Tipaza - Juba II

La capitale de Juba 2, Fondateur de Julia Caesarea Cherchell



La capitale de Juba 2, Fondateur de Julia Caesarea Cherchell
Lorsqu'on part de Hadjret-ennous vers Cherchell par mer, on aperçoit aussitôt la position de Cherchell, située à 14 kilomètres de notre village. A peine a-t-on dépassé la pointe rouge, on arrive déjà devant le phare de l'îlot élevé sur les restes un fort très ancien. Ce promontoire avait reçu, autrefois, le nom du marabout salutaire, Sidi ALi El-Fekky qui avait fait l'objet de culte et de vénération par la population locale.

La capitale de Juba 2, Fondateur de Julia Caesarea
De nos jours, des coutumes sont encore vivaces au sein des familles cherchlloises, comme l'institution matrimoniale du marabout Sidi Maâmar el-Fekky de Ténès, fixant la dot à 4 douros espagnols que le mari s'engageait à payer au père de la femme. Cette valeur, dont la quotité variait selon les époques, était de 5 francs 50 centimes au XVIIIème siècle). Disons aussi que le "douro" espagnol avait cours pendant toute la période d'occupation espagnole ainsi que dans les Etats barbaresques du Maghreb.
Le ressort coutumier de Sidi Maâmar s'étend aujourd'hui à toutes les familles au sein de l'ancien royaume de Ténès (Ténès, Cherchell et Miliana). Nous reparlerons plus loin à travers notre reportage de cette vielle coutume " 'Orf Sidi Maâmar", une prescience que les adeptes du saint ont encore pour lui la plus respectueuse vénération.
Les habitants de Cherchell devaient également à une autre sollicitude, celle du célèbre marabout Sidi Abderahmane Etthaâlibi de la tribu des Mazghana, période berbère à Alger (Vers le milieu du XVème siècle). L'institution de cet illustre marabout s'étendait, selon les initiés, dans toute la Mitidja jusqu'au fond du Tittery, où Cherchell eût appartenu à cette constitution religieuse. Ses habitants auraient consacré à Sidi Abderahmane une Kouba qui se trouve encore aujourd'hui dans la ville, au milieu d'habitations anciennes. Dans ce récit, nous avons gardé toute la prudence de maintenir le mode conditionnel, car nous ne pouvons rien prononcer en attendant des données certaines que l'histoire nous ait exprimé son dernier mot.
Aux côtés des habitants de Cherchell, des émigrants Andalous, provenant presque en totalité d'Alicante et de Valence, avaient fréquenté et habités la ville dont le temps lui a emporté ses secrets aujourd'hui. Étant de bons praticiens de la côte, cette population maîtrisait la navigation et la pêche, ils ont fait de la ville, également, une cité de forgerons et de potiers.
Des fours à pain produisaient toutes sortes de biscuits et de gâteaux que l'on connaît de nos jours encore à Cherchell, comme la Mona, un pain brioché, et le Hornazo (gâteau rond où sont incrustés des œufs durs), et que les cherchelloises préparaient à l'occasion des fêtes de mariage.
Telle était la destinée de la ville antique au XVIème siècle. Seulement, tout devait avoir un charme qu’on ne retrouve certainement plus aujourd’hui au même degré. Mais en réunissant tous ces éléments de ce somptueux passé, nous pouvons mettre sous les yeux de la jeune génération d'aujourd'hui des faits qui ne peuvent leur être que profitables, et à celles qui la suivront également.

