propriété de l'Etat, donc les propriétaires expropriés, pour permette la construction du «grand» barrage de Taksebt qui alimente Boumerdès, Alger, Blida et' Tizi Ouzou. Cette semaine, des habitants du village de Cheurfa, daïra des Ouadhias, au sud de Tizi Ouzou, ont manifesté contre la pénurie d'eau. La RN 30, le siège de la daïra et celui de l'agence locale de l'ADE ont été bloqués pendant toute la journée. Ceux du village d'Imyisen, à Makouda, au nord de Tizi Ouzou, avaient fermé les sièges de l'APC et de l'ADE et ceux de Sidi Naâmane ont fermé pendant plus de quinze jours le siège de l'APC pour la même raison. Cet été aussi a été marqué par des incendies incroyablement gigantesques qui ont ravagé une bonne partie de la couverture végétale de Kabylie. Ces incendies dont le déclenchement reste douteux aux yeux de beaucoup de victimes et observateurs ont poussé des dizaines de jeunes de la localité déshéritée d'Aït Yahia Moussa, extrême sud de Tizi Ouzou, à affronter des militaires d'une caserne locale accusés de mettre le feu à leurs oliveraies.Un été de toutes les exagérations en Kabylie.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L S
Source : www.latribune-online.com