Oran - Mers El Kebir


MONTE CRISTO .
Tous ceux qui ont vécus à Oran vous décrirons une ville moderne et captivante à la fois, son front de mer et ses édifices, sa vieille ville,et ses vestiges espagnols, sa douceur et sa joie de vivre.
Nous avions cette insouciance, cette convivialité qui nous faisait apprécier la vie malgré les durs labeurs.
Tout était prétexte à amusements et chansons.
Enfant, j’allais avec mon cousin me baigner dans la crique de Monte Cristo située dans la corniche Oranaise en direction de Mers el kébir.
Dans cette crique les pêcheurs avaient creusé à même la falaise des cavités leurs servant à abriter leurs barques à rames du roulis de la mer, ainsi, que leurs ustensiles de pêches.
Ces petits pêcheurs vivaient du produit de la mer, tantôt généreuse, tantôt ingrate. Il pêchait aux filets, à la palangrotte, ou, plongeaient en apnée pour ramasser les oursins et les moules.
Mon oncle F….. était l’un de ces pêcheurs, Il est mort à l’âge de quarante ans d’une embolie laissant une veuve, ma tante M, ainsi que, cinq enfants. J, H, Y et S âgée de quelques mois seulement.
Je me souviens très peu de lui, mais disait-on, on n’avait pas le temps de s’ennuyer avec lui, toujours rieur, toujours blagueur, toujours farceur, malgré la dureté de la tâche.
Avec mon cousin, nous plongions du haut des rochers, nous ramassions les poulpes à la main dans les creux de ceux-ci, c’est ainsi, qu’avec lui j’ai appris à pêcher .
Les ordures de la ville d’Oran ont par la suite été déversés dans une autre crique qui servait de déchetterie, la mer les ramenait dans la crique de Monte Cristo mettant ainsi fin à l’activité de ces pêcheurs.

PARTIE DE PECHE A LA CUEVA DEL AGUA :

Adolescent, Je me souviens des parties de pêche du Dimanche que je faisais avec mon cousin G. Nous habitions alors à Victor hugo.
J’attendais ce jour là avec impatience et fébrilité. Deux ou trois jours avant, c’était la préparation des roseaux de pêches et des lignes. La veille nous préparions les amorces, la pâte que nous faisions avec de la mie de pain et des restes de vieux fromage, plus il sentait mauvais mieux cela valait.
Nous emportions également deux ou trois sardines ou alatches, pour le cas où cela ne serait pas suffisant, mon cousin G avait toujours un peu de pierre bleue avec laquelle nous pouvions faire sortir les vers des roches.
Le Dimanche à 4 heures du matin nous nous retrouvions au coin de la rue.
Il faisait encore nuit, les rues étaient désertes, l’air était vivifiant, le monde était à nous.
Nous cheminions vers la cueva del agua dans une légère euphorie en chantant, en blaguant.
– Chut, chut., on va réveiller les morts.
Pour parvenir à la cueva del agua, il nous fallait traverser à pieds les quartiers de Bastié, Delmonte, Saint Eugène, traverser el barranco la gota, puis, Gambetta.
Vers 6 heures nous étions à pied d’œuvre sur les rochers. Nous préparions dans la bonne humeur le bromèdge qui nous servirait à attirer les poissons.
– Je sens que la pêche va être bonne aujourd’hui me dit mon cousin.
– Comment peux-tu dire cela ?
– A la couleur de l’eau, et, aux vagues.
– Je vais sur ce rocher, toi prends un autre.
– Lequel ? celui que tu veux. Mon cousin G avait ses petits trucs qu’il ne voulait pas dévoiler.
Après un quart d’heure de pêche il me dit :
– Alors C, ça mord ?
– Non et toi G,
– Moi non plus je change de rocher je vais essayer à la sardine avec plus de profondeur, fais comme moi. Nous avons choisi une pierre plate à fleur d’eau pour lancer nos lignes. Soudain mon cousin s’écriât :
– ça mord, ça mord, je le regardais arque bouté tirant le roseau.
– HOuai ! qu’est ce que c’est ?
– Un sarre me dit-il, un gros. J’allais aider mon cousin, et à mon tour je lançais la ligne dans le même secteur.
– HOuai ! j’en ai un autre lui dis-je tout excité.
La matinée fut bonne, nous avions notre quota de poissons, sarres, doblades,lissas, salpicas, bogues.
Ce fut le moment de la pause casse croûte, mais avant comme le soleil piquait, que la chaleur s’intensifiait, nous avons fait un bon plongeon dans la mer.
– Houa ou ! qu’elle est bonne. Nous avons nagé quelques instants en faisant les fous. A celui qui gagnerait l’autre, ou, plongerait du plus haut rocher.
– Avant le casse croûte je vais faire quelques almejas (arapèdes) me dit mon cousin, ça servira de kémia, mais en faite nous les mangions sur place au fur et à mesure de la cueillette.
Voilà venu le moment tant apprécié, bien installé, au sec sur un rocher, G déplia une serviette de table, sortit de son cabasset le pain, les tomates, les œufs durs, la langanisse, le chorizo, un poco de queso, et,…., le vin :
– un traguico de vino me dit-il ? en me tendant la bouteille.
Nous étions là, heureux, assis sur notre rocher, dominant la mer, appréciant chaque instant, contemplant le magnifique paysage qu’offrait la cueva del agua, le bleu profond de la mer, le clapotis des vagues sur les rochers, remplissant nos poumons d’air iodé.
Nous étions un peu ivre par le décor, mais aussi par le vin. Ce fut un bon moment de rigolades et de chansons.
Ce sont des moments semblables que nous évoquons mon cousin G et moi à chacune de nos rencontres.
Nous étions riches de biens dont nous savions nous passer au moyen de joies simples.
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