Tiaret

A plus d'un mois de l'Aïd El-Adha: Les prix du mouton en baisse



C'est la grosse panique dans les marchés à bestiaux de la wilaya de Tiaret, une région qui compte le deuxième plus important cheptel ovin de toute l'Algérie.Dans la capitale du Sersou, comme dans d'autres wilayas du pays, la tendance est à la baisse dans les marchés à bestiaux. Et même si les connaisseurs de la chose agricole restent prudents et misent sur un renchérissement des bêtes au fur et à mesure que le jour «J» approche, pour les éleveurs, des pertes sèches sont déjà comptabilisées, jusqu'à 15.000 dinars par tête. En effet, les prix des moutons connaissent une chute libre ces derniers jours à travers les différents marchés à bestiaux, dont les plus importants sont ceux de Tiaret et Sougueur. Les éleveurs se tiennent la tête et ne comprennent pas ce qui leur arrive : un antenais de 25 kilos qui se vendaient à 36.000 dinars il y a quelques semaines, a vu son prix dégringoler jusqu'à 21.000 DA en quelques jours. «De nombreux éleveurs, les vrais pas les spéculateurs, risquent carrément de déclarer faillite», se catastrophe un éleveur dans la région de Guertoufa.
Une virée faite samedi dernier au niveau du marché à bestiaux de Sougueur, place forte et véritable baromètre des bêtes encornées, nous a permis de constater que les prix des moutons ont baissé de manière significative, tant et si bien que beaucoup d'éleveurs ont déjà cédé leurs troupeaux sur pied. Djilali, un éleveur de la région de Tousnina, a vendu à perte 56 moutons à un revendeur de la région de Barika, dans la wilaya de Batna. Un autre éleveur, installé à Mahdia, a vendu 43 antenais à 27.900 DA/pièce à un négociant en dattes. Même si les ventes n'ont pas réellement démarré, comme cela a été constaté samedi au marché à bestiaux de Sougueur, les prix, selon certains, devraient continuer à baisser jusqu'à la veille ou l'avant-veille du jour « J », où un bon antenais pourrait être acquis moyennant une somme raisonnable, autour de 25.000 dinars.
Pour d'autres spécialistes de la question, le prix au détail des viandes rouges, jusqu'à 2.400 dinars le kilogramme, n'est pas un bon indice pour aller tirer vers le bas les prix des moutons, à plus d'un mois de l'Aïd. Dans une région à la réputation un peu surfaite, celle d'y consommer la viande la moins chère du pays, le prix de l'ovin n'a pas encore baissé pour se mettre… à la hauteur de la bourse du citoyen lambda.
UN MOUTON POUR TOUS !
Pour les bourses les plus modestes, «cette année il y a possibilité d'acheter un mouton pratiquement pour tout le monde, fatalement les prix vont continuer à baisser jusqu'au dernier jour», nous confie un éleveur, rencontré pas loin du marché couvert de la ville de Tiaret. Khaled, un père de famille installé à son compte, nous dit «attendre la veille de l'Aïd pour acheter, car les prix des moutons vont baisser sensiblement», croit-il mordicus. Mais pour les gens au fait des arcanes du monde agricole, même s'il est encore tôt pour parler de prix accessible, les spéculateurs et autres intermédiaires «feront tout pour rendre la vie impossible au commun des citoyens». Pour Bakhti, un boucher installé à Mahdia, « il faut encourager la production de l'aliment de bétail pour pouvoir prétendre à une forte production de cheptels ovin et caprin, et protéger les brebis des abattages ». Car, selon lui, si la production stagne depuis quelques années, c'est en raison de l'égorgement de brebis par des maquignons ou des intermédiaires qui commercialisent leur viande en tant que viande de mouton, c'est une question de profit, affirme-t-il.
Pour le président de l'Association nationale des éleveurs, Mustapha Haimoud, la baisse du prix du bétail est essentiellement due «à la grave sécheresse qui a frappé tous les pays du pourtour méditerranéen, une sécheresse inédite qui n'a pas été observée depuis des décennies», a-t-il déclaré à notre confrère El Khabar. Et la situation risque d'empirer pour les éleveurs, puisque «malgré l'initiative du ministère de l'Agriculture d'allouer un soutien de 600 grammes d'aliments pour chaque brebis, au lieu de 300 grammes les années précédentes, certains éleveurs n'ont pas reçu leurs quotas d'aliment de bétail subventionné depuis 11 mois complets», a-t-il déploré. «Ils attendent toujours leur tour», a-t-il ajouté, ce qui, selon lui, a contribué à la hausse du prix du fourrage sur le marché noir, puisque le prix du son a bondi de 4.500 à 6.600 dinars le quintal, et l'orge entre 6.600 et 6.700 dinars le quintal. Le président de l'Association nationale des éleveurs a également appelé à la mise en place d'un «programme d'urgence» pour la protection du bétail avant son extinction, «après qu'il ait diminué dans des proportions inquiétantes ces dernières années en raison de la sécheresse et du prix élevé de l'aliment», soulignant au passage que le prix des bêtes va augmenter «en raison du recours à l'engraissement et de l'émergence de commerçants saisonniers au cours de cette période». Le marché «restera néanmoins stable», a tempéré Mustapha Haimoud, soulignant la disponibilité de l'offre en quantités acceptables, «même si la demande devrait être limitée». En ce qui concerne les maladies signalées par certains éleveurs, Mustapha Haimoud a expliqué que l'association «n'a reçu aucune plainte officielle et est en contact permanent avec les éleveurs à travers toutes les wilayas et les services vétérinaires pour intervenir, coordonner et éviter tout dommage au bétail, qui est la source de subsistance de nombreux éleveurs dans plusieurs régions du pays».


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