Tizi-Ouzou - Boghni

Pilier de la chanson algérienne Akli Yahiatène fête ses 91 ans



Pilier de la chanson algérienne Akli Yahiatène fête ses 91 ans
Publié le 19.02.2024 dans le Quotidien l’Expression

Le géant de la chanson algérienne d’expression kabyle et arabe, Akli Yahiatène vient de fêter ses 91 ans dont plus de 70 ans ont été consacrés à l’art, dans sa plus belle expression.
C'est vendredi dernier, 17 février, que le digne fils d'Ath Mendès, près de Boghni (40 kilomètres au sud de la ville de Tizi Ouzou) a bouclé ses 91 ans. Toute une vie dédiée à la chanson, à la poésie et à la musique. Akli Yahiatène qui est l'un des monuments de la chanson kabyle, toutes générations confondues, est né le 17 février 1933 à Boghni, région à laquelle il est resté attaché durant toute sa vie en dépit du fait qu'il s'est éloigné d'elle plusieurs fois, depuis sa prime jeunesse. Mais, à l'instar de pas mal d'autres chanteurs, il demeure viscéralement lié à son berceau natal qu'il a chanté et vanté dans plus d'un texte. Tout comme son village natal, sa région et son pays ont été également au centre de plusieurs textes chantés par l'immense Akli Yahiatène, qui, comme plusieurs chanteurs de sa génération, a déploré la condition des émigrés algériens en France.

Le fait de vivre loin de son pays est une source de souffrance indicible qu'Akli Yahiatène décrit parfaitement dans ses chansons. Certaines sont devenues des hymnes à la patrie comme «A tamurt-i tamurt idurar» ou encore la mythique «Yal menfi» sans oublier bien sûr la chanson culte «Jahagh bezzaf dameziane». Cette dernière est tellement émouvante qu'elle a été reprise par le maître de la chanson chaâbie Amar Ezzahi. C'est, d'ailleurs, la seule chanson en kabyle interprétée publiquement par Amar Ezzahi. C'est dire à quel point la chanson d'Akli Yahiatène, «Jahagh Bezzaf dameziane» est prégnante et profonde. Dans cette chanson ayant marqué plusieurs générations de fans, Akli Yahiatène compare la douleur de l'exilé à celle d'un orphelin, car, chante-t-il, le fait de vivre loin de son pays, est synonyme de privation des siens. En plus de sa voix d'une beauté inénarrable, Akli Yahiatène a réussi durant sa carrière, à composer des chansons, qui sont dans leur majorité des chefs- d'oeuvre. Chacune de ses chansons reflète un génie artistique créateur tout particulier. Comment ne pas qualifier la chanson «Ayakham dachou ikyoughen» de chef - d'oeuvre artistique? En plus de la composition digne d'un musicien sorti des grandes écoles, le texte de cette chanson invite à la nostalgie et à la médiation. Il donne lieu à plusieurs interprétations. Chaque mélomane, en fonction de son imaginaire et de sa propre expérience, pourrait en comprendre ce qu'il voudrait. «Akham», dans cette chanson, peut à la fois être une simple demeure, tout comme il pourrait signifier, sa patrie, son village, un nid d'amour, un refuge de solitaire... Akli Yahiatène laisse la voie ouverte à toutes les explications possibles. C'est là que réside, entre autres, la force de ce texte poétique qu'on ne se lasse pas d'écouter à l'infini. Quant à la chanson, «Zrigh ezzine di Michelet», qui est également un chef -d'oeuvre, Yahiatène y invite à une balade dans les profondeurs de sa Kabylie et de son Algérie, où il emmène l'auditeur à une visite guidée sur fond artistique. Combien de générations ont été bercées de fort belle manière par cette chanson unique en son genre.

Un autre titre, qui fait partie de ce qu'il y a de plus beau dans le répertoire de la chanson kabyle, est indéniablement «A tharemmant». Ici aussi, Yahiatène abreuve ses fans avec une composition musicale des plus succulentes tout en lui proposant un texte poétique regorgeant de métaphores, pouvant également donner lieu à plus d'une interprétation.

À plus de 85 ans, Akli Yahiatène a édité un nouvel album intitulé «Ammi» (mon fils). C'est un cas unique dans les annales de la chanson algérienne, voire mondiale, qu'un artiste produise un nouvel album à un âge aussi avancé. C'est dire qu'Akli Yahiatène est un cas qui n'a pas son équivalent dans la chanson, lui qui a chanté aussi bien en kabyle qu'en arabe, et qui a côtoyé les sommités de la chanson à une époque où chanter n'était donné qu'aux artistes qui avaient un talent extrêmement prononcé et avéré.

Aomar MOHELLEBI

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