L'Otan, mise en cause par les insurgés, a promis mercredi de protéger les
habitants de Misrata, ville de l'ouest libyen bombardée par les forces de Mouammar
Kadhafi, qui pourra désormais être ravitaillée par la voie maritime selon la
France. L'Otan «va tout faire pour protéger les civils de Misrata»,
troisième ville du pays à 200 km à l'est de Tripoli, assiégée depuis plus d'un
mois et demi par les pro-Kadhafi, a déclaré à l'AFP la porte-parole adjointe de
l'Otan, Carmen Romero. A Naples, un responsable de l'Alliance atlantique a
toutefois souligné la difficulté de la tâche, les forces loyalistes se cachant
parmi des civils.
«Les forces gouvernementales libyennes ont évolué ces derniers jours vers
des tactiques non conventionnelles, se mélangeant au trafic routier et
utilisant des civils comme boucliers dans leur avance» vers des sites tenus par
les rebelles, a déclaré à la presse le contre-amiral britannique Russ Harding,
commandant adjoint de l'opération «Unified Protector».
Dans l'Est, les forces gouvernementales «avancent en direction
d'Ajdabiya, aux mains des rebelles. Ils deviennent une menace directe pour
cette ville et au-delà, pour Benghazi», fief de l'opposition, a prévenu le
contre-amiral Harding, alors que les combats se poursuivaient mercredi dans la
région de Brega (est), à quelques dizaines de kilomètres d'Ajdabiya.
L'Otan, qui a pris le relais le 31 mars de la coalition multinationale, a
multiplié les explications mercredi au lendemain d'une sévère mise en cause de
son efficacité par la rébellion.
Le chef militaire des rebelles, le général Abdel Fattah Younés, avait
accusé l'Alliance atlantique de «laisser mourir les habitants de Misrata». «Si
l'Otan attend encore une semaine de plus, ce sera la fin de Misrata», avait-il
dit. «L'eau y est coupée, il n'y a plus d'électricité ou de produits
alimentaires, il n'y pas plus de lait pour enfants depuis 40 jours, alors que
les forces de Kadhafi bombardent tous les jours maisons, mosquées et hôpitaux à
l'artillerie lourde», avait-il ajouté. Le ministre français des Affaires
étrangères, Alain Juppé, a estimé mercredi que la situation ne pouvait «pas
durer».
«Misrata est bien notre priorité numéro un», a répondu Mme Romero. «Nous
avons procédé lundi à des bombardements autour de la ville ciblant des
équipements de l'armée de Kadhafi», a-t-elle souligné. Mardi, l'Otan avait
annoncé 851 sorties aériennes depuis le 31 mars, dont 334 pour préparer ou
effectuer des frappes. «Les opérations continuent au même rythme» et «la
précision de nos frappes n'a pas changé», a-t-elle assuré. Le ministère
britannique de la Défense a de son côté annoncé que son aviation avait bombardé
six véhicules blindés et six chars de l'armée libyenne dans les régions de
Misrata et de Syrte (centre-nord).
Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a indiqué que Misrata
pourrait désormais être ravitaillée par la mer par les insurgés, promettant que
la coalition ferait en sorte «qu'à aucun moment les moyens militaires
kadhafistes ne puissent l'empêcher». La coalition internationale «a considéré
que des bateaux des insurgés partant de Benghazi (est) et livrant de la
nourriture à Misrata pouvaient naviguer et apporter des livraisons», a déclaré
le ministre sur la radio France Inter. «Précédemment, la lecture de l'embargo
était qu'aucun bateau ne pouvait alimenter aucune ville», a-t-il ajouté.
Autre bouffée d'oxygène pour les insurgés: un pétrolier a appareillé
mercredi de la région de Tobrouk (est) avec la première cargaison de pétrole
sous contrôle rebelle à quitter le pays depuis le début des frappes aériennes
mi-mars, et l'arrêt total des exportations.
Ce pétrole, d'une valeur de 120 millions de dollars, devrait permettre de
financer l'effort de guerre de l'insurrection. A Ajdabiya, des soldats rebelles
ont installé un poste de contrôle pour empêcher les jeunes inexpérimentés de
rejoindre le front à quelques dizaines de kilomètres. «Qu'est-ce qu'ils vont
pouvoir faire contre les tirs d'obus?», a déclaré Sherif Mohammad, un ancien
soldat ayant rejoint la rébellion. Mardi, les insurgés avaient dû reculer d'une
trentaine de kilomètres vers l'est face aux coups de boutoir de l'armée
loyaliste. Alors que les discussions en vue d'une
solution politique au conflit se multiplient, le régime libyen, cible depuis le
15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile,
s'est dit prêt au dialogue à condition que la rébellion dépose les armes.
Loin du champ de bataille libyen, un autre drame s'est noué mercredi:
environ 150 réfugiés somaliens ou érythréens sont morts ou portés disparus
après le naufrage en Méditerranée de leur embarcation en provenance de Libye,
selon les autorités italiennes.
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Posté par : sofiane
Ecrit par : Joseph KRAUSS De L'afp
Source : www.lequotidien-oran.com