Tizi-Ouzou - Tissage

Fête du tapis à Aïn El Hammam: l'ombre des anciennes plane sur le festival



Fête du tapis à Aïn El Hammam: l'ombre des anciennes plane sur le festival
Le village Ath Hichem et l’association Thiliwa œuvrent à faire connaître et à promouvoir le tapis local dont la notoriété a franchi les limites du territoire national.

On ne peut parler du tapis d’Ait Hichem sans faire référence aux tisseuses. «Ces mains d’or» comme on aime à les appeler, ont, pour la plupart, fréquenté l’école de tissage d’Ait Hichem dont elles contribuent à perpétuer la tradition qui veut que chaque maison possède son «azzetta» (métier à tisser). L’ancien CET (collège technique) construit en 1892 est toujours debout à l’entrée du village. Il continue de former des jeunes filles pour le compte du centre de formation professionnelle (CFPA). Le festival du tapis ouvert lundi dernier a pour mission de développer et de promouvoir ce patrimoine culturel.

Au niveau des stands, nous n’avons rencontré que très peu de tisseuses à domicile, comme au bon vieux temps. Les ateliers de production, employant plusieurs ouvrières, ont pris le dessus. «Les prix affichés sont hors de ma portée», avoue une fonctionnaire à qui on a proposé un tapis de quatre mètres carrés pour le prix de 25.000 DA. Ce sont des objets qui font actuellement partie du trousseau de la mariée. Les tisseuses quant à elles, disent qu’elles s’en sortent difficilement. «La matière première est de plus en plus chère» nous confie l’une d’elles. «Pour avoir de la bonne laine, il faut aller à Sétif, Bordj Bouarreridj ou ailleurs», ajoute sa voisine qui précise que «pour réaliser un tapis de deux mètres sur deux, il faut au moins trente jours à une tisseuse chevronnée».

Toutes se plaignent des méventes et n’arrivent à écouler que de petits produits tels les descentes de lit ou des pochettes de portables. Les grands tapis ne sont demandés que rarement. La pratique du métier est aussi ardue pour les anciennes que pour les jeunes filles. Une trentaine de vieilles femmes réunies dans un stand du festival nous confient qu’elles ont commencé à sentir les problèmes d’arthrose et de faiblesse de la vue dès leur jeune âge. Cependant, elles racontent avec fierté, leur carrière, à chaque visiteur qui s’approche d’elles.

La vieille génération se fait un plaisir de parler des pionnières telles «la française», Mme Chantreaux, Mme Zemmouri, Mme Abdeslam et toutes les autres qu’elles énumèrent avec nostalgie.

Les plus connues sont surtout Na Gh’nima qui a eu le mérite de rouvrir l’école en 1962 ainsi que Na Taous qui a dirigé le tapis de Ouaghzen durant plus d’une décennie. Le village d’Ath Hichem et l’association «Thiliwa» œuvrent sans relâche à faire connaître et à promouvoir le tapis local dont la notoriété a franchi les limites du territoire national. On cite, prouve preuve, l’invitation adressée en novembre dernier par l’ambassade américaine à Alger aux tisseuses d’Ait Hichem qui y ont tenu une exposition-vente.

Nacer Benzekri


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