Un vibrant hommage lui a été rendu L'ombre d'El Anka a plané

Publié le 23.03.2024 dans le Quotidien l’Expression

Le summum de l'émotion a été atteint quand El Hadi, fils du Cardinal, également artiste, monta sur scène, exhibant un mandole, qui, un jour, a appartenu à son père El Hadj M'hamed El Anka.
La soirée d'hommage à El Anka a été tout simplement magique. L'organisation a été impeccable, à la hauteur du grand artiste que fut le fils de Taguersift et de la Casbah d'Alger . L'aspect technique a été au top.

Le choix des artistes qui se sont produits a été des plus judicieux. L'ensemble des ingrédients pour la réussite de cet hommage était en effet réuni. Dommage!

Le temps n'a pas suffi pour pouvoir se rassasier des prestations magnifiques d'un Mahdi Tamache, d'un Abdelkader Chercham ou encore d'El Hadi El Anka. Mais aussi de Rachid Bellik et Madjid Benmihoub. Chacun de ces cinq artistes et non des moindres, a abreuvé le public de chansons qu'El Anka avait l'habitude d'interpréter de fort belle manière et de manière différente à chaque fois grâce à son génie inimitable caractérisé par les improvisations interminable et succulentes. C'est tout naturellement qu' El Mahdi Tamache a commencé la soirée par un certain tube culte intitulé «El hamdou lilah mabqach istiimar fi bladna». Nous sommes le 19 mars et c'est la fête de la Victoire, victoire contre une barbarie coloniale de laquelle le peuple algérien digne et fier s'est extirpé courageusement après sept années de guerre, de sang et de larmes. La direction de la Culture et des Arts de Tizi Ouzou a d'ailleurs choisi sciemment cette date pour la tenue de cet hommage à l'un des plus importants hommes de culture algériens de tous les temps. El Mahdi Tamache a enchainé avec les grands titres de la chanson chaâbie avant de laisser la place à El Hadi El Anka, qui a confirmé que le mandole qu'il tenait entre ses mains n'est autre que celui avec lequel son père, un géant, se produisait dans des soirées mythiques et légendaires. Il interpréta à son tour, quelques titres phares de la chanson chaâbie et n'omit pas de chanter l'inénarrable chanson d'El Anka, Lehmam, que le public a particulièrement applaudie. Un public constitué de toutes les tranches d'âges et des deux sexes.

Les familles étaient également présentes en force car sachant que la soirée ne pouvait être que familiale et surtout caractérisée par un calme olympien. On entendait de temps à autre, des youyous stridents, qui fusaient de différents endroits de la salle. L'ambiance n'a pas changé d'un iota au fur et à mesure que les artistes se succédaient sur scène: Madjid Benmihoub, Rachid Bellik et Abdelkader Chercham. Les cinq artistes étaient aux anges, et l'ont dit, d'avoir été convié à rendre hommage à un maître de la trempe d'El Anka dont ils ont tous dit qu'ils étaient soit ses élèves directs soit ses élèves indirects. Mahdi Tamache a affirmé qu'El Anka était plus qu'un maître pour eux: «Nous étions ses enfants, il nous considérait comme son fils El Hadi, qui est aujourd'hui parmi nous». Rachid Bellik, un mordu d'El Anka a également dit toute sa joie de rendre hommage à celui qu'il a toujours considéré comme étant le meilleur artiste de tous les temps. Bellik qui adule El Anka, est émerveillé de se retrouver aujourd'hui parmi ces étoiles de la chanson chaâbi, pour honorer la mémoire de celui qui a tracé le chemin à tous les autres chanteurs du genre, venus après lui, le fondateur et le novateur de la chanson populaire chaâbie.

L'immoralité d'El Anka a été confirmée en cette soirée mémorable et magnifique qui a eu lieu dans le cadre des soirées, spécial Ramadhan, qu'abrite quotidiennement la grande salle de spectacle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri.
Aomar MOHELLEBI