Oran - Patrimoine Immobilier


Le vieil Oran, à Sidi El Houari, a tous les atouts pour être une ville à lui tout seul, détaché de la commune d’Oran : une superficie plus ou moins vaste, des infrastructures institutionnelles, un accès à la mer, etc.

Encore aurait-il fallu se décider à retaper, dans les règles de l’art, ses habitations en ruine, qui s’apparentent à des décors de guerre tant l’état de décrépitude est très avancé. Pourtant, Sidi El Houari jouit du statut de «secteur à sauvegarder», par décret exécutif datant du 22 janvier 2015.

Depuis la signature de ce décret, force est d’admettre que rien n’a été fait pour ne serait-ce que sauvegarder ce qui reste de ce quartier historique. Il a fallu attendre jusqu’à la semaine dernière pour que la commune d’Oran se décide enfin à relancer l’étude du plan de sauvegarde.

Ceci étant dit, comme l’ont relevé les observateurs à cette époque, le décret de 2015 voulait simplement dire que le vieil Oran «avait de la valeur», autrement dit, «il est davantage une reconnaissance qu’un classement en soi», et il ne va pas sans dire, à ce propos, que depuis cette année, la situation s’est davantage dégradée à Sidi El Houari, au grand dam de ses habitants ainsi que de celles et ceux qui ont à cœur de voir le patrimoine oranais revalorisé.

Pourtant, de l’avis de tous, le vieil Oran pouvait être le poumon économique de la ville, tant il regorge de sites à même d’attirer les touristes, autant nationaux qu’internationaux. Pour y accéder à partir de la place du 1er Novembre, le plus pratique est d’emprunter la rue Phillip, avant de bifurquer à gauche sur la rue des Gênes, «Drodj habich» comme l’appellent les habitants du quartier.

Il y a seulement quelques années de cela, cette rue, en forme d’escalier éprouvant de 131 longues marches, était très animée, un peu à la façon napolitaine, entre les vieilles femmes qui se parlaient de leurs balcons, les vieux retraités qui jouaient en bas des immeubles aux dominos, et les enfants qui se dépensaient en des parties de football, de pitchak, ou encore à la marelle.

Aujourd’hui, rien de tout cela n’est resté, du fait que la plupart des habitants de cette rue ont été relogés ces dernières années dans les nouveaux quartiers qui pullulent à l’est de la ville. Descendre la rue des Gênes nous fait parvenir directement au centre névralgique de Sidi El Houari, à savoir la place Kleber.

Là encore, on s’aperçoit que ne subsistent de la plupart des immeubles qui entourent cette place que les carcasses, embusquées derrière d’immenses panneaux publicitaires, en guise de cache-misère. Cette place se trouve entre le boulevard Stalingrad et la place de la République, les deux artères plus ou moins animées de Sidi El Houari du fait qu’elles regorgent de restaurants de poisson.
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D’incroyables sites patrimoniaux aux oubliettes
Tout au fond du boulevard Stalingrad, on bute sur le commencement de la route du ravin de Ras El Aïn, là où se trouve la Casbah d’Oran, dont l’accès est hélas fermé au public. Une Casbah andalouse, contenant notamment une citadelle espagnole ainsi que le château dit «Castillo Vieijo», lui aussi dans un état de délabrement.

Dans une des rues perpendiculaires se trouve la rue Imam El Houari, avec le mausolée du même nom, et la rue de la vieille Casbah, mais elle aussi sans âme du fait que tous les habitants ont été relogés ailleurs. De l’autre côté, il y a le tambour Saint-José, par lequel un important réseau souterrain peut nous mener à différents forts essaimés ici et là dans la ville, et jusqu’au fort de Santa Cruiz, tout en haut de la colline.

Selon les spécialistes du patrimoine, qui se sont exprimés dans ces mêmes colonnes il y a quelques les années, Oran est l’une des villes les plus fortifiées de la Méditerranée, dépassant même, s’en sont-ils targués, le détroit de Gibraltar en nombre de fortifications.

Au surplus, les forts d’Oran ont cette particularité d’être reliés les uns aux autres par des réseaux souterrains de communication, certes sinueux mains néanmoins minutieusement élaborés. D’ailleurs, on ne peut pénétrer dans l’un de ces forts sans être accompagné d’un guide assermenté, au risque de s’y perdre.

De l’autre côté du vieux quartier, jouxtant l’entrée du jardin Ibn Badis (lui aussi abandonné) se trouve un des 40 bunkers que compte la ville d’Oran, construits durant les années 1940 pour protéger la population locale des bombardements aériens.

Tout à côté, se trouve la mosquée du Pacha, de style ottomane, elle aussi devant être réhabilitée, et qui jouit d’un cachet historique du fait qu’elle était considérée, de longs siècles durant, comme étant la grande mosquée d’Oran.

Tous ces sites (et d’autres encore, qui n’ont pas été cités) auraient pu faire de Sidi El Houari le quartier le plus vivant d’Oran, où l’animation aurait été de mise autant le jour que la nuit, et qui aurait pour effet immédiat de faire générer à la commune d’Oran des recettes conséquentes à même de fructifier le développement local.

Au lieu de cela, le quartier continue de s’effriter à mesure que les mois et les ans passent, sans que les autorités, centrales ou locales, daignent lever le petit doigt. Jusqu’à quand ?


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