Tamanrasset - Pollution

Tamanghasset, ville sale et poussiereuse


Tamanghasset, ville sale et poussiereuse


Une ville abandonnée et sans hygiène
La gestion urbaine de Tamanrasset à revoir de fond en comble
Ahmed AncerPublié dans El Watan le 12 - 03 - 2011
La ville de Tamanrasset est sale, très sale même, et nous ne parlons pas de l'accumulation du sable et de la poussière dans les rues, ils font partie de la normalité dans une agglomération urbaine du désert.
Ce qui est en cause ici, c'est la saleté due à l'homme et à l'absence de gestion de la ville. La désinvolture et l'indifférence des autorités ne craignent ni le cocasse ni le ridicule. En effet, à Tamarasset, en plein cœur du Hoggar, nous pouvons admirer des panneaux censés sensibiliser la population à l'hygiène de la ville exposant une lourde vache normande au milieu d'un beau champ d'herbe grasse. C'est dire qu'ici on peut dépenser de l'argent pour des slogans creux mais pas pour financer quelques bennes de ramassage des ordures.
Quel que soit le quartier où ils se trouvent, les habitants sont agressés par une crasse d'une ampleur à peine croyable qui s'étale insolemment sous différentes formes. Seules quelques rues du centre-ville échappent à l'invasion des ordures, et encore, dès que l'on s'engouffre dans une ruelle recoupant une artère principale, l'agression est aussitôt immédiate et brutale.
Le plus grave, cependant, est la situation dans laquelle sont abandonnés les abords de l'abattoir. Les restes des carcasses des animaux abattus sont déversés à quelques mètres seulement de l'entrée de la bâtisse où est traitée la viande. Le terrain vague attenant était, au moment de notre passage au début de la 3e semaine de janvier, encombré par des montagnes de bouse, d'ossements blanchis par le soleil ou rougeâtres parce que encore frais, de gros tas de viscères, d'abats et autres peaux que se disputent des nuées de corbeaux sans compter des monticules de cendre d'os brûlés.
En somme, une vision cauchemardesque. Le spectacle affligeant renvoie surtout aux dangers que fait courir pareille situation à la santé de la population. Des immondices pourrissant sous les rayons d'un soleil toujours agressif sont les lieux les plus propices à la reproduction de nuages de mouches et autres insectes, qui sont autant de vecteurs favorables à la dispersion de germes potentiellement porteurs de maladies. Ici, ils n'ont que quelques mètres à traverser pour se retrouver sur les quartiers de viande fraîche prêts à être distribués quotidiennement dans les boucheries de Tamanrasset.
Nous nous sommes rapprochés de la direction de la santé pour voir comment les autorités réagissent à pareille situation. Le directeur de cette dernière nous a affirmé que cela ne relevait pas de ses prérogatives, et il nous a orientés vers la direction de l'agriculture sous la tutelle de laquelle fonctionne l'inspection vétérinaire. C'est finalement cette dernière qui gère le contrôle de l'abattoir, mais ses compétences à elle sont réduites, selon son premier responsable, au contrôle de la bonne santé des bêtes (dromadaires, chèvres et moutons du désert). L'inspection «veille également à l'hygiène de l'abattoir mais uniquement à l'intérieur, et donc à la bonne tenue des outils de travail et à la disponibilité de l'eau». Et qui donc est censé assurer une bonne hygiène à la ville ? En réalité, il existe un comité mixte regroupant des représentants élus et des technocrates de la wilaya. Sa mission ? S'assurer du respect des règles et normes d'hygiène définies par la loi. Le moins que l'on puisse dire est que cette mission n'est pas assurée par ceux qui sont payés pour le faire.
Des habitants de la ville, rencontrés au hasard de nos déplacements dans différents quartiers, témoignent que depuis l'arrivée de l'actuel wali «beaucoup de choses ont été faites». Le lit de la rivière qui traverse Tamanrasset était une décharge à ciel ouvert sur des centaines de mètres, y compris à proximité de ce qui est considéré comme le cœur de la ville. Ces immondices ont été évacuées comme a été déplacée, en direction d'Amssel, à environ 5 km de l'agglomération, la décharge publique qui occupait le terrain vague contigu à l'enceinte de l'abattoir, non loin du quartier dit «Le Château».
Néanmoins, ce qui a été déployé comme efforts jusqu'à présent pour donner à Tamanrasset une allure de ville habitable ne peut être considéré que comme un début.
Considérons quelques exemples
Le quartier dit «Le Château», habité par des populations fragiles, sans revenu, ou à revenu très bas, dont certains sont des immigrés venus des pays voisins, est encore lui-même une véritable décharge en certains endroits. Ici, les ordures s'amoncellent encore en tas impressionnants dans les rues. Des entrepreneurs en bâtiments ou des auto-constructeurs n'hésitent pas encore à déverser des montagnes de gravats aux abords des habitations (non loin du souk à bestiaux). Ce dernier devrait d'ailleurs être éloigné de la ville, les mouches ayant tendance à se multiplier dans le crottin des dromadaires et autres animaux commercialisés en ces lieux.
Comme pour l'abattoir, le ou les concessionnaires du marché de gros des fruits et légumes ne respectent pas le cahier des charges (s'il en existe un) du contrat de location. Ces lieux où viennent s'approvisionner des dizaines de détaillants sont dans un état hygiénique lamentable. On voit s'amonceler non seulement les restes pourris de produits agricoles, mais également des ordures à l'intérieur de l'enceinte du marché.
Plus préoccupante est la gestion de cette hygiène dans les murs de l'Assihar. Ce marché populaire très fréquenté, célèbre parce qu'on y organise des rencontres économiques, accompagnées parfois de manifestations culturelles, ne bénéficie pas d'une attention particulière. Les utilisateurs déversent ordures et restes de produits agricoles à l'intérieur même, dans un coin de l'enceinte de l'Assihar. Pourquoi n'installerait-on pas des bennes à ordures avec fermoirs pour limiter un tant soit peu l'action des insectes et des germes ?
C'est ce même endroit qui est utilisé par une partie des commerçants et peut-être aussi des clients comme pissotière, alors que l'Assihar est doté de toilettes. Des solutions existent pour ce genre de problèmes et l'Algérie n'a pas à les inventer.
Cependant dans cette ville, cela semble être un problème récurrent : même la célèbre maison de l'artisanat, située au centre-ville, comportant pourtant beaucoup de boutiques et censé être un lieu exemplaire, parce qu'il reçoit beaucoup de visiteurs venant de tous les coins de la planète, ne dispose pas de ce genre de lieu d'aisance. Mais, considérerait-on certainement que la population n'a qu'à aller à quelques kilomètres de là dans le désert pour satisfaire ses besoins naturels, ou, peut-être, devrait-elle faire comme certaines gens des grandes villes du Nord : pisser dans la bouteille !? «C'est très difficile de tenir un commerce ici», se plaint un habitué des lieux, en précisant : «Nous sommes des êtres vivants et pas des machines.» Encore faut-il préciser que même certaines machines ont besoin d'être vidangées.

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