Tiaret

Plusieurs activistes du Hirak à la barre



À Tiaret, les procès se suivent et se ressemblent pour de nombreux activistes accusés d'"incitation à attroupement non armé" ou "attroupement non armé". Ainsi, pas moins de quatre procès sont enrôlés au niveau du tribunal correctionnel, concernant 57 prévenus en ce mois de novembre, et un autre, pour lequel sont convoqués 20 activistes, est programmé le 1er décembre. Le premier procès, dont le verdict est attendu pour le 12 décembre, a eu lieu le 7 novembre dernier où le procureur de la République avait requis une peine de 2 mois de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 dinars à l'encontre de 23 activistes."Le dossier pour lequel nous avons été jugés est vide", affirme l'une des prévenues, Mme Mokhtari, docteur vétérinaire, qui est revenue sur l'indescriptible calvaire qu'elle vivait chaque vendredi, durant la durée du mouvement populaire pacifique (Hirak). "Comment pourrait-on nous endosser ce délit d'attroupement alors que nous étions, à chaque fois, interpellés, pour ne pas dire traqués individuellement '" Une version qui était, d'ailleurs, au centre des plaidoiries des avocats de la défense, notamment, de Me Nouar Abdelkader. "Si la participation à un tel mouvement pacifique est vue comme un délit, on devait interpeller toute la population dans la mesure où nul ne peut nier que plus de 80% des Algériens sortaient dans la rue tous les vendredis, ainsi que les étudiants qui sortaient tous les mardis, pour réclamer le départ du système et l'instauration d'un Etat de démocratie et de droit, et en appelant à la constitution d'une nouvelle Algérie". Et de souligner que ces jeunes ont été interpellés individuellement, alors qu'on leur a collé le délit d'attroupement.
Les mêmes chefs d'inculpation ? attroupement non armé et incitation à attroupement non armé ? ont été retenus dans deux procès qui devaient avoir lieu le 23 novembre, mais ont été renvoyés. Le premier, concernant les sept activistes Aït Hamou Khaled, Abbès Mourad, Hamadouche Hamza, Nouar Mohamed Khalil, Messaoudi Karim, Belhoussa Salem et Mansri Ahmed (secrétaire du bureau de wilaya de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'Homme (Laddh) ? se trouvant sous le coup d'un contrôle judiciaire et qui n'a pas répondu à la convocation ? a été renvoyé au 30 novembre. Quant au second procès, il regroupe sept autres activistes : Belarbi Khaled, Kassir Mohamed Brahim, Belhoussa Salem, Khettab Farouk ainsi que Nouar Mohamed Khalil, Boutaiba Ahmed (soumis au contrôle judiciaire) et Dahmani Mohamed (placé sous mandat de dépôt à la prison de Koléa depuis plus de cinq mois) et Trari Mohamed (sous mandat de dépôt également). En raison de l'absence des deux derniers à l'audience, le procès a été renvoyé au 1er décembre.
Cité dans ces deux procès, et dans trois autres, le jeune Nouar Mohamed Khalil, 27 ans, appréhende la suite qui lui sera réservée par la justice puisque son accusation contient, outre ceux cités, des chefs d'inculpation versés au rôle criminel. "Pour avoir partagé un article de presse paru dans un quotidien national arabophone, sur ma page facebook en émettant un commentaire ironique, on m'a collé des chefs d'inculpation imaginaires, à savoir propagande pour acte terroriste, atteinte à l'ordre public et à la sécurité nationale, versant ainsi mon dossier au tribunal criminel", s'est-il lamenté sans savoir à quoi aboutirait cette affaire qu'il considère purement arbitraire. Rappelons que Nouar Mohamed Khalil, outre ces dossiers, a fait objet d'une arrestation le 11 juin dernier, à la veille des élections législatives, à Bab El-Oued (Alger) et maintenu en garde à vue avant d'être conduit à la prison d'El-Harrach. Ensuite, il a été jugé par le tribunal de Baïnem qui l'a libéré provisoirement avant de bénéficier d'un verdict favorable de non-lieu. Mais le procureur de la République a fait appel dans cette affaire, qui est enrôlée pour le 14 décembre prochain au tribunal de Ruisseau (Alger).
Dans le même sillage et pour les mêmes chefs d'inculpation, deux procès sont programmés au tribunal correctionnel de Tiaret le 30 novembre et le 1er décembre prochains dans lesquels seront présentés à la barre 40 prévenus, deux groupes de 20 individus pour chaque procès. Par ailleurs, rappelons que cinq autres activistes sont convoqués pour comparaître dans un procès en appel devant la cour de Tiaret : Khassir Mohamed Brahim, Benbrahim Hakim, Asnoun Kheireddine, Bensetra Abdelaziz et Bentahar Omar Eddine (militant de la Laddh).

SALEM REMANE
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