Tizi-Ouzou - 07- Occupation Française


L'époque Française
La seule puissance qui réussit à dominer les Aït Iraten, mettant fin à la sacrosainte indépendance du Djurdjura est la France. Plusieurs expéditions et incursions furent organisées et tentées sur la région . Seules les tribus de plaine furent vaincues et encore; à chaque fois, sous l'impulsion et les encouragements des montagnards, elles se déclaraient aussitôt insoumises. 1854 a vu Randon, alors gouverneur général de l'Algérie, conduire en personne une armée vers le cœur du Djurdjura, passant par Boubhir, poursuivant Boubaghla réfugié chez les At Illilten. Cette expédition échoua lamentablement et les contingents des montagnards, sous l'impulsion de Lalla Fadhma n Soummeur pourchassèrent l'ennemi jusqu'aux limites de Tizi Ouzou.

Après avoir doté le centre colonial de Tizi Ouzou d'une garnison assez rassurante en 1855 et une fois la guerre de Crimée terminée, Randon, qui a reçu le feu vert de son gouvernement pour une expédition d'envergure sur le Djurdjura, réunit un arsenal jamais égalé dans l'histoire du pays. Cette fois-ci, il était décidé à en finir pour toujours avec les belliqueux repliés sur cette zone de montagnes, la dernière citadelle indépendante dans le nord du pays qui continuait à narguer la puissance coloniale.

Forte d'une armada impressionnante d'infanterie (trente cinq milles hommes sans compter les auxiliaires goums) et de matériel de guerre cette dernière réunit en mai 1857, trois divisions avec des chefs expérimentés à leur tête . En face des montagnes, les Aït Iraten peuvent aligner trois mille fusils . L'attaque a lieu le 24 mai à l'aube, jour de l'Aïd El Fitr (fête de rupture du jeûne chez les Musulmans). Le combat est inégal, les montagnards ont pour allié un relief qu'ils connaissent par coeur et un courage à toute épreuve ;cela ne suffit malheureusement pas devant le déchainement d'artillerie, d'obus et de fusées de montagne. Les Kabyles sont battus après avoir livré une lutte farouche qui causa des pertes sensibles à l'assaillant.

Le 28 mai, la place de Souk Larbâa est livrée par les Aït Iraten à leurs vainqueurs. Icharîouène, village situé au voisinage de la place forte des Aït Iraten payera lui aussi le tribut de la dépossession et du séquestre . Ses habitants, dont la famille du plus célèbre poète kabyle, Si Muh U M'Hand, seront déplacés, éparpillés dont le plus gros noyau s'installa au-dessus de l'actuel Tizi -Rached, transposant le nom de leur cité sur celui de Tachraïhit, les propriétés expropriées à la famille du chef incontesté des Aït Iraten lors de cette résistance : Cheikh Seddik Arab que Randon pourchassait depuis les premiers moments de son gouvernorat. Néanmoins, en dépit des tourments qu'il lui causa, dans ses mémoires il dit de Cheikh Seddik, à juste titre, être 'la tête et le bras des Beni-Raten'. En vérité il l'est au-delà des frontières qu'il voulait imposer à son influence guerrière plus que religieuse, étant un homme qui a toujours prôné la résistance contre tout envahisseur quelle que soit sa provenance.

Le 14 juin, jour anniversaire du débarquement français dans la baie de Sidi Ferredj en 1830, au milieu de ses milliers de soldats triomphants sur les montagnards, dans une solennité des grands jours pour une armée de conquête, dépose officiellement la première pierre, annonçant par là le départ des travaux de construction de la forteresse conçue suivant le système Vauban par le général du génie militaire, Chabaud-Latour, qui faisait partie du corps expéditionnaire.

Le 24 juin, on suspend tous les travaux pour attaquer la position kabyle retranchée d'Icherriden et le 25 les At Yenni puis la marche irrésistible des trois divisions commandées par les généraux d'expérience : Renault, la première, de Mac-Mahon, la seconde, Jusuf, la troisième sans se soucier de ce que la population endurait depuis le départ des hostilités.

En 1858, Fort-Napoléon (la forteresse baptisée du nom de l'empereur) fut érigé par décret impérial en cercle englobant quasiment toute la montagne du nord du Djurdjura. C'est en 1873 que furent créées deux communes : l'une mixte de Fort National (à la chute du régime impérial et la proclamation de la république en septembre 1870, cette ville-garnison avait été rebaptisée) en ceignant une bonne partie du territoire des At Akerma et celui des At Ousammeur dans son intégralité). L'autre, dite de Plein exercice (P.E) va de Kouriet chez les At Sedka jusqu'à Ighallen et Aït-Khellili (en partie chez les Aït Fraoussen).

Aït Iraten ou la conféderation des Âarch Igawawen, opposa une résistance farouche à la conquête de l'Algérie. Elle est la dernière région du Nord de l'Algérie à tomber aux mains des Français. Le maréchal Randon finit ainsi la conquête de la Kabylie. Un arc de triomphe fut d'ailleurs construit pour célébrer cette victoire difficilement obtenue (l'arc de triomphe est toujours visible aujourd'hui à l'entrée nord de L.N.I, il porte le millésime 1857).

Située sur les flancs du Djurdjura à l'Est de Tizi Ouzou, idéalement perchée sur un piton rocheux, c'était le lieu stratégique pour construire un fort. C'est ainsi qu'en 1857, sous le régime de Napoléon III, lors de la conquête difficile de la Kabylie, le général François de Chabaud-Latour décida de construire sur l'ancien village de IcherÉ›iwen où serait né le fameux poète berbère Si Mohand, un fort qu'il nomma le Fort-Napoléon et construisit une route pour le relier à la ville de Tizi Ouzou.C'est sur le territoire de cette grande confédération que vit le jour la première école communale de Kabylie, au village de Tamazirt précisément.Grâce à la scolarisation précoce que connut la région elle fut une grande pourvoyeuse d'instituteurs qui accélérèrent son évolution parmi lesquels furent issus les tout premiers berbérisants Algériens Boulifa et Lechani originaires des Irjen Irdjen.

Par la suite, la ville s'agrandit peu à peu et devint un centre de colonisation imporatant chef-lieu de la commune mixte de Fort-National aux attributions élargies .Elle fut débaptisée Fort-National sous la Troisième République et bénéficia en 1946 des premières franchises municipales à l'initiative de M S Lechani soutenu par le Gouverneur socialiste Chataigneau. Plus tard, à l'indépendance, la cité reprit son nom originel de Larbaâ Nath Iraten.


HESSAS Rezika
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