Tizi-Ouzou - A la une

Les parents d'élèves peinent à trouver le livre scolaire



La décision d'externaliser la vente du manuel scolaire en dehors des établissements d'enseignement, notamment du cycle primaire, est devenue un véritable casse-tête chinois pour les parents, particulièrement des zones rurales.Dans le versant sud de la wilaya de Tizi Ouzou où les habitants des Ouadhias, Tizi Ghennif, Aït Yahia Moussa, Aïn Zaouia et M'kira, les parents se livrent à une véritable gymnastique pour acquérir ces livres.
S'il est vrai que les directeurs des écoles primaires ont refusé de vendre ces livres, le centre régional pour la documentation pédagogique (CRDDP), censé mettre à la disposition des élèves ces manuels, semble n'avoir pas pris en considération l'inexistence de librairies pouvant assurer la vente de ces manuels dans de nombreuses localités.
"Dans notre commune, il n'y a aucun point de vente de livres scolaires. Il faudra se déplacer jusqu'à Draâ Ben Khedda ou même à Tizi Ouzou pour acheter ces livres", dénonce un parent d'élève à Ait Yahia Moussa, ajoutant que "parfois, certains manuels ne sont pas disponibles". Et d'assurer que "les libraires vendent certains manuels d'activités sous le manteau".
Le constat est le même à Ath Bouadou, une commune rurale dans la daïra des Ouadhias. "Dans notre petit chef-lieu communal, personne ne vend les livres scolaires. Il faudra se déplacer jusqu'à Boghni dans l'espoir de trouver tous les titres. Lorsqu'ils ne sont pas tous disponibles, il faudra multiplier les déplacements vers cette ville où il n'y a qu'une librairie qui les vend et peut être recourir même à une connaissance pour acheter le lot complet pour certains niveaux scolaires", explique, dépité, un parent d'élève venu d'Ath Amar, un village de haute montagne, dans la commune d'Ath Bouadou.
Dans la daïra de Boghni, dont le nombre d'élèves dépasse les 2000 enfants au cycle primaire, ces livres sont introuvables. "La seule librairie agréée est en rupture de stock.
D'ailleurs, hier matin, il n'y avait pas bousculade devant cet endroit comme nous l'avons constaté les jours précédents", se désole un parent d'élève venu d'Agouni Gueghrane pour acquérir ces manuels à ses enfants.
Les parents sont désemparés devant cette situation où dans certaines municipalités, ils s'adressent directement aux élus pour les solliciter à intervenir auprès des responsables concernés en vue de mettre un terme à cette situation inédite.
"Il a fallu que je fasse près de deux heures de queue devant une librairie à Tizi Ouzou pour acheter un lot de livres", témoigne un élu des Ouadhias, qualifiant la décision d'externaliser la vente des manuels scolaires "d'irréfléchie et d'un échec total".
Pourtant, faudra-t-il le rappeler, dès l'annonce de la vente des livres scolaires en dehors des écoles, des associations de parents d'élèves sont montées au créneau pour interpeller le directeur de l'éducation à ce sujet.
"L'approvisionnement en livres scolaires au profit des élèves non nécessiteux qui se fera en dehors des établissements scolaires va créer des perturbations pour les élèves (manque de livres, retards et absences) et influencer le déroulement technico pédagogique des enseignements", avait déjà alerté en août dernier une association locale des parents d'élèves à Aïn Zaouia (Draâ El-Mizan). Près d'une semaine après la rentrée des classes, les enseignants ne voient pas leurs élèves arriver avec tous leurs livres.
À l'unanimité, les parents d'élèves souhaitent que cette décision soit annulée immédiatement et revenir à la vente de livres à l'intérieur des établissements quitte à ce que le CRDDP y ouvre des points de vente, car, estiment-ils, cette vente pourra non seulement pénaliser les enfants des zones rurales, mais pourrait aussi encourager l'informel.
"Tout comme tous les autres produits, nous craignons que le livre scolaire dont le prix est arrêté par l'ONPS soit vendu sur les trottoirs avec des marges bénéficiaires supplémentaires qui vont grever nos budgets alors qu'avec la hausse des prix des produits alimentaires, nous avons déjà atteint le fond", se plaint un parent d'élève, accosté devant un point de vente à Draâ El-Mizan, qui n'arrive pas à acquérir ces livres d'autant plus qu'il y a tension sur les livres d'activités.
"Pour les autres manuels, j'en ai déjà trouvé chez un voisin. Mais pour les livrets d'activités, il faudrait qu'ils soient neufs et non utilisés", explique le même parent.

O. Ghilès
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