Oran - Patrimoine perdu, volé ou confisqué

La Villa Mauresque de Mers-el-Kébir : Une Perle Disparue


Située à l’entrée du village de Mers-el-Kébir, sur la gauche à l’angle de la rue du Sud, la Villa Mauresque était une demeure d’exception qui a marqué l’histoire locale. Connue sous plusieurs appellations – Villa Kouba, Villa Mauresque, Villa Giraud ou encore Villa Jorro – cette bâtisse a traversé les époques et les cultures avant de disparaître au profit de l’urbanisation moderne.

Une Origine Ottomane
L’édifice fut construit sous la domination ottomane, entre 1792 et 1830, période où Mers-el-Kébir et Oran étaient sous l’autorité des beys après le départ des Espagnols. Selon la tradition locale, la villa aurait été érigée par le bey d’Oran pour son fils, ce qui lui valut le nom de Villa Kouba, probablement dérivé de « Goubba », un terme arabe signifiant « mausolée » ou « dôme ». Cette appellation pourrait suggérer une architecture ornée d’un dôme ou une intention commémorative, bien que cela reste sujet à interprétation.

Un Style Mauresque Distinctif
Le nom de Villa Mauresque lui fut attribué en raison de son architecture d’inspiration orientale, typique de l’influence ottomane dans la région. Les façades, probablement agrémentées de motifs géométriques, d’arcades délicates et de stucs finement ouvragés, reflétaient l’esthétique arabo-andalouse qui caractérisait certaines résidences prestigieuses de l’époque. À l’intérieur, on peut imaginer des cours ombragées, des fontaines murmurantes et des plafonds décorés, offrant un contraste saisissant avec le paysage maritime de Mers-el-Kébir.

Une Succession de Propriétaires
Au début du XXe siècle, la villa devint la propriété – peut-être secondaire – d’Hippolyte Giraud, un banquier influent qui occupa par la suite le poste de maire d’Oran. Sous son ownership, elle fut rebaptisée Villa Giraud, témoignant de son statut social et de son empreinte dans la ville. Après Giraud, la demeure passa entre les mains de la famille espagnole Jorro, d’où son dernier nom, Villa Jorro. Cette famille, vraisemblablement issue de la communauté ibérique installée dans la région depuis l’époque coloniale, l’occupa jusqu’à peu avant la Seconde Guerre mondiale, période à laquelle elle aurait été vendue.

Une Fin dans l’Oubli
Malgré sa richesse architecturale et son histoire mouvementée, la Villa Mauresque fut rasée au début des années 1960 pour laisser place à un petit immeuble, reflet de l’urbanisation galopante qui transforma Mers-el-Kébir après l’indépendance de l’Algérie. Cette démolition marqua la fin d’un patrimoine unique, effacé au profit d’un modernisme pragmatique.

Un Témoignage du Passé
La Villa Mauresque, avec ses multiples noms et propriétaires, incarne les strates historiques de Mers-el-Kébir : une fondation ottomane, une influence orientale, et une occupation coloniale européenne. Bien que disparue, elle reste dans la mémoire collective comme un symbole de l’élégance passée d’une région façonnée par la rencontre des cultures. Aujourd’hui, l’emplacement qu’elle occupait ne laisse plus trace de sa splendeur, mais son histoire continue d’évoquer une époque révolue.

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