LA NAISSANCE
L'ouverture de notre lycée a eu lieu le 3 octobre 1887 . Après 6 ans de travaux, dûs aux difficultés de nivellement du terrain, Monsieur EAST, ancien inspecteur d'Académie d'origine écossaise, eut l'honneur de devenir le premier proviseur du lycée d'Oran.
Cette première entrée accueillit 400 élèves dont 60 pensionnaires. Le lycée était un bâtiment imposant de 150 m de façade sur une longueur de 400 m. Situé au nord de la ville (rue El-Moungar) et équilibré en un grand rectangle incluant trois cours intérieures, il faisait face à la montagne de Santa Cruz en restant parallèle au port, suivant un axe Est-Ouest. Bâti sur deux étages, il fut à l’époque le plus grand édifice de la ville.
Sur la façade, au dessus de la porte d'entrée figurait le blason du lycée, blason qui ornait tous les papiers administratifs ou publications propres au lycée (comme les palmarès de distribution des prix). Ce blason a été l'ancêtre de celui de la ville d'Oran (le créateur du blason de la ville d'Oran était Monsieur Barneaud professeur au lycée, lui même instigateur du blason sur la façade du lycée)
L'AGRANDISSEMENT
Dans les années 1930 le Lycée s'agrandit de bâtiments sur ses façades longitudinales. Ces constructions clôturèrent 4 nouvelles cours portant à 7 le nombre total de cours. Toutes ces cours ont porté le nom de professeurs ou d'administrateurs tués à l'ennemi pendant le conflit de 1914-1918
LES NOMS DES COURS
a) COUR OLIVA :
OLIVA Joseh, né le 30 novembre 1872 à Oran, ancien professeur adjoint au Lycée, avocat, capitaine de territoriale au 2ème régiment de zouaves
Tué à l'ennemi à Tracy-le-mont, le 21 décembre 1914
b) COUR BALLONGUE
BALLONGUE Alfred, né le 1er juillet 1887 à Oran, ancien élèvedu Lycée d'Oran, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, agrégé de mathématiques, professeur au Lycée d'Oran, mobiliséle 2 août 1914 en qualité de sous-lieutenat de réserve
Tué à l'ennemi près d'Ypres le 28 avril 1915.
c) COUR de PACHTERE
La 3ème cour centrale du lycée se dénommait « COUR DE PACHTERE » Comme toutes les cours du lycée elle portait le nom d’un de nos professeur mort au champ d’honneur pendant la guerre 1914-1918. Une plaque commémorative y était scellée sur le mur dans la galerie ouest
Son arrière petit neveu, nous a contacté et nous a livré photos et documents racontant sa courte biographie.
Felix Georges de Pachtère est né à Paris le 20 avril 1881. Ses parents étaient des gens de condition modeste, son père employé dans une librairie, sa mère femme au foyer. Poussé par son instituteur qui avait reconnu en lui un sujet brillant, il rentra au lycée Henri IV pour préparer l’Ecole Normale. Très vite il se passionna pour l’histoire et surtout l’histoire antique. Son sujet de thèse pour l’agrégation porta sur l’étude du Paris antique. « Paris à l’époque gallo romaine » est aujourd’hui un gros volume, couronné par l’Académie Française.
Débarrassé de l’agrégation il partit pout Rome à l’académie Farnèse en juin 1907. Ses travaux sur la politique agraire des Empereurs romains l’amenèrent à publier un mémoire qui fait encore référence de nos jours « La table hypothécaire de Veila » .
Ses travaux sur l’histoire antique le poussèrent vers l’Afrique qui devint son domaine.
En 1911 il est nommé, à sa demande, professeur d’Histoire et de Géographie au lycée d’Oran. Il va publier de nombreux comptes rendus sur l’histoire romaine en Algérie, édités dans le « bulletin trimestriel de la Société de géographie et d’archéologie de la province d’Oran »
C’est à cette époque qu’il épouse le fille de Monsieur Auzimour le maire de Misserghin.
Il est nommé deux ans après au lycée d’Alger ou il va rester peu de temps. Il réintègre Paris et ses riches bibliothèques nécessaires à ses travaux. Nous sommes en 1914 et la guerre le rattrape : il est mobilisé et va partir au front, laissant sa famille chez ses beau parents, à Misserghin.
Blessé à Verdun il est rapatrié à Paris, puis guéri il est nommé sous-lieutenant et envoyé en Macédoine comme commandant de compagnie.
Le 24 septembre 2016, le bataillon dont faisait partie la compagnie de Pachtère, reçut l’ordre d’attaquer le village de Vrbeni, qui était solidement occupé par les bulgares. Dès le début de l’action, De Pachtère fut légèrement blessé au bras. Il ne voulut pas quitter son poste à cet instant décisif et, en brave qu’il était, il continua à entrainer ses hommes sous le feu des mitrailleuses. C’est à leur tête que vers cinq heurs du soir, il fut atteint d’une balle en plein front. La nuit venue, ses zouaves ramenèrent son corps à l’arrière et l’enterrèrent pieusement au flan d’un ravin, à l’abri des obus.
