Ouargla - HISTOIRE

Le site historique de Sédrata


Le site historique de Sédrata
Les ruines de Sédrata se situent dans une cuvette bordée des monts de Gours. Les mentions qu’en font les textes sont rares et parfois obscures. Ils rapportent que les fugitifs rustamides[1] fuirent leur capitale Tahert mise à sac par les Fatimides en 909, pour la région de Ouargla (Sud algérien) où ils s’installèrent, cachant leur doctrine. Aujourd’hui ensevelie sous de hautes dunes de sable, la ville fut redécouverte en 1868 et fouillée jusqu’en 1952. L’absence de relevé topographique rend sa compréhension assez difficile.

Le site se compose de plusieurs groupements occupant chacun une hauteur. La mosquée, au plan évoquant les édifices abbassides, s’élevait sur un point culminant. Sa salle de prière, aux trois nerfs parallèle à la qibla, était voûtée et précédée d’une cour centrale. Une entrée coudée s’ouvrait dans le mur nord et des escaliers menaient vers une terrasse.

En 1951, une spacieuse demeure fut découverte à l’ouest de la ville, cernée d’une enceinte flanquée de tours carrées, accessible par une large voie longeant la muraille. Plusieurs salles s’ouvraient sur la cour, certaines d’entre-elles, murées, contenaient de nombreux ossements humains ; dans l’une se trouvait un mihrâb orienté vers la Mecque. Au milieu du mur nord de la cour, une porte donnait accès à une anti-chambre divisée en trois par des arcs en plein cintre soutenus par des colonnettes délimitant deux alcôves surélevées et voûtées, ornées de décors de plâtre taillé. Trois pièces s’ouvraient à partir de cette anti-chambre. Cet ensemble architectural, conçu en forme de T renversé, est un plan connu dans le monde sassanide, très en vogue dans l’architecture de Samarra (Irak) et dans les demeures tulunides de Fustat (ةgypte). Diffusé en Ifriqiya, on le retrouve au palais de Sabra Mansuriya (957-973) ou d’Adjabiya en Libye[2] (934-946).

Au nord se trouve un palais, vaste rectangle entouré d’une enceinte flanquée de tours. On y accédait par une entrée constituée de trois arcs en plein-cintre outrepassés, soutenus à ceux des chapiteaux de Monastir. Une pièce oblongue au décor fastueux, constitué principalement d’un jeu de fleurons cernés dans des arcatures identiques à ceux qu’on trouvait aux palais abbassides de Samarra , couverte par une voute en berceau et bordé des deux cotés latéraux par des alcôves , îwân s’ouvrait par une plate-forme surélevée.

ہ l’ouest se trouve la « Maison des jarres ». Constituée d’une cour centrale bordée à l’est et à l’ouest de plusieurs pièces communicantes, l’une est dotée à ses extrémités d’alcôves délimitées par de fines colonnettes à base carrée. ہ coté de cet édifice, un monument fut partiellement exhumé. Il est composé d’une salle très allongée et qui donne accès à une autre de dimension réduite, couverte d’une voûte et dépourvue de décor. Cet édifice est identifié comme un mausolée.

Une niche et plusieurs fragments de plâtre taillé ont été exhumés. Leur décor est gravé sur 3 cm de profondeur. De qualité inégale, il tapissait uniquement les parties supérieures de l’intérieur des murs, seuls quelques encadrements descendant jusqu’au sol.

Les décors de Sédrata, véritables tapis muraux, s’organisaient en panneaux aux motifs variés : rosaces, palmes, motifs géométriques, inscriptions… Ils évoquent les motifs employés dans les textiles, broderies, mais aussi certains décors chrétiens de Tébessa. L’architecture palatiale islamique fournit également des éléments de comparaisons qui, même s’ils semblent éloignés, témoignent d’un goût et d’une technique commune, comme le site de Balkh en Afghanistan et celui de Samarra en Irak.

Sédrata semble être le point de convergence de plusieurs influences venant d’Orient et d’Occident.

Bibliographie

- حملاوي.ع : " العناصر الزخرفية بمدينة سدراته" ، ملتقى حول الآثار المنعقد بأدرار سنة 1994
Hamlaoui, A., al anassir azaroufia bi madinet sedrata, multaqa hawla al athar al mounaakid bi Adrar, 1994

- معزوز .ع، الكتابات الكوفية في الجزائر بين القرنين الثاني والثامن الهجريين (8-14م) ، المؤسسة الوطنية للفنون المطبعية
Maazouz Abd Al haq, al kitabat al koufia fi al Djazair baina al qarnaine attani wa tamine mina al hidjra (8-14 ) al mouaassasa al watania lilfounoune al matbaiaa.

Bourouiba, R., Cités disparues : Tahert, Sedrata, Achir, Kalaâ des Béni-Hammad, Alger : Ministère de l’information, 1982.

Hamlaoui, A., « Les Stucs de Sedrata », in L'Algérie en héritage : art et histoire, (cat. exp. Paris, Institut du monde arabe, 2003 – 2004), Paris : Institut du monde arabe, 2003, p. 301-304.

Makariou, S., « Sedrata : une capitale oubliée du Maghreb central », Actualité du département des Arts de l’Islam, n° 2, (Exp. musée du Louvre, 2003 - 2004), Paris, 2003.

Van Berchem, M., « Deux campagnes de fouilles à Sedrata 1951-52 », in Travaux de l'Institut de Recherches sahariennes, t.X, Alger : 1953, p. 123-138.

Van Berchem, M., « Sedrata, une ville au moyen âge ensevelie dans les sables du Sahara algérien », in Documents algériens, série monographie, n°11, Alger : 1953.

Van Berchem, M., « Sedrata, un chapitre nouveau de l'histoire de l'art musulman, campagnes de 1951 et 1952 », in Ars Orientalis, 1954, p. 157-172.

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Marçais, G., L’architecture musulmane d’occident : Tunisie, Algérie, Espagne et Sicile, Paris : Arts et Métiers Graphiques, 1957.

Saladin, H., Manuel d'art musulman, t.I, Paris : Picard, 1907.

Tarry, H., « Excursion archéologique dans la vallée de l'Oued Mya », in Revue d'Ethnographie, t.II, Paris : 1883, p. 21-34.

Tarry, H., « Les villes berbères de la vallée de l'Oued Mya », in Revue d'Ethnographie, t.III, Paris : 1884, p. 1-44.

Notes

[1] Dynastie ibadite (division de la secte politico-religieuse des Kharijites) d’Algérie occidentale fondée en 777 par ‘Abd al-Rahmân ibn Rustam (certainement d’origine persane comme le laisse penser son nom).

[2] Edifié sous le règne du calife fâtimide al-Qâ’im (r. 934-946).


vive sedrata et vive berbouhouche lekbaaaach
malek ben youb - t - sedrata, Algérie

28/10/2010 - 7811

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