Mosquée du Bey Mohamed Ben Othmane

La mosquée du Bey Mohamed Ben Othmane a été construite dans le style mauresque et fait partie des oratoires ottomans qui se distinguent des édifices algérois par une différence dans le nombre d’arcades de la qibla. La salle de prière est l’une des plus importantes salles à colonnes de l’Algérie, avec des colonnes cylindriques parfois disposées par paires.

Elle est également unique en son genre à Oran, étant la seule mosquée dépourvue de mihrab, en hommage à la mosquée de Médine qui, à ses débuts, n’en possédait pas. Autre particularité : l’emplacement latéral de son dôme et de son minaret octogonal, composé de deux tours jumelles et d’un dôme en forme de lanterne. Tandis que les minarets contemporains de la région oranaise conservent un style mauresque, celui de cette mosquée, situé dans l’angle sud-ouest de la salle de prière, présente un noyau central massif et des marches de largeur variable au long de ses 51 degrés.

Le bâtiment est également surmonté de coupoles reposant sur des arcs brisés à huit pans, percées de quatre fenêtres rappelant celles de la grande mosquée de Touggourt. Ces coupoles sont surmontées d’un ornement vertical caractéristique des mosquées maghrébines, composé d’une tige, de trois sphères et d’un croissant en forme d’épi.

La décoration est particulièrement concentrée sur le minaret, dont chaque face est ornée de quatre créneaux à cinq degrés et de trois encadrements rectangulaires superposés sur la façade sud, séparés par une frise. L’encadrement supérieur est orné de cinq arcs polylobés, témoignant de l’influence décorative des minarets ottomans sous le règne des Abd al-Wadid. L’introduction des arcs polylobés au Maghreb serait attribuée aux Almoravides, qui les auraient adoptés du style andalou, notamment de la grande mosquée de Cordoue, avant que les Almohades ne les diffusent à leur tour dans des mosquées comme celles de Tinmel et de la Koutoubia à Marrakech.

L’encadrement médian, quant à lui, est tantôt orné de deux arcs droits incurvés encadrant une fenêtre carrée, tantôt d’une composition similaire en forme de traverse. Ce type d’ornementation se retrouve également dans les angles du dôme des mosquées de Tinmel et de la Koutoubia. On peut aussi citer le minaret de la Kalâa des Beni Hammad à Alger, premier exemple de l’utilisation des fenêtres rectangulaires et des arcs polylobés dans la décoration des minarets.

Au sommet de la frise du lanternon, on trouve quatre créneaux ordinaires et quatre créneaux d’angle, similaires à ceux de la Grande Mosquée d’Alger. Le parapet crénelé, en plus des créneaux d’angle, est composé de quatre créneaux à cinq degrés. Parmi les éléments décoratifs notables, on observe également l’emploi d’arcs d’angle en forme de coquille à 11 nervures, apparus pour la première fois au Maghreb dans la coupole du mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan, puis à la mosquée de Tinmel.

Enfin, les chapiteaux turcs pyramidaux qui ornent la salle de prière rappellent les chapiteaux sculptés des anciennes demeures de Monastir, en Tunisie. Malgré son ancrage dans l’architecture ottomane, cette mosquée se distingue ainsi par un mélange d’influences et une richesse décorative unique.