Tamanrasset - Escalade et alpinisme


Hoggar mars - avril 2006
Tu vas en Algérie! Ce n’est pas dangereux? Tu ne risques pas de te faire kidnapper ou agresser?
Plusieurs fois, j’ai entendu ces remarques lorsque j’annonçais mon projet de partir pour une semaine d’escalade en Algérie.
Et bien, non, chers amis lecteurs, je peux vous assurer que pas une fois je ne me suis senti en danger durant mon séjour. Il est vrai que d’une part, nous sommes exclusivement restés dans le sud de l’Algérie, zone réputée politiquement moins sensible, et d’autre part, nous bénéficions d’un encadrement hors pair. Le voyage dans sa globalité avait été organisé par Monique en collaboration avec une agence locale et nous étions pris en charge de A à Z : jeeps et chauffeurs nous accompagnaient dans tous nos déplacements, allant même jusqu’à nous déposer au pied des voies alors que nous n’en avions souvent que pour 5 petites minutes de marche, et un cuisinier veillait à repaître nos estomacs affamés. Enfin, pour des raisons que nous n’avons pas très bien comprises, un guide Touareg nous avait été adjoint, qui, quoique s’avérant très sympathique, ne nous a pas paru être d’une utilité transcendante. Mais, bon, bref, il est clair que sans cette joyeuse petite troupe, les choses ne se seraient pas passées aussi facilement. La preuve en fut faite assez rapidement lorsque dès le premier jour notre jeep tomba en panne et notre chauffeur remit le véhicule en ordre de marche en vingt petites minutes. Belle leçon de débrouillardise, en vérité, pour nous petits occidentaux assistés qui nous précipitons chez notre garagiste dès qu’il s’agit de remplacer un essuie-glace, mais peut-être que je ne parle que pour moi….
Nous voici enfin au pied du fameux éléphant de Tesnou. Ici, pas de doute possible, cet imposant massif de 200 mètres de hauteur ressemble bien à un éléphant. Nous resterons ici 3 jours et ferons des voies de styles assez différents. Nous installons rapidement le camp de base et partons directement pour notre première voie : Cham Nostalgia, 5 longueurs. Selon le topo, c’est une voie « bien équipée ». Expression à comprendre selon les standards en vigueur dans le Hoggar, car, bien qu’il s’agisse effectivement de belles plaquettes récentes, l’espacement entre les points est quand même assez important et il faut parfois compléter avec des friends. Cham Nostalgia est un superbe dièdre, bien à l’ombre (ce qui n’est pas pour nous déplaire vu l’intensité du soleil), et qui se fait à la fois en adhérence et en jouant avec les fissures du dièdre quand c’est possible. La roche est du granit, mais de type beaucoup moins adhérent que celui trouvé dans les Alpes par exemple. Nous progressons à deux cordées, une de 3, emmenée par Christophe, notre guide estimé, et une autre de 2, Claus et moi. Nous sortons la voie sans trop de difficultés et retrouvons nos autres compagnons au camp de base.
Le lendemain, nous voici partis dans notre première voie entièrement sur coinceurs : Éclipse de lune. Pour ma part, c’est ma première voie en « terrain d’aventure » et je l’appréhende à la fois avec peur et excitation. Heureusement, les difficultés sont modérées et je peux me contenter de « seulement » grimper sur des friends qui ont été placés au préalable de main de maître par Christophe. Je n’ai donc « qu’à » grimper en tête, je ne dois pas m’échiner à placer ces bouts de fer récalcitrants dans les fissures. Malheureusement, quelque part au niveau de la cinquième longueur, le tracé de la voie est beaucoup moins évident et, évidemment, pas de clou pour nous indiquer la direction à prendre. Le chemin qui s’offre à nous est beaucoup trop exposé et l’heure tourne… En bon responsable, Christophe prend la décision qui s’impose et, par une série de rappels, nous rebroussons chemin. Nous arrivons au camp assez tard, en début de soirée, mais tout de même fort satisfaits, car même si nous n’avons pas sorti la voie, cette fois-ci, au moins, nous sommes sains et saufs!
Bernard Joiris
« Sur Tamanrasset assoupie, pèse l’heure de la gaïla (la sieste). Aucun être ne bouge. … L’air est lourd, suffocant ! Une brume de sable voile les montagnes. C’est à peine si l’œil exercé distingue, à l’est, la brèche tranchée au rasoir du djebel Adriane, et, plus près, au nord, la masse cylindrique de l’Iharen, énorme surrection volcanique ourlée de colonnettes de basalte. De l’Atakor n’Ahaggar, on devine dans les lointains bleutés des formes étranges d’aiguilles, de tours rocheuses, de crêtes finement découpées…A travers la brume, le disque solaire au zénith apparaît déformé, aplati, tantôt lointain, tantôt si proche que l’énorme sphère semble tomber comme un aérolithe en fusion sur l’oued aux éthels frissonnants » R. Frison-Roche : La piste oubliée.
