Oran - Ramzy Bensaadi

Ramzy Bensaadi, des cassures du visage aux rides urbaines



Ramzy Bensaadi, des cassures du visage aux rides urbaines
Des cassures du visage aux rides urbaines, Ramzy Bensaadi capture Oran et ses alentours. Il nous confie dans cet entretien ce qui l’a amené à prendre son appareil et à entreprendre une épopée de l’image…



Avant toute chose, une présentation s’impose : Qui est Ramzy Bensaadi ?

C’est moi ! Je vais en parler du mieux que je peux. Jeune algérien de 32 ans vivant à Oran après une parenthèse à l’étranger lors d’une expérience professionnelle. Je suis ingénieur de formation mais je n’ai pas toujours travaillé dans mon domaine, je ne me définis pas comme artiste, les artistes créent , moi je ne crée rien si on m’enferme.

Je te demanderais de choisir quelques unes de tes photos et de m'en parler, en un mot… Tu me dirais quoi ?

Comme je ne travaille pas sur des projets précis, à chaque sortie, le lot est soit vide soit avec une ou deux photos correctes. Les conditions sont toujours les mêmes, vu que je suis toujours sur Oran et ses environs. Quant à ce qu’évoquent pour moi les photos, je préfère ne pas m’engager là-dessus, comme j’ai pu le constater sur le web, chacun interprète selon son vécu et sa culture.

Si on parlait d’ancrage spatio-temporel, pourquoi a-t-on l’impression que tes photos viennent d’un autre temps, qu’elles sont anachroniques ?

Mes photos viennent bien de ce temps, c’est juste vous qui ne prêtez pas vraiment attention à votre environnement, ou du moins pas suffisamment. L’Algérie est un Eldorado pour les photographes du monde entier, j’en suis sûr, c’est vivant, c’est vaste, il y a de la matière dans chaque coin de rue. Après, du côté des mentalités, l’histoire est toute autre, que ce soit les gens qui n’aiment pas être pris en photo, chose que je respecte mais aussi des autorités. Je dis ça parce que je me fais souvent contrôler (embarquer) par la police parce que je suis en train de prendre des photos dans la rue. Je les laisse voir ce qu’il y a dans mon appareil juste pour qu’ils réalisent qu’il n’y a pas de quoi stresser. Après ça, la tension baisse et ils me disent qu’ils ne font que leur travail et que c’est au législateur de nous mettre dans des situations plus favorables. D’un côté, la TV nationale lance des programmes comme khalf el soura mais de l’autre, elle leur fait un peu la peur au ventre, cette soura.

On te sent plus à l’aise avec le N&B qu’avec les couleurs, une raison particulière à cela ?

Ce n’est pas faux, je fais beaucoup de N&B mais à la base les photos sont en couleur, c’est juste l’édition qui en N&B. Je suis en train de changer un peu vis-à-vis de ça, la couleur demande un peu de temps lors du traitement à mon goût.

Comment t’es venue l’envie de prendre des photos ? Est-ce une passion depuis le jeune âge?

C’est en fait en empruntant un appareil lors d’un voyage, j’ai fait un autoportrait et ça m’avait plu. De là, mon envie de faire des images m’a conduit à acheter un petit compact jusqu’au jour où j’ai acquis mon premier boitier sérieux, y a deux ans de cela. Mais à la base, je me suis intéressé à l’image plus par le biais du cinéma que par la photographie.

Qu’est-ce qui te ferait totalement délirer comme scène à photographier ?

Alors là j’en ai aucune idée, il se peut même que je foire sa retranscription, il m’est de plus en plus difficile de faire des photos ces derniers temps. Les conditions ne sont pas favorables à ma démarche du moment.

Et si on te proposait une conversion au cinéma ?

C’est un autre monde, à découvrir et à apprendre, s'il y avait ce genre d’écoles ici, je serais sûrement allé vers des études de chef opérateur.

Qu’est-ce qui te stimule, te pousse à te réveiller le matin ?

Le petit déjeuner !

Oran est ta ville natale, quel rapport as-tu avec ses décors, ses gens ?

Je suis né à Constantine, Oran est ma ville de cœur, j’y vis depuis que j’avais à peine quelques semaines dans ce monde. Oran est une ville plate et agréable à vivre mais pour la photo je la trouve petite quand même contrairement à Alger où il y a beaucoup à faire, c’est vivant, encombré, sinusoïdal en terme de disposition urbaine.

As-tu des projets de professionnalisation en cours ? Des expositions de tes clichés ?

Oui et non, je ne peux rien t’affirmer. En théorie, oui je le suis, mais concrètement il n'y a rien. Normalement, il y a un projet de livre et une exposition. Concernant l’expo, moi-même je ne suis pas très chaud. J’estime qu’il est encore tôt en terme de maturité photographique pour aller exposer dans une galerie, je ne sais pas encore, je verrai bien.

Quel rapport as-tu avec le public, j’imagine que tu dois avoir des « fans » sur les réseaux sociaux, prends-tu le temps de discuter avec eux, de lire leurs critiques/éloges ?

J’avais une page sur facebook qui était dédiée à mon travail de photo et qui comptait plus de 3000 personnes quand je l’ai arrêtée. Elle a duré 6 mois je pense, alors oui j’avais de l’interaction avec le public. Il y avait même des gens qui m’écrivaient pour me demander quel appareil ils pouvaient acheter, je leur répondais bien sûr mais arrivé à un certain moment cette page devenait un frein parce que les gens voulaient parfois que je fasse tel ou tel « cliché » dans le vrai sens du terme et ce n’était pas vraiment quelque chose vers laquelle je me voyais aller. Je ne dis pas que faire des clichés c’est mauvais, faire de belles photos de paysage où autre n’est pas chose simple à faire quand c’est bien exécuté c’est juste que je ne suis pas très bon dans ce domaine.

Si tu permets, pour finir, je vais emprunter quelques questions à Bernard Pivot :

- Ton mot préféré ? J’en ai pas.

- Le mot que tu détestes ? Tof.

- Le son, le bruit que tu aimes ? Le son du piano électrique.

- Le son, le bruit que tu détestes ? Le son des moustiques.

- Ta drogue préférée ? J’ai assez de problèmes comme ça.

- Le métier que tu n’aurais pas aimé faire ? Médecin légiste.



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