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Risques liés aux eaux souterraines au centre-ville: Nouvelle proposition d'inscription d'un projet pour 400 milliards


Non validé par les instances financières centrales en 2024, le projet visant la protection du centre-ville d'Oran contre les effets des eaux souterraines a été entre-temps mis à jour et retransmis vers Alger à l'effet de son inscription dans le cadre de la LF 2026. Oran aura-t-elle cette fois-ci les 4 milliards de DA sollicités pour se prémunir contre les risques bien réels des eaux qui coulent sous ses fondations ? Rien n'est moins sûr.

Pourtant, le ton est plutôt à l'optimisme du côté des instances proches de ce dossier, tant au niveau local qu'au niveau du ministère des Ressources en eau. Petit retour en arrière. Le 23 avril 2025, en réponse à une question posée par un député en séance plénière de l'APN, le ministre des Ressources en eau, Taha Derbal, a indiqué que son secteur «avait déjà proposé l'inscription (en 2024 : Ndlr), au titre de la Loi de finance 2025, d'un projet de réhabilitation des réseaux d'assainissement et de drainage au niveau de plusieurs parties de la ville d'Oran, en vue de leur protection contre les risques de remontée et d'inondation des eaux souterraines, pour une valeur estimative de 4 milliards de DA». « Ce projet n'avait pas été alors inscrit, ce qui en fera l'objet d'une autre proposition à venir au titre de la Loi de finance de la prochaine année 2026 », a-t-il ajouté, tout en livrant dans sa même réponse écrite de plus amples détails sur ce sujet. Entre la première proposition et la seconde, le dossier technique du projet a été entretemps davantage renforcé et peaufiné par la DRE de la wilaya d'Oran. L'étude, elle-même une actualisation d'une étude datant de 2008, a été encore perfectionnée et consolidée, avec à la clé un diagnostic plus approfondi de plus de 80 km de canalisations et de galeries ovoïdes.

DOSSIER TECHNIQUE SOLIDE EN VUE DE LA LF-2026

L'Agence nationale des ressources hydriques (ANRH) a été également impliquée dans la démarche à travers une mission d'expertise hydrogéologique ayant ciblé les endroits les plus affectés par les effets nuisibles générés par les eaux souterraines, dont les résultats consignés dans le rapport établi font état d'«un phénomène inhérent au plateau de la ville d'Oran présentant un sol hétérogène ayant entrainé des divergences brutales dans l'étanchéité d'un endroit à un autre, conjugué à des déviations, survenues dès les années 1990, des ruissellements des eaux pluviales et des eaux usées ayant provoqué à leur tour des changements dans les cours des eaux de nappes et aquifères et, partant, des obstructions des regards et exutoires de drainage». Le dossier technique mis au point par la DRE, pièce maîtresse du projet (re)transmis pour solliciter sa budgétisation au titre de la LF-2026, s'articule en fait autour de trois axes, à savoir : l'actualisation de toutes les études antérieures, l'estimation du devis global de l'opération et la mobilisation de tous les moyens matériels et logistiques conjointement avec le partenaire Seor pour la résorption des points noirs, et ce sur Fonds de wilaya.

PALLIATIFS ET DEMI-MESURES D'UN ANCIEN TEMPS

Il faut dire que jusque-là, et en attendant l'aboutissement du projet pris en main par le ministère et suivi méthodiquement par l'actuel wali d'Oran Samir Chibani, beaucoup d'encre a coulé sur ce qui est sommairement –et avec beaucoup d'à peu-près et même d'approximations grossières dans le langage– connu sous l'intitulé réducteur de phénomène de remontée des eaux souterraines à Oran-ville. Et encore davantage d'eau sous les ponts depuis les annonces officielles d'antan–qui suscitent aujourd'hui encore la satire plus que la diatribe– d'un règlement définitif du problème à la faveur de dispositifs mis en place ça et là à travers le centre-ville. Aujourd'hui, les autorités publiques semblent aborder ce grave problème, car c'en est un vraiment, avec rigueur et scientificité, surtout. En tout cas, plus de palliatifs et de demi-mesures désormais pour un phénomène hydrogéologique complexe. Certes, on est loin d'une urgence ponctuelle, il s'agit plutôt d'un défi structurel qui doit mobiliser –et il le fait effectivement depuis quelque temps– tous les services et organismes en relation avec le sujet, dont le phénomène récurrent de remontée des eaux souterraines et parfois d'inondation des caves à hauteur des rues Mohamed Khemisti, Larbi Ben M'hidi et le boulevard de la Soummam, notamment, n'est que la partie émergée de l'iceberg.

À PROBLÈME COMPLEXE SOLUTION BIEN ÉTUDIÉE

Qu'on procède, entre autres dispositifs, à la réalisation de forages horizontaux pour drainer l'eau par gravitation et l'empêcher de s'accumuler en constante accumulation dans certains endroits du sous-sol identifiés sur le tissu urbain, cela est parfaitement justifié et motivé au nom et sous le sceau exclusif de la solution ponctuelle, voire urgente aussi. Mais qu'on soit clair et sincère : c'est juste un remède de soulagement.

Ce qu'il faut, ce sont une intervention chirurgicale et un suivi thérapeutique sur le sol et le sous-sol du centre-ville. Il est à rappeler par ailleurs que le wali d'Oran, Samir Chibani, a procédé il y a quelques mois à l'installation d'une commission multidisciplinaire, en guise de cellule de veille mais également d'instrument de proposition et d'action en même temps en ce qui concerne les évolutions, réelles et potentielles, de ce phénomène. Mais le chef de wilaya sait les limites d'un tel dispositif : «Qu'on ne s'y méprenne pas, ce n'est pas là la solution entière et définitive au problème. Nous devons nous éloigner des solutions temporaires et penser à une stratégie de long terme adaptée aux spécificités de la ville d'Oran», soutient-il.

LES 5 VIEUX RAVINS D'ORAN

Les Oranais se souviennent notamment de l'important affaissement du sol au boulevard Hamou-Boutlélis, à la rue des Jardins, à la place Karguentah ou encore la fissuration des poteaux supportant le tunnel de la Pêcherie et entraînant la fermeture partielle du tunnel pendant la durée des travaux de consolidation. Même le Bd Front de Mer a connu une série de travaux de confortement de ses soubassements, des piliers hauts de 30 mètres, pouvant être dangereusement fragilisés par l'écoulement des eaux dans les fondations. Les Oranais, parmi les plus âgés, évoquent souvent l'abandon et le manque d'entretien des 5 vieux ravins d'Oran, le ravin de Ras El Ain, le ravin Blanc, la Cressonnière, l'oued Mina et le ravin de Oued Rouina qui déversaient naturellement vers la mer avant d'être obstrués par les effets de l'urbanisation massive et incontrôlée engagée depuis un siècle.


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