Instauration du professionnalisme en Algérie: Quand la volonté politique y est

Le lancement du championnat de football professionnel à partir du mois de septembre prochain obéit à la volonté politique affichée par les plus hautes autorités du pays, lesquelles ont pris la décision de s'occuper du football, pour ainsi dire. C'est en fait une décision politique dans la mesure où c'est le président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui a ordonné d'accorder toutes les facilités pour le football algérien. Cette décision fait suite au discours référence tenu par le chef de l'Etat à Sétif, le mois de mars 2009 dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle. Le président de la République avait alors qualifié le sport de «priorité nationale» qui doit être pris en charge en associant et en impliquant le Mouvement sportif national, estimant que les résultats enregistrés par le sport national étaient «en deçà des attentes».Le chef de l'Etat s'était alors demandé «où en est le sport algérien qui est aujourd'hui dépassé par les autres nations dont les pays voisins». Il avait estimé que le sport en Algérie, notamment le football «souffre d'un problème d'encadrement», ce qui a cédé la place «au business et à la corruption» dans les milieux sportifs, avait-il dit. Et de lancer: «Que ceux qui veulent gagner de l'argent se reconvertissent dans le commerce, mais qu'ils ne se jouent pas de nos jeunes, lesquels constituent l'avenir du pays». Le président de la République qui s'adressait alors à Sétif à une assistance composée d'anciennes gloires du sport et du football algériens, avait indiqué que les performances dans le sport sont souvent à même de hisser l'image du pays, se demandant où en est le sport algérien qui se trouve «dépassé par les autres nations». La volonté de l'Etat de booster le football en Algérie s'est concrétisée de manière évidente lors du match Algérie-Egypte au Soudan pour la qualification au Mondial.

 Un pont aérien a été mis en place entre Alger et Khartoum et des milliers de supporters algériens ont pu faire le déplacement pour encourager l'équipe nationale, laquelle avait bénéficié de tous les moyens. La qualification au Mondial et la liesse engendrée à travers tout le pays et même chez les Algériens établis à l'étranger aura conforté les plus hautes autorités du pays dans leur choix. Dès lors, l'Algérie qui devient l'unique représentant du football arabe en coupe du monde, fait l'actualité dans les médias arabes notamment alors que dans un passé récent l'Algérie n'était évoquée que dans des sujets se rapportant au terrorisme et à la violence. L'impact plus que positif de cette qualification a eu un effet d'émulation et l'Etat a ainsi décidé d'investir dans le football en accordant des facilitations pour l'instauration du professionnalisme. Cette option permettra, à terme, au football algérien d'assurer son «autosuffisance» en formant les joueurs en Algérie au lieu de recourir à des joueurs formés en Europe.

 Aujourd'hui, même si certains clubs appréhendent la célérité avec laquelle l'instauration du professionnalisme a été décidée, ils sont convaincus qu'il s'agit d'un passage obligé d'autant plus qu'à partir de la saison 2011-2012 aucune équipe ne disposant pas d'une licence professionnelle n'aura la possibilité de participer à une compétition internationale, conformément aux recommandations de la FIFA. En ce sens, l'Algérie a anticipé sur cette situation en prônant le professionnalisme une année avant son imposition par la FIFA. A cet effet, les clubs sont tenus de suivre sachant que ceux qui n'auront pas créé leurs SPA ou SARL avant le 30 juin n'auront plus la possibilité de prétendre au statut de professionnels.