Qui d’autre que Frison Roche pourrait mieux décrire aux grimpeurs que nous sommes ce que l’on ressent quand on découvre le Sahara ? Depuis 1 semaine déjà, quelques-uns s’aventurent dans le « bled » et grimpent à Tesnou – 260 km au nord ouest de Tam - (le dôme de l’Eléphant) et à l’Ihaghen – énorme pic de « phonolithe » au nord-est de Tam, et nous attendent à Tissalatine, décrit comme « le plus beau jardin de pierres des environs de Tamanrasset » (à environ 34 km au nord).
A Tissalatine, nous grimperons, en écho aux rochers « chéloniens » de Frison-Roche, la « tortue », les « clés de la liberté », « quatre demi-lunes sous la brume », « le poids et la mesure » et « Rhinocéros ». Christophe regardera avec envie le dièdre à droite de « Rhinocéros », mais dans le timing serré, pas possible de faire une tentative…
Le groupe comporte 2 ados, Alexis et Axel, dont le niveau d’escalade n’a rien à envier aux adultes, et qui goûteront avec le même plaisir, les 3 tournées de thé targui, les plats concoctés par nos accompagnateurs touaregs, et les repas pris autour de la « table » : un carré de toile cirée posée sur des tapis et entourée de matelas. Lebès (ça va) Jacquot ? Premier « rappel » (c’est à dire deuxième tournée) de soupe, de riz, de couscous, de spaga….
A proximité de l’Assekrem (alt. 2.780m), où l’ermite nous montre le « dictionnaire français-tamachek » et nous raconte en quelques mots la vie du père de Foucauld, nous grimperons le «Dièdre nord » (3 longueurs) de la Sawînan ; la « Classique » et « Deux croiffants et un affecrem » au Tizouyag sud (2 voies de 9-10 longueurs), et la « traversée du clocher des Tizouyag ». Une semaine qui passe en un temps record ! Il faut déjà plier le camp, rentrer au caravansérail, refaire les sacs pour le retour en avion et prendre enfin une douche digne de ce nom afin d’arriver en Belgique avec un aspect plus présentable. Quelques acharnés iront encore le dernier jour faire quelques longueurs à l’Adriane au lieu de flâner dans les souks de Tam.
Christian Fontaine
J'aime voyager... j'aime la vie nomade et ma première rencontre avec les Touaregs m'a fait me rapprocher encore un peu plus de ce qui est essentiel.
Mais là-bas, au Sahara, j'ai aussi aimé...Alexis quand il a dit qu'il allait grimper "à mort!";Nilufer, à chaque relais, si petite avec son grand sourire complice et rassurant; Christian, très patient se faisant poser le cheich sur la tête par Nilu et qui, une autre fois s’énervait pour une gourde (pas Nilu !);Anne qui savourait le pain et le moment de partage au repas; Francis quand il parlait des étoiles ou déclamait Brel, une autre étoile bien de chez nous; Axel, le soir autour du feu, qui écoutait les devinettes des Touaregs et qui nous en a raconté une très fine et jolie; Michel, le super-photographe toujours à l’affût des plus belles images, qui tente de prendre la pose en caleçon au bord de l’eau (où çà, où çà ?) pour Internet ; Nicolas qui tout en appréciant la délicieuse soupe aux saveurs orientales, buvait aussi parfois un « petit coup » ;
Laurent, aussi silencieux et plein de richesses cachées que le désert ;
Ann(eke), grimpeuse style V.T.T., lorsqu’elle a dansé la danse du ventre entourée de dégaines clinquantes avec Jacquot venu nous attendre à la descente de la voie au Tizouyag ; Christophe, 1er de cordée de haut niveau soulageant aux relais, l’air de rien, ses pieds meurtris en ôtant sous notre nez ses chaussons tout en chantant «Ah l’oued…» ; Michel, le bobologue, mentant avec finesse et son air coquin au contrôleur des passeports à l'aéroport de Tamanrasset en se prétendant infirmier et…
Monique pour tout ce qu’elle fait, tout ce qu’elle est et qui m’a permis de me sentir revivre !
Monique Lepot
Bibliographie:
"Escalade et randonnées au Hoggar et dans les Tassilis", Bernard Pierre et Claude Aulard,1985, ed Arthaud.
"Escalade au Sahara. Massif du Hoggar." Thomas Dulac, 2005, ed Thomas
Dulac. ISBN 2-9523566-0-2
Le site de Th. Dulac http://www.sableo.com/toposahara.htm
un site excellent pour tout ce qui est itinéraires et témoignages escalade ou montagne
http://alpinisme.camptocamp.com/guide.html
Le groupe :
Semaine 1 : Monique, Bernard, Christophe, Claus, et Michel, Nicolas
Semaine 2 : Anne D., Anne G., Alexis et Axel, Monique B, Monique L., Nilu, Laurent, Michel N. et Michel , Christophe, Nicolas, Christian, Francis.
Nos guides touareg : Ali, Boujnah, Mohammed (alias Jacquot), Mustapha, Shérif, et Srer.


Soumis par Membre Cabbrabant le sam, 08/04/2006 - 00:00


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