Tizi-Ouzou - Ouadhia

Ouadhia (Tizi Ouzou) - IL S’EST LANCÉ DANS LA CULTURE DES CHAMPIGNONS À ATH BOUADOU: Le projet ambitieux de Jugurtha Mohamed Arab



Ouadhia (Tizi Ouzou) - IL S’EST LANCÉ DANS LA CULTURE DES CHAMPIGNONS À ATH BOUADOU: Le projet ambitieux de Jugurtha Mohamed Arab


Ce jeune de 34 ans a déjà conquis de nombreux clients et a déjà décroché un contrat avec une école de formation à Tizi Ouzou pour faire profiter d’autres jeunes de son expérience.

Grâce à trois producteurs qui se sont lancés dans cette filière, la culture du champignon dit bio fait désormais son petit bout de chemin dans la wilaya de Tizi Ouzou. Le jeune Jugurtha Mohammed Arab est l’un de ces trois producteurs dont l’expérience a été une remarquable réussite.

Il s’est lancé dans cette culture dans son village, Ath Maâlem, dans la commune des Ath Bouadou, où il a créé sa ferme de production, Champignon du Djurdjura, durant l’année 2019. Un nom qu’il n’a pas été bien loin pour le chercher, tant son village est situé au pied du Parc national du Djurdjura. Devant l’habitation transformée en unité de production de la variété le pleurote, toute la famille Mohamed Arab est mobilisée autour de cette activité, en cette matinée de jeudi.

“C’est une ferme familiale, tout le monde met la main à la pâte. Mon père et ma mère me donnent toujours un coup de main”, dit Jugurtha avant de revenir sur cette ingénieuse idée d’investir dans cette filière peu connue dans notre wilaya.

“Je suis amoureux du travail de la terre. J’ai déjà eu une longue expérience dans le domaine agricole notamment dans le domaine de l’apiculture et les travaux des champs aux côtés de mes parents d’autant plus que mon père touche à toutes les filières agricoles”, dit Jugurtha en expliquant que sa décision de se lancer dans cette aventure a été prise lorsqu’il a appris que l’Union européenne, en collaboration avec les autorités locales, notamment le Parc national du Djurdjura, le service des forêts, l’APC et l’Association de réflexion d’échanges et d’actions pour l’environnement et le développement (Area-Ed), a commencé à financer des programmes d’appui aux communautés rurales et riveraines du PND.

“Je n’ai pas hésité une seconde pour mettre en œuvre mon idée parce que c’était pour moi un rêve depuis des années surtout après la formation bien réussie auprès du premier champignonniste de la wilaya, Madani Ghilas, de Fréha”, nous a confié ce jeune de 34 ans.

- Une affaire de famille

C’est grâce à mon père qui s’intéressait beaucoup au développement de l’agriculture que j’ai fait les premiers pas pour me lancer dans la production des champignons, explique Jugurtha avant de relater toutes les étapes suivies pour monter son projet.

“C’était un long parcours. Il fallait constituer un dossier et attendre sa validation par les initiateurs avant d’aménager les locaux. Certes, les procédures ont quelque peu duré, mon vœu a été exaucé, car mon dossier a été validé. Il ne restait qu’à peaufiner mes connaissances dans ce domaine. J’ai eu une chance inouïe de connaître ce champignonniste de Fréha qui est un pionnier dans la production du pleurote. En 2019, après avoir reçu l’aide de l’Union européenne, j’ai acquis tout le matériel nécessaire pour la culture du champignon”, a-t-il détaillé.

Jugurtha, très fier d’avoir réussi son projet et d’avoir conquis de nombreux clients, nous fait visiter sa ferme. Celle-ci est composée de trois chambres: la chambre d’incubation, la chambre d’inoculation et celle de fructification.

Celles-ci sont très soigneusement équipées d’appareils et de moyens indispensables pour la production de cette variété de champignons. Avant tout, dit-il, “il faudra le substrat, celui-ci est composé du foin et de la sciure de menuiserie”.

Son père, Dda Ahmed Mohamed Arab, animé de la même ferveur enchaîne: “Comme Jugurtha, je suis un passionné de cette nouvelle culture. Tout d’abord, il faut préparer le substrat dans des cuves avec de l’eau bouillante pour éviter toute infiltration microbienne de quelque nature soit-elle. Dès qu’il est asséché, on étale la première couche dans des bidons expressément troués, on y ajoute une quantité de mycélium (semence), puis une deuxième couche, puis de la semence jusqu’à la dernière. On ferme les bidons pour que rien ne puisse y pénétrer. Ils doivent être hermétiques. Les bidons sont ensuite placés dans la chambre d’inoculation. Lorsque les champignons commencent à sortir des trous, on les déplace vers la chambre d’incubation sous une température de 20 à 25 °C et à un taux d’humidité très élevé. Le processus se poursuit durant une vingtaine de jours.”

Le jeune champignonniste est intervenu pour informer qu’environ 200 g de mycélium produisent un kilo, jusqu’à un kilo et demi de champignons.

Tout content, Jugurtha semble déjà faire partie de ces pionniers de la production du pleurote en Kabylie, car il a déjà décroché un contrat avec une école de formation.

“Pour le moment, nous ne sommes pas encore dans la commercialisation. Nous avons des clients qui nous contactent soit par téléphone, soit sur notre page Facebook. Près de deux ans après avoir lancé notre champignonnière, j’ai fait déjà du chemin. D’ailleurs, j’ai réussi à signer une convention avec une École de formation pour donner des formations théorique et pratique aux stagiaires dans le domaine de la production de champignons”, a-t-il confié.

S’il est vrai que le marché des champignons dans notre pays n’est pas encore développé, ce champignonniste ne compte pas s’arrêter à ce stade, mais il espère agrandir sa ferme.

“Nous avons déjà entamé les travaux pour l’extension du local. C’est pour agrandir la champignonnière, d’une part, et pour lancer des formations aux jeunes qui voudraient avoir des connaissances dans ce domaine, d’autre part”, a-t-il souhaité, lançant au passage un appel urgent aux autorités locales, notamment le maire, pour l’aménagement de la piste boueuse qui mène vers sa ferme.

Pourtant, le maire a signé avec tous les partenaires de ce projet de nous accompagner afin de le réussir. Mais trois ans après, la piste est toujours dans un état lamentable, regrette Dda Ahmed.

Il faut signaler, par ailleurs, que la crise sanitaire a, en quelque sorte, plombé cette filière.

À noter enfin que le kilo de pleurote est vendu à 1.000 DA.



Photo: Les champignons sont entreposés dans la chambre d’incubation entre 20 et 25 °C et à un taux d’humidité très élevé. © D.R

O. Ghilès
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