André Julien, professeur au lycée d’Oran, écrivit dans l’Echo d’Oran au lendemain de sa mort :
« A sa veuve et sa fillette qu’il aimait tant, vont toute notre sympathie et nous nous inclinons, avec douleur et admiration, devant la mort de Monsieur Félix, Georges de Pachtère qui fut aussi probe et aussi belle que sa vie.
d) COUR CHEVASSUS
CHEVASSUS Victor, professeur de 8ème au Lycée d'Oran, sous-lieutenant au 10ème régiment d'infanterie,
Tué glorieusement le 28 mars 1917
e) COUR MARTIN
MARTIN Joanny, né le 2 janvier 1880 à Chazelles-sur-Lyon, professeur au Lycée d'Oran, adjudant au 2ème Régiment de Zouves
Tué à l'ennemi aux Dardanelles, le 12 juillet 1915
f) COUR LEVET
LEVET Camille, surveillant général au Lycée d'Oran, adjudant chef au 46ème régiment d'infanterie,
Tué à l'ennemi
g) COUR LAVERGNE
LAVERGNE Paul, né le 26 mai 1881 à Tressere (P.O.), répétiteur au Lycée d'Oran, soldat de réserve au 53ème régiment de ligne,
Tué à l'ennemi le 17 mars 1915.
3°/ LE MONUMENT AUX MORTS
Le monument aux morts fut érigé dans les années 1920 dans la cour d'honneur face à l'entrée principale. Il était dû au statuaire Bigonnet. Sur ses 4 faces figurent les noms des professeurs, agents administratifs, élèves et anciens élèves morts pour la France pendant les guerres de 1914-1918 et 1939-1945. Il y avait 210 noms pour la guerre de 1914-1918 et 70 pour la guerre d 1939-1945
QUELQUES DATES
- Le Lycée d'Oran devient le Lycée Lamoricière par décret du 18 août 1941.
- Le Lycée Lamoricière devient hôpital Américain en décembre 1942, pendant environ 1 an.
- Une Ordonnance du 3 mars 1945 supprime les classes primaires et élémentaires des lycées et collèges au profit des seules écoles primaires publiques. Les classes de la 11ème aux classes de 7ème prirent le nom d"Ecole des Falaises" sans pour autant quitter l'enceinte du lycée. Conformément à la loi, l'Ecole des falaises s'éteignit une année après l'autre pour disparaître en 1956
- L'ANNEXE GAMBETTA ouverte en 1951 dans l'ancienne Institution Mouterde fut une extention du lycée destinée (au début) aux classes du secondaire relevant de l'enseignement moderne. Ces bâtiments abritaient dans les années 1900 une institution qui scolarisait des Jeunes Filles catholiques, institution crée par Madame MOUTERDE et ses filles et située avenue des palmiers, au-dessus de la place Changarnier. On comptait dans les dernières années environ 700 à 750 élèves. Les élèves allaient jusqu'en première et passaient leur terminale au Lycée.
L'EPILOGUE
En 1963, après l’Indépendance, le lycée devient le Lycée Pasteur. Il reste le seul lycée français de la ville.
En 1988 le lycée est séparé en deux : une partie reste le lycée français l’autre devient lycée algérien. Faute d’élèves en 2002 le lycée est remis en totalité à l’Etat Algérien et devient un bâtiment inoccupé pendant plusieurs années. A l'heure actuelle le lycée a repris une certaine activité d'enseignement.
Toutefois des travaux réalisés cour Martin, cour Lavergne et sur les bâtiments qui abritaient réfectoires et dortoirs séparant les deux cours, vont donner le Consulat de France.
Ce nouvel édifice va se coller sur la façade nord rénovée
L’ouverture du Consulat a lieu le 2 octobre 2007 avec son entrée par la rue Paixhans devenue avenue Aimeur Brahim Le projet qui a connu un peu de retard, a été enfin concrétisé. Les travaux d’aménagement de la nouvelle représentation diplomatique ont coûté 9 millions d’Euros. Le site en question qui s’étale sur une superficie de 7 000 m 2, à l’intérieur du lycée Pasteur, a fait l’objet d’une visite de l’ancien Ministre des Affaires Etrangères français, M. Michel Barnier, lors de de son séjour à Oran, en octobre 2004, dans le cadre de la réunion des 5 +5. D’une architecture moderne, la nouvelle représentation consulaire comprend plusieurs structures administratives ainsi que des logements de fonction.
L’entreprise chargée des travaux était la SEM Marc Meunier (Angoulême) sous la direction du cabinet d’architectes Jean Lescot de Paris
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Posté Le : 25/04/2017
Posté par : patrimoinealgerie
Photographié par : Hichem BEKHTI