Les chercheurs de tunnels

S'il fallait un lieu pour résumer le système politique national, on pourrait prendre le restaurant de l'Assemblée nationale ou le cabaret situé en dessous de l'hôtel Safir. S'il fallait un animal pour le décrire, on pourrait choisir le requin terrestre ou le crocodile volant. Et s'il fallait une personnalité pour le représenter, on pourrait prendre, au hasard et sans parti pris, Rachid Harraoubia, actuel ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. A la tête de ce département depuis 10 ans, il est en charge des universités du pays qui ont été classées l'année dernière parmi les plus mauvaises à l'échelle mondiale. Au vu de ce honteux bilan avec les énormes enveloppes allouées à son secteur, il aurait pu démissionner. Il ne l'a pas fait, tant est qu'un responsable algérien ne démissionne jamais pour inefficacité, mais uniquement quand il a trouvé mieux ailleurs.Justement, le gouvernement étant donné partant pour les élections, c'est tout naturellement que Rachid Harroubia a pensé à se présenter comme député FLN, où il veut se placer en tête de liste à Souk Ahras, sa wilaya d'origine. Réussira-t-il à l'Assemblée là où il a failli au ministère ' Là encore, être député n'est pas lié à une question de compétence mais à des luttes de pouvoir, opaques négociations et cooptations. Sauf qu'aux dernières nouvelles, le «Front des jeunes du FLN», jeune appareil dentaire lui aussi appelé à vieillir, a refusé que les anciens cadres du parti prennent les places d'honneur et les 300 000 DA de salaire des députés. Que va faire Rachid Harroubia, 66 ans, après avoir déclassé les universités algériennes et a été lui-même déclassé du FLN ' Il n'a rien trouvé pendant 10 ans où il était ministre de la Recherche et encore rien trouvé dans son parti, il serait tout simplement à la recherche d'un emploi. Docteur d'Etat en chimie macromoléculaire, il devrait trouver.