Skikda - Urbanisme

Collo (Skikda) - Des colliotes défendent leur espace vital: Embrouillement à la cité Boussekine




Collo (Skikda) - Des colliotes défendent leur espace vital:  Embrouillement à la cité Boussekine




La mort dans l’âme, les riverains persévèrent dans leur combat et demandent la délégation d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur cette affaire.

Peut-on, oui ou non, à Collo, en 2014, construire des logements, au milieu d’autres logements en prétextant que la ville manque d’assiettes foncières?

Peut-on soustraire à des citoyens et leurs enfants, des espaces vitaux qui leur étaient destinés en optant pour la solution la plus facile?

Peut-on, aussi, il faut le dire, empêcher une entreprise, disposant des pièces administratives requises d’implanter ses chantiers?

Ces questions résument, en fait, l’incroyable bras de fer engagé, depuis plus de cinq ans, entre une partie des habitants de la cité Boussekine et un promoteur immobilier.

Elles résument aussi le drame vécu par les populations de la wilaya la plus arriérée. Une région où les citoyens payent souvent le prix, mais le prix le plus cher cependant.

Collo, dimanche, 15 février. Aïssa Zeroual, 31 ans, et son voisin Bououezza Rabah, sont à l’accueil à la cité Boussekine, située en plein cœur de Collo.

«C’était une des cités des plus paisibles de la ville avant qu’on n’accorde, contre vent et marées, à un promoteur une partie du terrain inclue dans notre espace pour y élever des immeubles. Ce chantier que vous voyez juste à côté de nos demeures représente à nos yeux une agression caractérisée contre le droit de nos enfants de disposer d’une aire de jeux. Pour avoir défendu notre droit à un cadre de vie décent, on a fait, mon voisin et moi, trois mois de prison ferme, sans parler des condamnations avec sursis et des amendes», s’indigne Aïssa, avant de nous inviter à monter chez lui.

«Voici ma mère, elle a 79 ans et elle a été condamnée à 3 mois de prison avec sursis…il y a d’autres femmes aussi, dont des vieilles, qui ont été condamnées…Venez voir de cette fenêtre. Regardez, les immeubles ne sont pas encore achevés et déjà ils nous obstruent la vue. Les rayons du soleil n’entreront plus jamais dans cette pièce», lance Aïssa.

Dehors, le chantier tourne à plein régime. Deux immeubles sont déjà presque achevés.

«On a tenu des sit-in, on a écrit aux pouvoirs publics pour préserver notre espace vert. Comment accepte-t-on de laisser faire? Notre combat ne date pas d’aujourd’hui. Le 5 septembre 2011, le SG de la wilaya et dans une correspondance adressée au chef de daïra a demandé de trouver un autre terrain devant abriter le projet, mais les choses n’avaient pas évolué pour autant. Quelques mois après, le promoteur est revenu avec ses engins. On a alors enclenché une série de protestation», a-t-il expliqué.

Devant l’obstination des habitants à défendre «leur espace», le projet connaîtra d’interminables péripéties et les plaintes vont se poursuivre.

Les opposants poursuivent leur lutte et montent au créneau. Le 28 mai 2012, le rapport d’un bureau d’expertise judiciaire agréé et mandaté par les habitants, tombe.

Ses conclusions sont sans équivoque: «L’assiette en question n’a pas été transférée par délibération. Les travaux entrepris risquent d’engendrer des glissements de terrain. Selon le plan cadastral, cette assiette ne devait abriter que deux immeubles, or, l’entreprise a élargi l’espace en incluant un troisième immeuble, et ce, en empiétant sur le passage réservé aux habitants. On a relevé par ailleurs que la hauteur des immeubles à cinq étages plus un rez-de-chaussée, est de 17 m alors qu’ils ne sont qu’à 16,20 m seulement des immeubles de la cité, ce qui ne correspond pas aux normes de l’urbanisme.»

Les choses vont finir par s’envenimer quand le 5 septembre 2012, et siégeant en référé, le tribunal administratif ordonne la mise à l’arrêt des chantiers en attendant de statuer dans le fond.

Aïssa Zeroual raconte: «Alors que le chantier était à l’arrêt, le 21 septembre, le gérant, M. Bouguerne est venu nous narguer. Le voyant, on a de suite improvisé un sit-in en dehors du chantier. La police est venue pour lui demander de fermer le chantier, il l’a fermé et le lendemain il est revenu avec la main dans le plâtre pour nous accuser de l’avoir tabassé. Personne ne l’a touché, ni lui ni son frère, ni son chauffeur. Notre sit-in était pacifique. Il a déposé une plainte en présentant une attestation médicale qu’il a ramenée de Skikda, et on a été condamnés moi et mon voisin Bououezza à trois mois de prison ferme pour coups et blessures à l’arme blanche et pour entrave.»

Dans un souci d’équité, le contact a été entrepris avec M. Bouguerne, gérant de l’entreprise, pour lui permettre d’évoquer sa version des faits.

«J’ai été agressé par ces deux personnes. Mon frère et le gardien du chantier ont également subi des coups. J’ai eu 21 jours d’incapacité accordés par le médecin légiste de l’hôpital de Skikda. Je n’allais pas me briser le bras pour dénoncer d’autres personnes. Beaucoup de personnes présentes peuvent en témoigner», nous a-t-il confié.

Au sujet des conclusions de l’expertise, il dira: «Le transfert n’a pas besoin de délibération pour la simple raison qu’il s’agit de terrain domanial qui nous a été transféré en 2009. Pour les glissements, l’étude du projet avait prévu, bien au départ, de conforter les lieux. Pour le nombre d’immeubles, il est de quatre et il était prédéfini au départ par la DUC et non par nos soins. Pour revenir au nombre d’étages, il s’agit en fait d’immeubles de quatre étages plus un rez-de-chaussée et les délimitations répondent aux normes, sinon on n’aurait pas eu le permis de construire. Je dispose de toutes les pièces nécessaires et je reste prêt à les exposer à tout moment.»

Pour les habitants de Boussekine, la mort dans l’âme, ils persévèrent dans leur combat et demandent à ce qu’une commission d’enquête soit déléguée pour faire toute la lumière sur cette affaire.

Khider Ouahab



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