Redjem Demouche, commune rurale de la daïra de Ras El Ma (wilaya de Sidi Bel Abbès), est emblématique des Hauts Plateaux (ou steppes) algériens, une vaste zone semi-aride couvrant environ 20 millions d'hectares et représentant un écosystème pastoral majeur. Située à 1 139 m d'altitude, à 60 km au sud de Sidi Bel Abbès, cette région est classée comme zone pastorale en raison de son climat sec (précipitations annuelles < 300 mm), de ses sols pauvres et de ses vastes pâturages naturels adaptés à l'élevage extensif plutôt qu'à l'agriculture intensive. Le pastoralisme y est non seulement une activité économique dominante, mais aussi un mode de vie ancré dans les traditions berbères et arabes, avec une mobilité saisonnière des troupeaux pour exploiter les ressources en eau et en herbe.
Caractéristiques Géographiques et Climatiques
- Paysage : Étendues steppiques dominées par l'alfa (Stipa tenacissima), l'armoise et des graminées éphémères. Les monts comme "Al-Begira et sa fille" (1 200-1 300 m) servent de repères naturels pour les transhumances.
- Climat : Étés chauds et secs, hivers froids avec gelées occasionnelles ; vulnérable aux sécheresses récurrentes (ex. : cycles de 5-10 ans), qui impactent la productivité des pâturages.
- Superficie pastorale : La commune couvre environ 150-200 km², intégrés à la steppe oranaise, avec des parcours collectifs gérés par l'Agence Nationale des Ressources Pastorales (ANRP).
L'Élevage Pastoral : Pilier Économique
Le pastoralisme à Redjem Demouche repose sur un système extensif combinant élevage ovin, caprin et camelin, complété par une agriculture limitée (céréales d'hiver). Il représente 50-60 % du PIB agricole local et contribue à la sécurité alimentaire nationale.
| Espèces Élevées |
Effectifs Locaux (Estimations) |
Rôle Économique |
| Ovins (brebis Ouled Djellal, D'man) |
10 000-15 000 têtes |
Viande, laine ; export vers Sidi Bel Abbès et Oran. |
| Caprins (chèvres locale) |
5 000-8 000 têtes |
Lait, viande ; résilients à la sécheresse. |
| Camelins (dromadaires) |
500-1 000 têtes |
Transport, viande ; adaptés aux zones arides. |
- Pratiques Traditionnelles : Transhumance saisonnière vers les plaines humides au nord (Ras El Ma) en hiver et retour en été. Les familles pastorales (souvent nomades semi-sédentaires) gèrent des troupeaux familiaux de 200-500 têtes, avec une densité de 1-2 UBT/ha (Unité Bétail Troupeau).
- Défis Contemporains :
- Dégradation Écologique : Surpâturage, érosion et ensablement dus à la pression démographique (croissance de 20 % en 10 ans) et au changement climatique.
- Socio-Économiques : Concurrence avec l'agriculture (extension des cultures sèches), importations de viande bon marché, et exode rural vers les villes (perte de 15 % des jeunes pasteurs en 5 ans).
- Stratégies d'Adaptation : Modernisation via l'ANRP (semences fourragères, forages pastoraux) et projets comme ceux de l'ICARDA (amélioration génétique des races).
Héritage Historique et Culturel
- Période Précoloniale : Région occupée par des tribus berbères (Ouled Balagh) pratiquant un pastoralisme nomade depuis l'Antiquité, influencé par la néolithisation pastorale atlasique (domestication ovine/caprine dès 6 000 av. J.-C.).
- Époque Coloniale : Développement du chemin de fer (gare de Crampel, 1885) pour exporter l'alfa, marginalisant les pâturages traditionnels au profit des colons.
- Post-Indépendance : Politiques de sédentarisation (années 1970-1980) ont transformé le nomadisme en pastoralisme semi-sédentaire, avec création de la commune en 1985.
Aujourd'hui, Redjem Demouche illustre la résilience du pastoralisme algérien, qui emploie 3-4 millions de personnes au niveau national et produit 50 % de la viande ovine du pays. Des initiatives comme les "Plans de Développement Pastoral" visent à préserver cet équilibre fragile face aux défis climatiques. Pour des données actualisées, consultez l'ANRP ou des études locales sur la steppe oranaise.
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Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Hichem BEKHTI