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Projet gelé en 2015 à sa dernière ligne droite: Oran, ville «moderne» sans gare multimodale


Dans le processus de modernisation –lent et par à-coups mais bien réel tout de même– de la ville d'Oran, l'objectivité exige que l'on mette le doigt sur les incohérences du tableau. Les contrastes prononcés entre l'image dépeinte par le discours et la réalité crue. Pour faire bref, parmi les tares qui tranchent avec le concept de modernisation-métropolisation de la ville d'Oran : l'inexistence d'une gare multimodale.

Et cela n'est point un détail, encore moins une simple vue d'esprit fantaisiste. Évidemment, il y a dans la grande Cité d'El-Bahia des carences, tous aspects confondus, bien pires que l'absence d'une gare multimodale, lesquelles sont en porte-à-faux avec le développement et la modernité du microcosme citadin et qui, en tout cas, ne concordent pas avec les clichés radicalement positivistes. Toujours est-il que la multimodalité –ou intermodalité, bien qu'il existe une légère différence entre les deux notions–, dans le domaine des transports, est considérée comme étant l'un des baromètres et indicateurs fiables du degré de développement des grandes villes. Pourtant, pour peu que les responsables locaux d'alors aient su mettre en avant ce dossier en le plaçant parmi les premières priorités des programmes à proposer, Oran aurait pu avoir sa gare multimodale, à l'instar d'Alger (gare multimodale de Bir Mourad Raïs). Il y a aujourd'hui, clairement, ce sentiment que la wilaya d'Oran n'a pas su ou assez fait pour transformer ce vœu, plutôt ce besoin, emballé dans la paperasse administrative en un acquis matérialisé dans le corps d'une infrastructure autant somptueuse qu'utilitaire. C'est un fait : la wilaya n'a pas su plaider ce dossier auprès de la Centrale au fort du confort financier.

STRUCTURE CENTRALE À SIDI MAAROUF AVEC DEUX RELAIS À L'EST ET À L'OUEST

A défaut, donc, le projet de la gare multimodale, domicilié, selon le plan d'étude commandée par la direction des Transports en 2014, à Sidi Maarouf à l'entrée-Est d'Oran via Haï Es Sabah, avec ses deux relais de Belgaïd et de Benarba, devra être repoussé aux calendes grecques. De toutes les opérations-clés du plan de modernisation du Grand-Oran frappés par le gel, ce dossier est celui ayant franchi avec succès toutes les étapes préliminaires à l'inscription des marchés publics, mais qui n'a pas été validé par les organismes financiers centraux. C'est, en tout cas, de loin le plus important projet du secteur des Transports sur lequel la wilaya d'Oran a dû mettre une croix, dans un contexte économique de crise, marqué par des mesures draconiennes de rationalisation des dépenses publiques. Notifié par le biais de la direction générale du budget au ministère des Finances, aux directions régionales du budget et aux contrôleurs financiers des collectivités locales, le gel du marché de la gare multimodale d'Oran a eu de lourdes conséquences sur la capitale de l'Ouest. Et ce, même si l'on a recouru au « système D » pour combler tant bien que mal cette défaillance lors des JM-2022, surtout. Peut-être que ce projet est-il après tout victime de sa lourde facture : 800 milliards de centimes, selon le devis du BET algéro-espagnol Betur-Sener-Serom qui en a réalisé l'étude. Non couvert financièrement, ce projet reste à ce jour figé dans son état de maquette.

COÛT DE 800 MILLIARDS SELON UNE ÉTUDE ALGÉRO-ESPAGNOLE

L'argument le plus simple, mais le plus persuasif en même temps, mis en avant pour revendiquer ce projet, s'appuyait en fait sur l'aberrance et le paradoxe de la situation d'alors : d'une part, la mise en place et le développement de réseaux et de modes de transport modernes à Oran (tramway, métro, nouvelle aérogare, téléphérique, plan de circulation de l'agglomération d'Oran, nouveaux périphériques et pénétrantes autoroutières) - en particulier - et la métropolisation interne et externe de cette ville - en général - et de l'autre part, l'inexistence d'une gare multimodale, c'est-à-dire un pôle d'échange de différents modes de transport. A défaut donc, Oran renvoie cette image extrêmement contrastée : la mise à jour des moyens de transports et l'impact urbain qu'elle entraîne avec des gares (routières, ferroviaires, maritimes) caduques et complètement inappropriées.

CAPACITÉ D'ACCUEIL DE 100 MILLIONS PASSAGERS/AN

Conçue pour une capacité d'accueil de 100 millions de passagers/an, la gare multimodale d'Oran devait être implantée à Sidi Mâarouf, à proximité de la station terminale du tramway, sur six hectares. Son idée-force est l'intégration des divers modes de transport, à savoir le métro, le tramway, les taxis urbains et interurbains et tous les transports en commun, en plus du futur métro d'Oran qui devait y déboucher, et ce de manière à fluidifier et faciliter le flux des voyageurs. Le projet prévoyait, entre autres infrastructures, un grand bâtiment de deux niveaux, sous-sol et quatre étages, un parking à deux niveaux de 230 véhicules chacun, extensible à 660 véhicules, des restaurants, des cafétérias, des espaces verts et de détente et un ensemble de commodités nécessaires au confort des usagers. Les prévisions relatives à la fréquentation des voyageurs font état de 260.000 voyageurs dont 70.000 pris en charge par le tramway d'Oran. Il a été également intégré à ce pôle d'échange l'aéroport international d'Es-Sénia-Oran « Ahmed Ben Bella ». Il importe de rappeler, dans ce même contexte, qu'il avait été annoncé à la mi-2024, lors d'une session APW, par l'ex wali d'Oran, Saïd Sayoud, – actuellement ministre des Transports–, que « la mesure du gel sur le projet de l'extension du tramway vers la zone de Belgaïd a été levée et le lancement des travaux est prévu pour l'année 2025 ». Il avait souligné que « cette extension permettra d'assurer des services de transport de qualité vers le centre urbain de Belgaïd, qui abrite des dizaines de milliers d'habitants et d'importantes infrastructures publiques, dont le Pôle universitaire et le Complexe Olympique Miloud Hadefi ».


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