Je suis né le 04juillet 1949 au village Taindlest commune Ait Khelili, au pied des montagnes du Djurdjura, dans la Wilaya de Tizi-Ouzou. Quelques jours après ma naissance mon père a quitté le village pour immigrer en France.
En Mai 1963 mon père est revenu au village pour la première fois depuis 14 ans. En septembre de la même année mon père, ma mère et moi avons quitté le village pour venir en France. C’est également un jour que je n’oublierais jamais. Nous somme partis à 3 h du matin car à cette époque une femme qui quittait le village pour partir, à l’étranger de surcroît, était une honte pour la famille. Quand la voiture à traction noire, taxi de l’époque, démarra je vis s’éloigner le village et avec lui mon enfance. Ce départ vers l’inconnu me donna un mélange de peur et de souffrance qui me paraissait semblable à la mort.
A mon arrivé en France je n’ai pas pu être scolarisé car je ne parlais pas un seul mot de français. Ce fût pour moi une grande déception. Cette déception a donné naissance à un « blocage » que j’aime à résumer par une maxime présente dans le livre « l’Amour, la Haine et la Souffrance », elle dit : « Quand mon cerveau était ouvert je ne l’ai rempli que d’air, maintenant qu’il est plein il n’y a même pas la place pour le chiffre 1 ». Alors en novembre 1963 je me suis retrouvé sur le marché du travail. J’étais comme quelqu’un d’égaré qui n’avait pas le choix mais qui ne cherchait pas à comprendre.
Pour autant aucun soucis ou problème, et des rêves plein la tête.
De 1966 à 1973 s’écoulèrent sept belles années de ma vie. Ce fut une période ou j’aimais beaucoup la musique, au point de composer des chansons en kabyle, hélas elles ne furent jamais éditées. En 1974 j’avais fait un choix, comme dit un vieux proverbe « tant qu’on a pas le fait le choix tout est possible ». L’engrenage du destin forge le chemin par les liens d’une alliance. On sème des grains de bonheur, ou parfois de souffrance.
Un beau jour de décembre 1989 je faisais la réception au siège de la société où je travaille. A midi une secrétaire de direction est venu me voir, je ne sais pour quelle raison avec un stylo à la main. Au cours de la discussion je lui ai dit que je voulais écrire un livre. Elle ne put contenir un rire : « Monsieur Nazef » me dit-elle, « Vous ne savez même pas écrire votre nom correctement et vous voulez écrire un livre cela est impossible ! » malgré cette remarque je sentais en moi une force qui me poussait à aller de l’avant.
Quelques semaines plus tard le destin fut plus aimable. Une collègue, Madame le Bon (la bien nommée) accepta de m’aider à porter à l’écrit mes idées.
Au départ j’écrivais des poèmes et des réflexions pour les départs en retraite, pour les naissances ou pour les mariages. Puis j’ai commencé à écrire mon premier livre : « l’Amour, la Haine et la Souffrance ». Chaque midi avec Madame Le Bon nous mangions vite afin d’avoir un peu de temps pour écrire une page ou deux.
Tellement qu’elle ne comprenait pas ce que j’écrivais j’ai fini par lui dicter. Cela prit plus de deux ans pour écrire « l’Amour, la Haine et la Souffrance tome1 ».
En 1992 un directeur d’une des sociétés où je travaillais m’a payé l’édition de mon premier livre « l’Homme et la Sagesse du 20e siècles » aux éditions La Bruyère.
En 1998 j’ai édité « l’Amour, la Haine et la Souffrance », et écris quatre manuscrits.
En 2000 Madame Le Bon partit en retraite et notre société déménagea à Montataire dans l’Oise. A mon arrivé dans les nouveaux locaux grâce à mes écrits la société m’a « récompensé » en me donnant un bureau avec un ordinateur. Un ami vietnamien m’aidait à corriger mes écrits et mes comptes rendus de travail.
En 2001 j’ai réalisé mon premier dessin et aujourd’hui j’en suis à plus de cinquante dont certains sur toile. A ce jour j’ai édité six manuscrits et le septième « la lame du peuple » est bientôt fini. Des poèmes en Kabyle. Par ailleurs trois autres projets son en cours : « la prophétie Berbère », « la légende des dieux », et « le miroir de l’histoire »
Enfin en 2010 je me suis remis à la musique qui était une de mes premières passions. Je travail actuellement sur quelques chansons en Kabyle, la première qui paraîtra en vidéo cette année, si Dieu le veut, s’intitulera Ama-chahu.
Taverny le 8 janvier 2011
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Posté par : hichem
Ecrit par : Mokrane Ait Lounes
Source : taindlest.zic.fr