Tizi-Ouzou - Poterie


Dans toute la Berbèrie, il existe une forme d´art bien plus modeste que l´architecture, mais qui révèle les caractères propres et la permanence extraordinaire des techniques dans le monde berbère, il s´agit de la poterie modelée.
Puis ce fut le tour du potier et le développement d´une céramique (poterie tournée), souvent décrite sous le nom restrictif de poterie kabyle, cette céramique garde des caractères très archaïques dans sa fabrication comme dans sa morphologie et son décor.
C´est une production exclusivement rurale, façonnée à l´aide de colombins courts superposés à un fond plat. Ce type de poterie est bien connu, il a existé dans tous les pays méditerranéens avant l´introduction du tour de potier et le développement d´une céramique citadine de caractère industriel. Alors que la poterie tournée éliminait progressivement la céramique modelée tout autour de la Méditerranée, seul le Maghreb conservait, très vivace jusqu´à nos jours, cette technique archaïque.

Confectionnées par les femmes, cette poterie, qui est cuite à feu libre, ou dans une fosse peu profonde, se révèle peu coûteuse et correspond aux besoins familiaux. Aussi ne fait-elle guère l´objet d´un commerce, à l´exception de quelques formes particulières comme les plateaux en terre micacée, qui étaient vendus par les hommes dans les tribus voisines.
A l´archaïsme de la technique, qui est exactement la même que celle qui a donné les poteries des monuments protohistoriques, correspondent des formes qui rappellent invinciblement celles des poteries des pays méditerranéens de l´Age du Bronze et de l´Age de Fer, particulièrement celles de Sicile et de la péninsule italique.
Certes la similitude des formes peut n´être que la conséquence naturelle de l´usage de la même technique. Cependant des détails, apparemment insignifiants, sont bien trop précis pour être négligés. Tels vase à filtre vertical ouvrant sur un bec en goulotte, connus dans les nécropoles protohistoriques de Gastel (région de Tébessa), en Algérie et de Magraoua (région de Maktar), sont bien des formes rares qui ont leurs pendants exacts dans les tombes de la fin de l´Age de Bronze de Sicile et du Basilicate.
La céramique de l´Aurès possède encore des anses à poucier, inconnus dans le reste du Maghreb, qui sont identiques à celles des poteries du type de la Polada (Age du Bronze d´Italie).
La poterie actuelle, comme les vases anciens, présente dans l´ensemble les plus fortes analogies avec les produits de la Sicile préhistorique.
Il existe des poteries dont les motifs en brun sont peints directement sur la pâte lissée. C´était le cas sur certains vases protohistoriques, ce l´est encore pour les poteries du Sud tunisien. Plus fréquemment les vases sont recouverts d´un englobe avant d´être peints. Cet englobe peut être blanc, comme c´est la règle absolue dans la Petite Kabylie et le nord-ouest de la Tunisie. Sur cet englobe blanc sont peints les motifs en brun ou en noir. En Grande Kabylie, on emploie concurremment un englobe rouge qui est toujours très soigneusement poli et sur lequel les motifs sont tracés en noir, exceptionnellement en blanc.
Les motifs sont très diversifiés malgré l´apparente monotonie qu´engendre un géométrisme triangulaire triomphant dans toutes les régions.
Sur ces poteries, on peut trouver, en plus du décor géométrique habituel auquel ils s´imbriquent curieusement, des motifs floraux et végétaux.
Ces mêmes motifs géométriques peints sur les vases ou sur les murs, incompris aujourd´hui de ceux et de celles qui les reproduisent traditionnellement, se retrouvent aussi bien dans les tissages et les tatouages. Les noms imagés qui leur sont données (le soldat, le papillon, l´œil de l´âne,...etc.) révèlent bien leur origine figurative et permettent parfois de leur retrouver une signification primitive.
Il existe des vases qui sont encore actuellement décorés dans le style de Tiddis (IIIème siècle av J.C). Non seulement les motifs sont identiques, mais aussi la composition, le découpage de l´espaces et l´équilibre des représentations. On a retrouver, sur une assiette peinte en 1955 dans le nord de l´Ouarsenis, le décor gravé sur coquilles d´œuf d´autruche puniques datant du VIème siècle avant notre ère.


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