Kofi Annan avait bien du mal à cacher sa peine et dissimuler sa colère, jeudi, devant l'Assemblée générale de l'ONU et, ensuite, devant le Conseil de sécurité. Parce qu'il est rare et même exceptionnel, l'exercice mérite d'être relevé.
Il y a avait effectivement urgence d'informer l'ensemble des membres de l'ONU, avec l'espoir que cette urgence soit considérée comme telle et prise en charge avec le même sens des responsabilités. Encore que là aussi, il faille négocier le moindre détail et arrondir les angles. C'est cela, les relations internationales. Ce qui n'avait pas alors dissuadé Kofi Annan d'accepter une mission délicate et donner son nom à un plan qu'il a fallu négocier, convaincu que le bon sens finirait par l'emporter. Il est tout retourné de ce qu'il a vu, entendu mais aussi subi dans la crise syrienne. Le plan en question, finira-t-il par avouer, n'a jamais été appliqué. C'est pourquoi il estime avoir été floué, sinon que beaucoup de temps a été perdu en cherchant à tout prix une solution négociée, alors que les rapports de l'ONU accablent le régime syrien.
Lui-même dénoncera l'usage d'armes lourdes contre les populations syriennes et aussi de balles perforantes et de drones contre les observateurs de l'ONU, dont la présence avait été préalablement acceptée par les autorités syriennes. Une décision que celles-ci doivent regretter, car tous leurs faits et gestes sont rapportés. Tout est faux dans cette crise, sauf la mort, bien présente celle-là. Combien de Syriens ont-ils déjà perdu la vie durant ces quinze derniers mois ' Et le pire, soutient M. Annan, est à venir. Sous la forme d'une guerre civile, et M. Annan en a vu durant sa longue carrière de fonctionnaire international.
Il a fini par en connaître tous les éléments qui y mènent, c'est pourquoi, il ne craint pas de se montrer alarmiste, parce que, dira-t-il en fin de compte, le désastre ne sera par circonscrit aux limites territoriales de la Syrie. Tout le monde sera perdant, le peuple syrien en premier lieu, mais aussi ceux qui craignent ou refusent la remise en cause du statu quo actuel ou avancent toutes sortes de raisons jusqu'aux plus complexes et aux plus invraisemblables.
A ceux-là, Kofi Annan déclarera qu'il ne faut pas se voiler la face, faire dans la demi-mesure et entretenir de faux espoirs car, assénera-t-il, «la Syrie n'est pas la Libye, elle n'implosera pas, elle explosera au-delà de ses frontières». Une bien terrible conclusion susceptible de bouleverser l'ordre international. Difficile, dans ces conditions, d'envisager l'avenir autrement que dans sa forme la plus sombre, à moins, a alors averti M. Annan, d'une réponse unifiée de la communauté internationale pour faire appliquer le plan Annan avec plus de vigueur, sinon envisager un «plan B» qui n'a pas été explicité. Mais il ne devrait pas être différent du premier ; l'option d'une intervention internationale semble déjà exclue en raison d'oppositions franchement exprimées ou de réserves qui vont dans le même sens.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com