CHERCHELL BARBEROUSSE
Le commencement du XVIème siècle, comme il est connu de tous, a été marqué par la décadence des royaumes berbères en Algérie et en celui de l'Espagne qui avait abouti à des tentatives d'établissements politiques sur cette rive de la Méditerranée.
Pendant que les Espagnols et les Portugais entamaient le littoral, au Nord et à l'Ouest du Maghreb, quelques aventuriers turcs prenaient pied à l'Est du pays dont Cherchell fut visée pour sa position géostratégique dont elle jouait tout le long de l'Histoire.
Le résultat de cette double réaction, fut l'apparition au Sud du Maroc, des Chorfa (Idrissides) qui devaient constituer souche d'une nouvelle dynastie et s'étendre vers le Nord ; et l'élévation des sectes maraboutiques de l'ordre de Sidi Abdelkader-el-Djillali à Séquiet-el-Hamra. La grande zaouïa (université religieuse) s'attelait à former dans son sein des missionnaires en vue de leur répartition vers l'Est algérien pour prêcher le dogme du grand Imam. Cependant, des faits se sont succédés dans cette partie de la côte cherchelloise dans l’état où se trouvait une population qui vivait dans la prospérité la plus totale. En Espagne, ce fut l'exode forcé des tribus arabo-berbères, Cherchell qui fut un important point d'atterrissage pour ces nouveaux parvenus. Installés à Cherchell, l'écrivain espagnol Luys de Marmol Caravajal avait signalé que cette nouvelle population avait conduit encore dans cette cité la culture et l'artisanat. Ils ont fait d'elle, par les malheurs et les bienfaits de la civilisation andalouse, une ville plein de progrès et de civilisation.
Après s'être rendu maître de Gijel, Baba-Aroudj occupa Cherchell en 1516 où il inaugura le règne des Pachas en Algérie. Il voulut faire de cette place, aux besoins d'une occupation militaire, sa résidence et la capitale de son premier royaume qui devait s'étendre de Gigel à Ténès. En fortifiant la rade par la construction d'un fort qui mettait cette dernière à l'abri de toute attaque, offrait aux navires un refuge assez sûr. A ces avantages, venaient s'ajouter, d'abord l'abri des murailles d'une ville, l'industrie du métal et la fabrication du biscuit nécessaire aux approvisionnements de guerre, que la situation de la ville devenait inexpugnable. Ainsi, de ces lieux vastes et fortifiés, Aroudj posa les fondements de la puissance turque en Algérie.
La nouvelle ville prit alors le nom de "Barbarosa" que les Espagnols lui attribuèrent, et que les Arabes nommèrent à leur tour "Blad-Ettark", c'est-à-dire "ville turque", nous retrouvons encore cette dénomination dans un document ancien.
Dans le but de prendre sur les populations autochtones une influence qui lui permit de les entraîner dans l’agression qu’il préparait contre les Espagnols, Baba-Aroudj eut l’idée première à la sollicitation de la doctrine de Sidi Abderahmane empreintée de l'édifice religieux de la ville, la koubba de ce marabout. Le nouveau gouvernement, qui devait se reposer sur l'appui des populations autochtones, était incapable d'introduire sa domination en bannissant certaines coutumes ou toucher, par quelque côté, à leurs croyances ou à leur saint local.
C'est à cette même époque que des missionnaires envoyés par l'université de la Sakiet-el-Hamra s'installèrent dans les pays des Thaâlba. Il y avait Sidi Mohamed Chérif qui fut dirigé vers la Kabylie du Djurdjua, Sidi Abou-Abdellah-el-Fekky qui avait reçu pour destination la vallée du Chélif Inférieur et les montagnes du Dahra, et enfin, Sidi Mohamed-el-Ghobrini lequel s'installait à Cherchell. Ce dernier accueilli au milieu de la population cherchelloise, forma le noyau de la famille des Ghobrini à côté des deux autres familles. Les Rahmania qui occupaient le centre ville, et les Fekky les montagnes à l'Ouest de Cherchell. L'adjectif relatif "El-Ghobrini" vient du mot radical "Gharb" qui signifie l'Ouest (Saquiet-el-Hamra, Maroc, Fès et Tlemcen).
Après la mort d'Aroudj en 1518, son frère Kheir-Eddine, continuateur de la fondation de la Régence d'Alger, fit de Cherchell un aghalik (District militaire) maritime qui a joué un si grand rôle pendant près de trois siècles.

GALERE DU XIIIÈME SIÈCLE
Il fit de la somptueuse "Barbarossa" une position maritime importante dont il eût été difficile de trouver une position plus belle et plus avantageuse autrement que cette ville. Il y construisit une forteresse (Fort Barberousse) qui était située aux environs de Tizirine, contrôlant ainsi l'entrée de la ville par l'Est tout en dominant la zone de mouillage de Tizirine.

FORT BARBEROUSSE AUX ENVIRONS DE TIZIRINE
Au mois de juin 1530, quand les derniers succès de Kheir-Eddine retentirent en Espagne, Charles Quint se trouvait en Allemagne occupé par la Confession d'Augsbourg. De là, il adresse à son amiral Andrea Doria l’ordre de préparer une attaque-surprise contre les renforts de la marine turque stationnés à Barberousse. On disait que Kheir-Eddine y avait même envoyé des ordres pour faire des provisions de biscuits nécessaires à une flotte si nombreuse, et qu'il attendit avec impatience qu’on les eût effectuées rapidement sur place. Parti de Gênes (juillet 1531) avec 20 galères et 1.5000 hommes, Doria aborde en fait inopinément Cherchell et s'empare de la ville. L'historien Luys de Marmol raconte : " l'amiral Doria vint attaquer la flotte turque à Barbarossa. Malgré toutes les dispositions qui ont été prises par Kheir-Eddine, Doria débarqua ses troupes qui incendièrent la ville et piller toutes les maisons. Les Turcs qui s'étaient réfugiés dans le château (c'est-à-dire le fort turc), dit-il, firent une sortie, tuèrent près de 400 soldats et mirent le reste en fuite. Quoi qu’il en soit, tous les vaisseaux turcs furent brûlés ou pris". D'un autre côté, on raconte que la garnison de Cherchell fit couler tous les navires afin qu'ils ne tombassent entre les mains des Espagnols, et les Turcs et les Andalous s'étaient refugiés dans le fort. Et que pendant les troupes espagnoles s'adonnaient au pillage, ils firent une contre-attaque qui coûta aux agresseurs plus d'un millier de morts et de captifs.
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