Il a été durement éprouvé à un âge où l'on a besoin d'affection et de protection. Il s'agit du prophète Youssef que tous les croyants aiment pour son intelligence, sa perspicacité, ses qualités morales et physiques.
N'a-t-il pas été choisi pour mieux incarner ce que l'homme a de meilleur comme la patience, l'endurance, la bonté, la beauté physique ' Dieu a voulu qu'il traverse des périodes difficiles depuis sa plus tendre enfance pour servir d'exemple aux hommes. C'est une supposition qui peut être fondée. Dans le Coran Il a eu un itinéraire atypique. Alors qu'il n'était qu'un petit enfant, il est arraché brutalement au giron familial. Ce fut probablement la réalisation d'un rêve qu'il avait fait et qu'il avait raconté à son père. Au cours de son sommeil des étoiles étaient venues se prosterner devant lui. D'après la chronologie, il devait être l'enfant d'un autre mariage et les garçons que son père avait eus avant lui étaient ses demi-frères. «Tais-toi, lui dit son père après qu'il lui eut fait part de son rêve. Tes frères sont capables de te faire disparaître s'ils apprennent ce que tu es, par jalousie.» Le père, appelé Yaacoub dans le Coran et Jacob dans les autres livres saints, avait fait de lui un privilégié au sein de la fratrie. Et un enfant trop aimé court des risques graves. Ce qui arriva lorsque ses demi-frères eurent échafaudé un plan diabolique pour l'éloigner définitivement en le faisant disparaître. Pour arriver à leur fin, ils supplièrent leur frère pour qu'il les laisse emmener Youssef jouer avec eux. Ils l'emmenèrent le plus loin possible et le jetèrent dans un puits. Le soir, ils revinrent en pleurs en prétextant qu'un loup l'avait attaqué et qu'ils ne pouvaient rien faire pour l'en délivrer ; quelques jours plus tard, des voyageurs qui voulaient de l'eau du même puits pour étancher leur soif, eurent la surprise de voir dans le seau ce beau petit garçon qui était Youssef. Ils le prirent avec l'intention de le vendre sitôt arrivés en Egypte. Ce qu'ils firent pour gagner quelques maigres profits. L'acquéreur était un riche probablement sans enfants. «Occupons-nous de lui, dit-il à sa femme, peut-être nous sera-t-il utile à l'avenir.» Mais à l'adolescence, Youssef était d'une beauté irréversible. Sa mère adoptive voulut l'attirer vers elle, et il lui résista. Très vite, on l'accusa d'agression et on le mis en prison ; c'est dans cet espace fermé qu'on lui découvrit beaucoup une intelligence extrême, une faculté de juger et de percer tous les mystères. Il ne tarda pas à émerveiller tout le monde. Le roi, peut-être le pharaon à l'époque, apprit la nouvelle et fit appel à lui pour lui interpréter un rêve bizarre qu'il avait fait. Le monarque devant tant de capacités en fut décontenancé et il le nomma à de très hautes fonctions : assurer la distribution des céréales à toute la population. En ayant affaire directement au public venant s'approvisionner en vivres auprès de lui, il reconnut ses demi-frères qui pensaient l'avoir tué. Il exigea d'eux qu'ils lui ramènent son frère de même mère que lui sous peine de se voir interdit d'accès chez lui. Arrivés chez eux, ils s'adressèrent à leur père en ces termes : père, l'intendant chargé de la distribution a exigé de lui ramener notre petit frère». Le vieil homme devenu un croulant résigné leur dit : «J'ai accepté de vous confier Youssef et vous l'avez fait disparaître. Maintenant, vous voulez prendre son frère, prenez-le mais attention ! Ce que le vieux père craignait, arriva. Les frères aînés revinrent sans lui sous prétexte qu'il avait été accusé de vol. Déjà abattu par l'âge avancé et les malheurs qui l'avaient frappé, Yaâcoub devint aveugle. Il ne recouvrit la vue que grâce à la tunique que lui avait envoyée Youssef et qu'il s'était appliqué sur son visage. Ce dernier avait alors réuni toute la famille autour de lui et les méchants frères furent pardonnés. On ne peut pas s'engager à donner une interprétation de la sourate Youssef. Ce prophète est un symbole fort d'un ensemble de qualités humaines : la bonté, la maîtrise de soi malgré une beauté physique qui le faisait passer pour un ange, la perspicacité. Par souci de propreté morale, il a préféré la prison que de se laisser pervertir par l'épouse d'un homme qui avait accepté de l'acheter pour en faire un esclave. Il est aussi un exemple concret de quiconque fait preuve de patience en attendant qu'Allah l'exauce. «Dieu est avec les patients» Dans l'histoire des prophètes, Youssef doit occuper une bonne place. Dans la tradition populaire Les musulmans ont appris l'histoire de ce prophète, sûrement par la sourate Youssef, à moins que certains aient en d'autres versions en côtoyant catholiques et juifs. Puis l'ayant transmise de bouche à oreille auprès de ceux qui ne savaient ni lire ni écrire, des meddahs au sens de griots en Afrique ou d'aèdes en Europe, l'avaient vite mémorisée au point d'en faire un récit poétique qu'ils ont véhiculé de village en village, sinon, de place publique en place publique par l'oralité. Dans Poèmes kabyles anciens, Mouloud Mammeri reproduit une variante populaire en 389 vers, telle qu'elle a été véhiculée pendant des siècles, en tamazight. C'est d'une beauté incomparable du point de vue de la versification. Entre la sourate coranique, pour celui qui l'a apprise ou qui l'a lue et relue maintes fois et les versions populaires, il n'y a pas de grande différence ; ceux qui lui ont donné une autre forme ont respecté scrupuleusement l'histoire authentique, celle du Coran. Nous sommes à une époque où les illettrés n'avaient pas accès au texte orignal et où les représentants de la sagesse populaire appelés meddahs jouaient un rôle capital, celui de réciter en des centaines de vers qu'ils avaient mémorisés et sans se tromper aucune fois, non pas seulement l'histoire de Youssef, mais tous les prophètes. Mouloud Mammeri l'avait recueilli auprès de son père qui les récitaient dans une langue admirable. Lui-même les avait acquises auprès de ses aînés depuis son enfance, grâce à sa mémoire prodigieuse.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Boumediène Abed
Source : www.lnr-dz.com