« une frange nous reliait aux coulisses du tonnerre
jusqu’à ce jour de flagrante ivresse
il fallut nicher sous l’aile
décharnée de la sollicitude
une férocité toute primaire forçait à la sobriété
car il pleuvait chez dieu alors
l’index qui crevait les yeux
fut détourné à ce croisement inhabituel
et depuis lors le silence
régente l’excitation du prêtre
devenu oracle en dernier lieu »
Il est fini le temps du poète maghrébin exilé au sein d’une langue française. Exil de mauvaise foi. Exil reposant sur une idée des plus fausses sur la véritable poésie. Il est fini le temps d’apitoyer en attirant les yeux de la métropole sur « cet orphelin de lecteurs » : jouisseur aux remords plus ou moins grassement payés. Pour ma part je pense que nous devons franchir ce marécage où nous risquons de dépenser vainement nos forces. Les jérémiades sont infamantes, nos oreilles en bourdonnent encore : ce
bruitage il est de notre urgent devoir de le faire cesser si nous ne voulons pas en être assourdis. Toutes hypothèques levées je crois fermement qu'il pourra exister une poésie maghrébine digne de ce nom et « Souffles » en est déjà le signe annonciateur vibrant de hardiesse. D’autre part je crois à une poésie essentiellement révolutionnaire donc à une poésie qui change la vie.
Ici plusieurs voies (ou voix) sont possibles : celle de « Souffles » m’est très proche elle parle si près de nos hantises et de nos obsessions les plus enfouies. C'est là son authenticité déchirante et en même temps éclairante. Beaucoup de poèmes de la revue me bouleversèrent par leur âpreté sans concession et une certaine promesse de tendresse contenue en filigrane. Il
n’est de force que tremblante. Toute autre force est despotisme aveugle.
Pour ce qui est de la voie que j’ai choisie je dirais qu’il s’agit avant tout pour moi d’une interrogation, reprise de poème en poème et qui débouche sur une autre interrogation. Cette interrogation est la suivante : pourquoi écrire dans cette nuit qui nous environne au milieu de la précarité la plus grande ? Interrogation pour moi vitale et qui à long terme ne doit rien solutionner. C’est certes là une voix différente de celle qui s’exprime dans « Souffles » mais qui, comme celle-ci, porte témoignage d’une authenticité vécue.
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Posté Le : 05/07/2010
Posté par : nassima-v
Source : www.editionsbarzakh.dz